Le Premier ministre japonais Fumio Kishida a achevé mardi au Qatar une tournée dans le Golfe, qui l’a mené en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, pour renforcer ses importantes relations énergétiques avec ces pays riches en hydrocarbures.
Le Japon renforce ses liens énergétiques avec les pays du Golfe dans un contexte de rivalité avec la Chine.
La visite de Fumio Kishida intervient dans un contexte de rapprochement entre les pays du Golfe et la Chine, rivale du Japon, notamment dans les secteurs du gaz et du pétrole. Tokyo dépend presque entièrement de ces pays pour ses importations d’énergie.
Durant sa tournée, le chef du gouvernement japonais a discuté avec les dirigeants du Golfe de « la manière d’affronter les défis énergétiques » face à l’instabilité du marché liée à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Doha.
Le Japon espère aussi offrir son savoir-faire en énergie verte pour contribuer aux efforts de décarbonisation promue par les pays du Golfe, la prochaine conférence de l’ONU sur le climat, la COP28, devant se tenir fin novembre aux Émirats arabes unis.
Alors que ces pays investissent de plus en plus dans les énergies vertes, « la coopération sera renforcée en ce qui concerne la production d’hydrogène, d’ammonium » et de technologies de décarbonisation, a assuré Fumio Kishida. L’émir du Qatar Tamim ben Hamad Al-Thani a déclaré sur Twitter avoir discuté avec le Premier ministre japonais des récents « développements liés à la sécurité énergétique et aux approvisionnements ».
Les entreprises japonaises négocient de nouveaux contrats de fourniture de gaz naturel liquéfié (GNL) à long terme avec le Qatar, aucun contrat n’ayant été signé depuis 2014, selon Bloomberg qui évoque une chute de plus de 60% des livraisons l’année dernière. – « Perturbation potentielle » –
Depuis le début en février 2022 de la guerre en Ukraine, le Japon souffre d’une « perturbation potentielle » des approvisionnements en GNL, a déclaré à l’AFP Takafumi Yanagisawa, chercheur au centre de réflexion Institute of Energy Economics, basé à Tokyo. « Le Japon a besoin d’obtenir plus de GNL du Qatar », a-t-il ajouté, affirmant qu’un accord permettrait un « approvisionnement stable et fiable ».
La Chine, le Japon et d’autres pays asiatiques dominent le marché du gaz qatari, attirant l’intérêt croissant de l’Europe pour des contrats à long terme.
Ces derniers mois, la Chine a, quant à elle, signé avec le Qatar deux gros contrats similaires portant sue l’approvisionnement de quatre millions de tonnes par an sur 27 années, l’un avec Sinopec et l’autre avec China National Petroleum Corporation. La Chine, le Japon, la Corée du Sud et d’autres pays asiatiques constituent le principal marché pour le gaz qatari, de plus en plus prisé par les Européens qui freinent toutefois généralement des quatre fers pour signer des contrats de long terme.
Dimanche, Fumio Kishida a rencontré le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, et les deux pays ont signé 26 accords de coopération, notamment dans les domaines de l’énergie et de l’énergie verte, selon les médias officiels saoudiens. Premier exportateur au monde, Ryad est le plus grand pourvoyeur de pétrole au Japon, couvrant 40% de ses besoins, a affirmé le ministre saoudien de l’Énergie, Abdelaziz ben Salmane. Dans le cadre de cette tournée, les six membres du Conseil de coopération du Golfe et le Japon ont par ailleurs annoncé dimanche la reprise des négociations sur un accord de libre-échange, la Chine œuvrant également de son côté sur un projet similaire depuis plusieurs années.