Le Qatar menace de suspendre ses exportations de GNL vers l’Europe face à la directive CSDDD

Le Qatar avertit qu’il pourrait cesser ses livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) à l’Union européenne si la directive CSDDD n’est pas assouplie, un signal qui ravive les tensions autour des nouvelles règles de durabilité imposées par Bruxelles.

Partager:

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25$/mois*

*facturé annuellement à 99 $ la première année, puis 149$/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

AUTRES ACCES

Abonnement mensuel

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2$/mois*
puis 14.90$ les mois suivant

COMPTE GRATUIT​

3 articles offerts par mois

GRATUIT

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 35 000 articles • +150 analyses/sem.

Le ministre de l’Énergie du Qatar, Saad bin Sherida Al-Kaabi, a déclaré lors de la conférence ADIPEC qu’il « ne serait plus possible » pour son pays de poursuivre ses activités commerciales avec l’Union européenne si la directive européenne sur la diligence raisonnable en matière de durabilité des entreprises (Corporate Sustainability Due Diligence Directive – CSDDD) restait en l’état. Ce texte, adopté en 2024, oblige les sociétés opérant sur le marché européen à identifier et prévenir les impacts négatifs de leurs chaînes d’approvisionnement, sous peine d’amendes pouvant atteindre 5 % de leur chiffre d’affaires mondial.

Le Qatar, troisième exportateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL) derrière les États-Unis et l’Australie, a fourni environ 16 millions de tonnes de GNL à l’Union européenne en 2024, soit près de 14 % de ses importations totales de gaz liquéfié. Ces flux sont vitaux pour plusieurs États membres comme l’Italie, la Belgique et la France, où les terminaux de Zeebrugge et Montoir-de-Bretagne traitent une partie significative des cargaisons qataries.

Un bras de fer réglementaire à portée géopolitique

Au cœur du différend, Doha estime que la CSDDD et le règlement européen sur le méthane imposent une responsabilité juridique extraterritoriale aux producteurs, rendant les échanges contractuels risqués. Le règlement méthane (Methane Emissions Reduction Regulation – MER), qui entrera progressivement en vigueur à partir de 2027, impose aux importateurs de prouver la fiabilité de leurs systèmes de surveillance, déclaration et vérification (Monitoring-Reporting-Verification – MRV). Dès 2030, les cargaisons dépassant un seuil d’intensité méthane défini par la Commission européenne pourront être interdites d’accès au marché.

Le Qatar juge ces obligations incompatibles avec ses pratiques industrielles et commerciales. Doha souligne que ses clients européens — notamment Shell, TotalEnergies et Eni — se retrouveraient exposés à un double risque : juridique, du fait des sanctions, et économique, par la possible perte de volumes dans leurs contrats à long terme. Ces contrats, d’une durée moyenne de 27 ans, garantissent pourtant une stabilité d’approvisionnement estimée à plus de 10 millions de tonnes par an à partir de 2026, avec un prix indexé sur le pétrole brut.

Des marchés sous tension face à une dépendance accrue

Une rupture des livraisons qataries provoquerait un déséquilibre immédiat sur le marché européen. L’Europe importe aujourd’hui près de 40 % de son gaz sous forme de GNL, principalement des États-Unis, du Qatar et du Nigeria. La perte du Qatar forcerait les acheteurs à se tourner davantage vers les fournisseurs américains, dont le gaz est 15 à 20 % plus cher en raison des coûts de liquéfaction et du transport. Le prix de référence du gaz sur le Title Transfer Facility (TTF) néerlandais a déjà réagi à la déclaration du ministre qatari, avec une hausse de 3,8 % dans les échanges du jour suivant.

Les opérateurs de marché redoutent une augmentation de la volatilité hivernale, en particulier sur les contrats à livraison de mars à juin 2026, période critique pour le remplissage des stocks européens. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime qu’un retrait qatari pourrait entraîner une hausse temporaire de 10 % des prix moyens du gaz sur le continent, selon les scénarios de réallocation de cargaisons.

Des implications contractuelles et financières majeures

Les acheteurs européens doivent désormais réévaluer leurs clauses de conformité et leurs plans de couverture. Plusieurs sociétés ont entamé des discussions pour inclure des clauses de répartition des risques en cas d’évolution réglementaire (« change-in-law ») et des audits environnementaux indépendants sur les terminaux de liquéfaction qataris. Ces ajustements sont susceptibles d’augmenter le coût moyen des cargaisons de 0,5 à 1 dollar par million de BTU.

Sur le plan financier, les établissements de crédit révisent les conditions de financement des projets liés au GNL qatari, notamment les extensions du North Field East et du North Field South, évaluées respectivement à 28 et 24 milliards de dollars. Les investisseurs redoutent un durcissement des conditions de conformité imposées aux opérateurs tiers, ce qui pourrait ralentir le calendrier d’expansion prévu entre 2026 et 2027.

Un signal pour la politique énergétique européenne

Le différend met en évidence la fragilité de la stratégie gazière européenne post-crise ukrainienne. L’Union européenne a réduit ses importations russes de plus de 70 % depuis 2021 et compte sur le GNL pour compenser ses besoins de 350 milliards de mètres cubes annuels. L’hypothèse d’une reconfiguration du marché, avec un recentrage qatari vers l’Asie, renforcerait la concurrence pour les cargaisons disponibles, notamment en Chine, en Corée du Sud et en Inde.

Pour le Qatar, le message vise autant Bruxelles que les investisseurs internationaux : sans cadre réglementaire stable, les flux énergétiques vers l’Europe seront redirigés vers des marchés jugés plus prévisibles. Cette déclaration confirme la montée en puissance d’une diplomatie énergétique de confrontation, où la conformité devient un instrument de négociation autant qu’une contrainte légale.

Le Brésil réforme le marché du GPL et relance la bataille entre Petrobras et les Big 4

Brasilia prépare une refonte réglementaire du GPL visant à casser les barrières d'entrée, dans un secteur dominé par Petrobras et quatre grands distributeurs, alors que le programme social Gás do Povo alimente une forte pression sur les prix.

ExxonMobil relance Rovuma LNG au Mozambique en visant une décision d’investissement en 2026

La levée de la force majeure sur le projet Rovuma LNG remet le Mozambique au centre de la carte mondiale du gaz naturel liquéfié, avec une capacité ciblée de 18 Mt/an et une fenêtre stratégique resserrée pour sécuriser les financements.

BW Energy découvre des hydrocarbures liquides sur Kudu et revoit son plan de développement

BW Energy a identifié des hydrocarbures liquides sur le champ gazier de Kudu en Namibie, changeant la nature du projet initialement conçu pour la production électrique à partir de gaz sec.
en_1140241126540

La production de gaz associé aux États-Unis progresse de 6% grâce au bassin permien

La hausse de la production de pétrole en 2024 a fait bondir le gaz naturel associé à 18,5 milliards de pieds cubes par jour, tirée par l’activité accrue dans la région du Permien.

McDermott prolonge son contrat pour les trains 2 et 3 du projet Golden Pass LNG

McDermott a conclu un avenant contractuel avec Golden Pass LNG Terminal pour finaliser les trains 2 et 3 du terminal d’exportation de gaz naturel liquéfié au Texas, poursuivant son rôle de partenaire principal du projet.

Exxon Mobil entre au capital du pipeline Bahia avec une part de 40 %

Exxon Mobil va acquérir une participation de 40 % dans l’oléoduc Bahia et cofinancer son extension afin d’acheminer jusqu’à 1 million de barils par jour de liquides de gaz naturel depuis le bassin permien.
en_11402020201137540

L’Allemagne renforce ses investissements publics dans cinq terminaux GNL d’ici 2026

L’État allemand multiplie les projets d’infrastructures GNL en mer du Nord et en mer Baltique pour sécuriser ses approvisionnements, avec cinq terminaux flottants en cours de développement sous supervision publique.

Aramco engage plus de $30 milliards dans de nouveaux accords stratégiques aux États-Unis

Aramco a signé 17 nouveaux protocoles d’accord avec des entreprises américaines, couvrant le GNL, les matériaux avancés et les services financiers, pour un montant potentiel dépassant $30 milliards.

Bratislava envisage de poursuivre l’Union européenne pour l’arrêt du gaz russe

Le gouvernement slovaque examine la possibilité d’une action en justice contre la Commission européenne après la décision de mettre fin aux livraisons de gaz russe d’ici 2028, invoquant des dommages économiques graves pour le pays.
en_114019181143540

L’UE assouplit les règles de stockage gazier pour 2025-2027, plus souples

L’Union européenne prolonge son régime de stockage gazier, maintient un objectif légal de 90 %, mais élargit les marges nationales sur le calendrier et le volume de remplissage pour réduire la pression des obligations sur les prix.

Le Mozambique lance un audit sur le surcoût de 4,5 milliards $ du projet TotalEnergies

Le gouvernement mozambicain engage une vérification des dépenses engagées pendant les cinq années de suspension du projet gazier de TotalEnergies, interrompu en raison d'une insurrection armée dans le nord du pays.

Le nombre de forages chute aux États-Unis malgré une production record

Le nombre d'appareils de forage en activité dans les États-Unis continentaux poursuit sa baisse tandis que la production de pétrole et de gaz naturel atteint des niveaux historiques, portée par des gains d'efficacité opérationnelle.
en_114019191131540

Shell cède 50 % de Tobermory à Ithaca pour mutualiser le risque fiscal au Royaume-Uni

Shell vend à Ithaca Energy 50 % des licences Tobermory West of Shetland tout en restant opérateur, consolidant une coopération déjà testée sur Tornado, dans un contexte de forte pression fiscale et d’incertitudes réglementaires en mer du Nord.

Novatek vend du gaz liquéfié avec 40 % de rabais à la Chine malgré les sanctions

La société russe Novatek a appliqué d’importantes réductions sur ses cargaisons de gaz naturel liquéfié afin d’attirer des acheteurs chinois, relançant les ventes du projet Arctic LNG 2 frappé par les sanctions occidentales.

L’Ukraine réceptionne 100 mn m³ de gaz américain via la Lituanie

Un premier navire affrété par un acteur ukrainien a livré du gaz liquéfié américain en Lituanie, marquant l’ouverture d’une nouvelle voie maritime d’approvisionnement en amont de la saison hivernale.
en_114018181134540

Mozambique LNG, plainte pénale et reprise économique sous pression judiciaire

Une ONG allemande a déposé en France une plainte visant TotalEnergies pour complicité de crimes de guerre autour du projet Mozambique LNG, au moment où le pays espère relancer ce chantier clé pour ses recettes gazières sans disposer encore de décision judiciaire sur le fond.

Hut 8 cède un portefeuille gazier de 310 MW à TransAlta au terme d’une stratégie de valorisation

Le groupe Hut 8 vend quatre centrales au gaz naturel à TransAlta après avoir sécurisé des contrats de capacité sur cinq ans et restructuré ces actifs acquis en sortie de faillite.

Tokyo Gas vend TVL LLC à Grayrock Energy pour 255 M$ et réalloue son capital aux États-Unis

Tokyo Gas se désengage d’une partie de ses actifs gaziers en Louisiane en cédant TVL LLC à Grayrock Energy, dans une opération évaluée à 255 millions de dollars, s'inscrivant dans sa stratégie d'optimisation de portefeuille centrée sur le gaz naturel liquéfié.
en_11401771130540

TotalEnergies conclut un accord de 5,1 milliards € avec EPH pour 14 GW de capacités flexibles

TotalEnergies acquiert 50 % d’un portefeuille de production électrique flexible auprès du groupe EPH, renforçant sa stratégie gaz-électricité en Europe via une coentreprise valorisée à 10,6 milliards €.

ConocoPhillips révèle une nouvelle découverte gazière majeure au large de l’Australie

Le puits Essington-1 a identifié des colonnes d’hydrocarbures significatives dans le bassin d’Otway, renforçant les perspectives d’investissement pour les partenaires du programme de forage.

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25$/mois*

*facturé annuellement à 99 $ la première année, puis 149$/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

Abonnement mensuel​

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2$/mois*
puis 14.90$ les mois suivant

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 30 000 articles • +150 analyses/sem.