Le protectionnisme vert américain menace les intérêts européens

L'Inflation Reduction ACT (IRA) a fait réagir en Europe, il ne s'agit que d'une continuité des politiques protectionnistes américaines.

Partager:

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25€/mois*

*facturé annuellement à 99 € la première année, puis 149€/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

AUTRES ACCES

Abonnement mensuel

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2€/mois*
puis 14.90€ les mois suivant

COMPTE GRATUIT​

3 articles offerts par mois

GRATUIT

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 35 000 articles • +150 analyses/sem.

L’Inflation Reduction ACT (IRA) a fait réagir en Europe, il ne s’agit que d’une continuité des politiques protectionnistes américaines. L’Europe, dont les intérêts sont gravement menacés par cette loi, se doit de répondre. Le désengagement américain pourrait également impacter sa stratégie vis-à-vis de Pékin.

L’IRA : un prolongement de la politique protectionniste américaine

Une distorsion de concurrence

L’inflation Reduction Act, est une loi américaine visant à juguler l’inflation, est présentée comme une loi sur le climat. Cependant, d’après Roman Kramarchuk, analyste chez S&P Global Commodity Insight, c’est en réalité une loi sur la politique industrielle. En outre, malgré le nom de cette loi, un rapport de Moodsy Analytics montre qu’elle n’aura qu’un effet modeste sur l’inflation. Au 4ème trimestre 2031, l’indice des prix à la consommation ne serait que 0,33% plus faible grâce à cette législation.

Le premier désaccord autour de l’IRA porte sur la production de véhicules électriques. Les dirigeants européens accusent les Américains de se livrer à un protectionnisme nuisant gravement aux intérêts du vieux continent. L’IRA prévoit un crédit d’impôt pouvant atteindre $7500 pour l’achat d’un véhicule électrique nord-américain, avec une batterie de la même provenance. Les véhicules produits en Europe seraient donc exclus du champ d’application de cette subvention. Les gouvernements européens affirment que ces subventions sont contraires aux règles du commerce international.

D’autre part, l’IRA contient également un volet de mesure sur l’hydrogène renouvelable qui doit inquiéter l’Europe. En effet, les subventions à la production d’hydrogène vert pourraient entraîner une fuite des investissements de l’Europe vers les Etats-Unis dans ce secteur. C’est notamment le cas de Plug Power qui portait une attention particulière au marché européen ces dernières années. L’entreprise s’en détourne désormais pour se concentrer sur le marché américain grâce aux réductions de taxes élevées sur l’hydrogène prévues par l’IRA.

Les puissances européennes ont montré de l’hostilité envers ce texte qui porte atteinte à leurs intérêts. Le Commissaire européen en charge du marché intérieur a notamment évoqué un recours auprès de l’OMC pour résoudre ce contentieux qui représente le ton protectionniste adopté par les Américains.

Une poursuite de la politique protectionniste

Joe Biden reste aligné avec l’approche unilatérale de Trump. Il ne reprendra pas les négociations d’accords bilatéraux tels que le TTIP avec l’UE. L’administration Biden concentre ses efforts sur le renforcement des capacités nationales de productions, notamment grâce à un investissement public conséquent depuis son arrivée au pouvoir. La principale différence entre les deux présidents est que Joe Biden se livre à ce que James Bacchus, ancien président de l’organe d’appel de l’OMC, appelle un « protectionnisme poli ».

Depuis son élection, le président américain n’a pas poussé le Congrès à réautoriser le Generalized System of Preferences (GSP) qui éliminait des taxes douanières sous certaines conditions aux pays en développement. De plus, le programme CHIPS and Science Act adopté en 2022 exprime également une préférence nationale américaine. Il subventionne notamment largement les producteurs domestiques de microprocesseurs. L’IRA ne constitue donc pas une mesure protectionniste isolée.

Une différence d’approche européenne

Alors que l’IRA exclut largement les producteurs européens du marché nord-américain, le commissaire européen au commerce, Valdis Dombrovskis, a rappelé que la Tesla Model Y était le modèle le plus vendu en Allemagne en septembre 2022. Cette performance n’a été possible que grâce aux subventions européennes dont bénéficient les producteurs étrangers. La réciprocité n’est pas de mise avec l’IRA. Ce cas est une illustration du décalage entre les deux entités dans l’approche du commerce international.

A cet égard, le discours de Christine Lagarde au cours des rencontres annuelles du FMI le 21 octobre 2021 est éclairant. La présidente de la BCE rappelle que la part du commerce international a cru beaucoup plus en Europe qu’aux Etats-Unis ces dernières années. Entre 1999 et 2019, il est passé de 31 à 54% dans la zone Euro. Dans le même temps, il n’a crû que de 23% à 26% aux Etats-Unis.

La forte intégration européenne la rend vulnérable aux mesures protectionnistes qu’entreprennent la Chine et les Etats-Unis. Derrière certaines mesures protectionnistes de ces deux pays se cache un changement de politique industrielle vers plus de sécurité au détriment de l’efficience des supply chains mondiales.

Ainsi, deux projets importants pourraient ne pas voir le jour sur le sol de l’Union Européenne. Il s’agit d’une part de l’usine géante de batteries de Northvolt en Allemagne. Son président a indiqué que la priorité du groupe était désormais l’expansion en Amérique du Nord. Tesla a évoqué des doutes similaires concernant également un projet d’usine de batteries en Allemagne.

En outre, l’UE et les Etats-Unis suivent des approches différentes en matière de lutte contre le changement climatique. L’Union Européenne adopte une approche largement fondée sur la réglementation, tandis que les Etats-Unis s’appuient sur les incitations. Une autre différence d’approche s’est fait ressentir durant la COP27. L’Europe a promis un soutien financier aux pays africains, alors que les Etats-Unis y semblaient réfractaires.

Une erreur stratégique américaine ?

Les réponses européennes

La réponse des Européens est pour le moment timide, se refusant à évoquer directement des mesures de rétorsion protectionnistes. Ils ne resteront pas pour autant impassibles. Les Etats-Unis et l’UE ont mis en place un groupe de travail pour tenter de trouver des compromis. Cependant, l’IRA est entré en vigueur en août 2022, et il ne semble pas y avoir eu d’avancées depuis. L’appel à un « réveil européen » d’Emmanuel Macron le 8 novembre s’inscrit dans l’envie de fermeté affichée par l’Union Européenne.

Le conseil de l’UE est parvenu à un accord sur le CBAM (Carbon Border Adjustment Mechanism) en mars 2022 pour répondre aux objectifs de « Fit for 55 ». Ce mécanisme d’ajustement carbone aux frontières voulu par l’UE a inquiété les politiques et les entreprises américaines. Les industriels craignaient que l’application de ce mécanisme impacte négativement le commerce et la production américaine. Ce mécanisme peut également être vu comme un outil protectionniste. D’autres mesures pourraient suivre si les Américains ne font pas de concessions concernant l’IRA.

Le protectionnisme pourrait compromettre la stratégie vis-à-vis de la Chine

Le désengagement américain du multilatéralisme laisse la voie libre à la Chine pour promouvoir sa propre vision de la mondialisation économique, sans référence à la démocratie ou aux droits civiques. Pékin gagne déjà du terrain auprès des pays émergents. Le protectionnisme des Etats-Unis pourrait contribuer à renforcer cette dynamique.

Pour conserver leur leadership technologique, les Etats-Unis limitent l’accès à leurs technologies aux entreprises chinoises. Cependant pour que cette stratégie soit efficace, il faut que ses alliés s’alignent sur cette politique. Sans la perspective d’un accès privilégié au marché américain, les Européens sont moins incités à suivre les choix politiques américains.

Le groupe de député Renew Europe a envoyé un communiqué pour fustiger l’IRA. Le groupe estime que cette loi va affaiblir l’Europe vis-à-vis de la Chine. L’adoption de l’IRA serait donc contreproductive selon eux, y compris pour les Etats-Unis.

Erdogan propose un cessez-le-feu ciblé sur les ports et infrastructures énergétiques ukrainiens

Le président turc a suggéré à Vladimir Poutine un cessez-le-feu limité visant les sites portuaires et énergétiques en Ukraine, afin de réduire les risques pour les installations stratégiques et d’ouvrir la voie à des négociations.

Inde et Russie scellent un axe pétrolier pour contourner les sanctions occidentales

New Delhi et Moscou renforcent leur corridor énergétique malgré les pressions tarifaires et réglementaires américaines, maintenant des flux pétroliers soutenus par des mécanismes logistiques et financiers alternatifs.

Washington verrouille la Grèce comme pivot gazier euro-atlantique face à Moscou et Pékin

Les États-Unis ancrent leur présence énergétique en Méditerranée orientale, en consolidant un corridor gazier via la Grèce vers l’Europe centrale, au détriment des flux russes et de l’influence logistique chinoise sur le port du Pirée.
en_11407771234540

France et Chine préparent un groupe climat pour sécuriser nucléaire et cleantech

Paris et Pékin s’accordent sur la création d’un groupe de travail bilatéral climat, centré sur les technologies nucléaires, les énergies renouvelables et le maritime, dans un contexte de tensions commerciales croissantes entre la Chine et l’Union européenne.

La Turquie vise des parts dans le gaz américain pour renforcer ses exportations vers l’Europe

Ankara prévoit d’investir dans la production de gaz aux États-Unis afin de sécuriser son approvisionnement en GNL et de devenir un fournisseur clé pour le sud de l’Europe, selon le ministre turc de l’Énergie.

Ankara alerte sur la sécurité énergétique après des attaques contre des tankers russes

Trois navires russes visés au large de la Turquie ravivent les inquiétudes d’Ankara quant à la sécurité de l’approvisionnement gazier et pétrolier en mer Noire, ainsi que la vulnérabilité de ses infrastructures sous-marines.
en_11404441227540

La Roumanie place Lukoil sous contrôle temporaire pour éviter une crise énergétique

Bucarest autorise une prise en main exceptionnelle des actifs locaux de Lukoil, afin d’éviter un choc d’approvisionnement tout en respectant les sanctions internationales visant le groupe russe. Trois repreneurs sont déjà en discussions avancées.

L’Union européenne réclame des garde-fous dans l’accord douanier avec les États-Unis

Les gouvernements européens souhaitent intégrer des clauses de sauvegarde et un mécanisme de révision dans l'accord commercial conclu avec Washington afin de limiter les risques d’un afflux de produits américains sur leur marché.

Une frappe de drone neutralise Khor Mor et provoque un effondrement électrique au Kurdistan

Le champ gazier de Khor Mor, opéré par Pearl Petroleum, a été frappé par un drone armé, interrompant la production et provoquant des coupures d’électricité touchant 80 % de la capacité énergétique du Kurdistan irakien.
en_114027271132540

Les Émirats arabes unis lancent un plan énergétique de 1 milliard $ au Yémen

Global South Utilities investit 1 milliard $ dans de nouveaux projets solaires, éoliens et de stockage pour renforcer les capacités énergétiques du Yémen et étendre son influence dans la région.

Le Royaume-Uni et FirstRand mobilisent $150mn pour accélérer la transition énergétique africaine

British International Investment et FirstRand s’allient pour financer la décarbonation des entreprises africaines, à travers une facilité ciblée sur le soutien aux secteurs les plus émetteurs de carbone.

La Hongrie s’engage à soutenir la Serbie après l’arrêt des livraisons de pétrole

Budapest se mobilise pour assurer l’approvisionnement pétrolier serbe, menacé par la suspension des flux via la Croatie après les sanctions américaines contre la raffinerie NIS, détenue majoritairement par la Russie.
en_114026261130540

La Russie intensifie son rapprochement énergétique avec la Chine malgré les sanctions

Moscou affirme vouloir accroître ses exportations de pétrole et de gaz naturel liquéfié vers Pékin, tout en consolidant la coopération bilatérale dans un contexte de restrictions américaines visant les producteurs russes.

La BEI engage 2 Mds€ pour renforcer l’influence énergétique de l’UE en Afrique

La Banque européenne d’investissement mobilise 2 Mds€ de financements garantis par la Commission européenne pour des projets énergétiques en Afrique, avec un objectif stratégique inscrit dans la diplomatie énergétique de l’Union européenne.

Les recettes pétro-gazières russes chutent de 35 %, lestées par les sanctions

La Russie subit une baisse structurelle de ses revenus énergétiques alors que les sanctions renforcées contre Rosneft et Lukoil fragilisent les flux commerciaux et aggravent le déficit budgétaire fédéral.
en_11402411134540

Les États-Unis frappent la logistique pétrolière iranienne et exposent les acteurs asiatiques

Washington impose de nouvelles sanctions ciblant navires, armateurs et intermédiaires en Asie, rendant plus risqué le commerce de pétrole iranien et redéfinissant le périmètre de conformité maritime dans la région.

Washington autorise les flux vers Paks II et insère des intérêts américains dans le nucléaire hongrois

La licence OFAC sur Paks II permet de contourner les sanctions contre Rosatom en échange d’un ancrage technologique américain, reconfigurant l’équilibre d’intérêts entre Moscou, Budapest et Washington.

Les petits États de l’UE renforcent leur influence énergétique en Afrique via Global Gateway

Finlande, Estonie, Hongrie et Tchéquie multiplient les initiatives bilatérales en Afrique pour capter des projets énergétiques et miniers stratégiques dans le cadre du programme européen Global Gateway.
en_1140221143540

Lula défend une sortie des fossiles sans contrainte face aux tensions à la COP30

Le président brésilien plaide pour une transition énergétique volontaire et sans échéance fixe, tout en évitant d’affronter les intérêts des pays producteurs lors des discussions de la COP30 à Belém.

L’Afrique subsaharienne capte 2,3 % des investissements mondiaux en renouvelable en 2024

La région n’a attiré qu’une faible part des capitaux mondiaux dédiés aux énergies renouvelables en 2024, malgré des besoins élevés et des objectifs de développement importants, selon un rapport publié en novembre.

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25€/mois*

*facturé annuellement à 99 € la première année, puis 149€/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

Abonnement mensuel​

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2€/mois*
puis 14.90€ les mois suivant

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 30 000 articles • +150 analyses/sem.