Le gendarme britannique de l’énergie Ofgem enquête sur Drax et son argument selon lequel le bois utilisé pour générer de l’électricité dans ses centrales est renouvelable. « Ofgem a récemment informé Drax qu’il allait commencer un audit pour vérifier la question de la certification d’origine renouvelable » du bois utilisé dans les centrales de l’entreprise, indique un porte-parole de Drax dans un communiqué reçu par l’AFP.
Il tempère toutefois la portée de cette enquête en assurant que c’est un « audit normal dans le cadre du programme de renouvelables » de l’Ofgem, qui demande aux énergéticiens de fournir des certificats d’origine au régulateur pour montrer que le bois utilisé est renouvelable. Le Financial Times écrit mercredi que l’Ofgem a commandé une enquête à l’énergéticien britannique pour évaluer son obéissance aux règles sur l’origine renouvelable de l’électricité qu’il produit, « après de plus en plus de doutes sur le bois brûlé pour générer de l’électricité », notamment dans la foulée d’un documentaire de la BBC mettant en question l’origine renouvelable de bois importé du Canada.
Selon le quotidien financier britannique, l’Ofgem a commandé une enquête indépendante au cabinet de conseil américain Black and Veatch (B&V). De son côté, un porte-parole de l’Ofgem a dit à l’AFP que le gendarme de l’énergie « prend le respect du programme » de renouvelables « extrêmement au sérieux ». « Quand nous identifions ou suspectons que des exigences ne sont pas respectées, nous pouvons décider d’aller plus loin dans nos investigations », a-t-il ajouté. « Nous entreprenons régulièrement des audits additionnels sur le respect par Drax du régime d’obligation pour les énergies renouvelables » dans sa production électrique à base de biomasse, « par l’intermédiaire d’un auditeur indépendant. C’est une couche de protection supplémentaire », a expliqué le porte-parole de l’Ofgem.
La biomasse reste très contestée
Le FT relève pour sa part que Will Gardiner, directeur général de Drax, siégeait jusqu’au mois dernier au conseil d’administration du programme « Sustainable Biomass Program » qui fournit des certificats d’origine renouvelable. La biomasse, à savoir du bois brûlé dans une centrale pour générer de l’électricité, est très contestée par nombre d’ONG écologistes, mais les défenseurs de cette énergie estiment qu’elle est neutre en carbone car le CO2 émis par le bois lorsqu’il brûle est, selon eux, compensé par celui absorbé par les arbres utilisés lorsqu’ils poussaient.
L’association écologiste Biofulwatch a par ailleurs organisé une manifestation, mercredi à Londres, pour dénoncer la technologie de capture et stockage du CO2 provenant de la combustion du bois utilisé dans la génération électrique. Cette technologie « n’est pas attestée », mais constitue aussi « une distraction dangereuse de la tache urgente de réduire les émissions de CO2 en mettant fin à la combustion de bois par Drax », explique Biofuelwatch dans un tract distribué lors de cette manifestation.
Abi Perrin, biologiste participant à cette manifestation, estime que « Drax se donne l’image d’une entreprise d’énergies renouvelables (…) mais ce n’est pas le cas, en fait leurs activités exacerbent les dégâts ». Pendant ce temps, à la Bourse de Londres, l’action de Drax gagnait 2,45% à 634,40 pence, vers 15H00 GMT, alors que le groupe a annoncé mercredi un programme de rachat d’actions pour 150 millions de livres.
Drax précise que les « pressions inflationnistes, principalement dans le transport, l’eau et l’électricité, ont contribué à augmenter les coûts de production des copeaux de bois pour biomasse », ce qui devrait augmenter les coûts de production globaux du groupe sur l’année. Enfin, dans un communiqué sur sa performance au premier trimestre, l’énergéticien annonce la fermeture de ses deux unités de génération électrique fonctionnant à partir de charbon, qui ont commencé à être démantelées à partir du mois d’avril.