Les prix du pétrole poursuivaient mercredi leur déclin après leur chute de la veille, entraînée par les craintes de récession et d’une baisse de la demande, les deux références mondiales du brut tombant sous les 100 dollars le baril.
Vers 15H00 GMT (17H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en septembre, perdait 3,00% à 99,69 dollars, glissant sous la barre symbolique des 100 dollars le baril pour la première fois depuis avril. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, pour livraison en août, chutait quant à lui de 3,18% à 96,34 dollars, également un plus bas depuis avril.
Mardi, les deux références du brut avaient connu leur plus forte baisse quotidienne depuis mars, lorsque les cours s’étaient envolés avec l’annonce d’un embargo américain sur le pétrole russe, avant de plonger quelques jours plus tard.
“Les prix du Brent ont enregistré la troisième plus forte baisse absolue depuis que le contrat à terme a commencé à être négocié en 1988″, affirment les analystes d’UBS. À la clôture, le Brent dégringole de 9,54% après avoir dévissé de près de 11%.
Crainte d’une récession
“Les craintes de récession ont probablement poussé certains investisseurs à se retirer du marché du pétrole”. Jusqu’à présent, les investisseurs profitaient de l’inflation. “Outre le pessimisme croissant concernant l’avenir de l’économie, les prix du pétrole ont également été affectés par la résurgence du dollar”, affirme Stephen Brennock, de PVM Energy.
Le Dollar index, qui compare la devise américaine à d’autres grandes monnaies, a atteint mercredi 107,26 points, un plus haut depuis deux décennies. Or, une appréciation marquée du billet vert pèse sur l’or noir, puisqu’il affaiblit le pouvoir d’achat des investisseurs utilisant d’autres devises.
Pour Fawad Razaqzada, analyste chez City Index interrogé par l’AFP, les prix du brut ont désormais franchi un niveau psychologique important. Dans un scénario de récession, les analystes de Citi évoquaient même des prix du pétrole qui tomberaient à 65 dollars le baril d’ici à la fin de l’année, puis à 45 dollars en l’absence d’intervention de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés (Opep+).
Pas de changement fondamental
Les analystes insistent cependant sur le fait qu’aucun changement fondamental n’a bouleversé le marché du pétrole depuis mardi. L’approvisionnement en or noir reste scruté, des perturbations de la production ayant lieu dans certains pays producteurs. Pour Stephen Brennock, après le “bain de sang” de la veille, les prix du pétrole devraient même rebondir, les fondamentaux du marché n’ayant pas changé.
“D’une part, une récession pourrait facilement réduire la demande de pétrole. D’autre part, l’offre reste serrée”, résume Russ Mould, analyste chez AJ Bell.
Le géant norvégien Equinor a cependant annoncé mercredi la reprise de la production dans trois gisements de pétrole et de gaz, après l’intervention d’Oslo pour mettre fin à une grève qui menaçait les exportations de la Norvège. Mardi, le patronat du secteur pétrolier avait prévenu que l’extension d’une grève pourrait réduire massivement la production, évoquant 56% des exportations de gaz en moins et la perte de 341.000 barils de pétrole par jour.
L’incertitude se cristallise autour de la capacité de l’Opep+ à produire plus de brut. L’alliance a réitéré ses “préoccupations concernant les problèmes de capacité dus à des années de sous-investissement et l’impact des interdictions d’importation de la Russie”, souligne Susannah Streeter de Hargreaves Lansdown. “La capacité de réserve de l’Opep (…) s’est amincie pour atteindre son niveau le plus bas depuis des années”, avance Stephen Brennock.
Le soulagement ne devrait pas non plus venir du côté du pétrole iranien, toujours sous sanctions américaines, de dernières discussions indirectes à Doha entre Iraniens et Américains n’ayant pas donné les résultats escomptés.