L’expansion du secteur solaire en Europe connaît une inflexion inédite avec une baisse anticipée des nouvelles capacités installées en 2025. Selon les dernières données industrielles, la puissance additionnelle devrait atteindre 64,2 gigawatts cette année, soit une diminution de 1,4 % par rapport aux 65,1 gigawatts enregistrés l’an passé. Ce ralentissement intervient après une décennie de croissance ininterrompue sur le marché européen du solaire.
Subventions réduites et réorientations budgétaires
La contraction du marché s’explique principalement par la réduction des aides publiques accordées aux installations solaires résidentielles. Plusieurs gouvernements ont recentré leurs priorités, mobilisant davantage de ressources pour la défense ou le soutien à l’industrie locale. Ce contexte a entraîné une limitation des financements destinés aux ménages souhaitant équiper leurs toits de panneaux solaires, ce segment ne représentant plus que 15 % des nouvelles capacités installées, contre 30 % en moyenne sur la période 2020-2023.
L’Allemagne et la France ont récemment diminué les tarifs d’achat garantis (feed-in tariffs) pour l’électricité produite par les installations solaires domestiques, tandis que les Pays-Bas ont choisi de restreindre les dispositifs d’incitation pour les ménages réinjectant leur surplus sur le réseau. Cette évolution impacte directement le rythme de déploiement, alors que la filière avait connu une accélération notable en 2023, avec une hausse de 51 % des capacités.
Objectifs européens et nouveaux défis pour la filière
En juin, l’énergie solaire a assuré 22 % de la production totale d’électricité dans l’Union européenne, se hissant pour la première fois au rang de première source d’alimentation mensuelle sur le continent. Cependant, à ce rythme, l’Union européenne risque de ne pas atteindre l’objectif de 750 gigawatts fixés à l’horizon 2030, avec un déficit estimé à 27 gigawatts d’ici la fin de la décennie.
Le secteur, confronté à ces ajustements politiques et économiques, doit adapter sa stratégie pour maintenir son dynamisme. Cette situation met en lumière les arbitrages budgétaires en cours et la nécessité, pour les acteurs du marché, de repenser leur modèle dans un environnement moins subventionné. L’évolution des politiques publiques et la volatilité des incitations financières détermineront la capacité de l’Europe à poursuivre sa trajectoire vers une production énergétique moins dépendante des énergies fossiles.