Le monde se trouve sur une trajectoire de réchauffement climatique située entre 2,3°C et 2,5°C à l’horizon 2100, même si les engagements climatiques nationaux sont pleinement respectés. C’est ce qu’indique le dernier rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), publié à la veille de la 30e Conférence des Parties (COP30) à Belem, au Brésil. Ces chiffres dépassent nettement les objectifs fixés par l’accord de Paris, qui vise à contenir la hausse des températures mondiales en dessous de 2°C, et si possible à 1,5°C.
Le rapport s’appuie sur les contributions actualisées des pays signataires, incluant les plans de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES) pour 2035, que les États devaient soumettre avant la conférence. À ce jour, moins d’un tiers des pays ont rempli cette obligation. L’ONU précise que, sans ces engagements renforcés, la trajectoire atteindrait 2,8°C, contre 3,1°C dans les précédentes estimations. Cette légère amélioration résulte en partie de modifications méthodologiques et de l’inclusion de politiques désormais considérées comme incertaines, notamment celles des États-Unis.
Un écart croissant entre ambition et action
Le rapport du PNUE signale une augmentation globale des émissions de GES de 2,3% en 2024, principalement attribuée à la croissance de la consommation d’énergies fossiles. L’Inde, la Chine, la Russie et l’Indonésie figurent parmi les plus forts contributeurs à cette hausse. À l’inverse, les émissions de l’Union européenne ont poursuivi leur diminution, tandis que celles des États-Unis ont enregistré une légère hausse de 0,1%, marquant un arrêt de la tendance baissière observée les années précédentes.
Les engagements politiques pris dans le cadre des négociations climatiques n’ont, selon les auteurs du rapport, « à peine fait bouger le curseur ». Les réductions promises restent bien en deçà des -60% nécessaires d’ici à 2035 pour aligner les trajectoires sur l’objectif de 1,5°C. En l’absence de plans supplémentaires, les mesures actuelles ne permettraient qu’une baisse estimée à -10% des émissions par rapport aux niveaux de 2019.
Scénario de dépassement et incertitudes technologiques
Face à l’écart persistant avec les objectifs, l’Organisation des Nations unies évoque désormais la possibilité d’un « dépassement temporaire et minimal » de la limite de 1,5°C. Ce scénario reposerait sur une réduction rapide des émissions ainsi que sur une capacité industrielle à extraire du dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère, notamment via des forêts ou des technologies de captage encore peu développées.
Les responsables du PNUE soulignent que cette hypothèse reste conditionnée à des investissements considérables et une stabilité politique mondiale permettant de mettre en œuvre les mesures requises dans un délai restreint. Les conséquences potentielles de chaque dixième de degré supplémentaire restent quant à elles largement documentées par la communauté scientifique.