Le débat autour du rôle du nucléaire dans la lutte contre le changement climatique a pris un tournant décisif lors de la COP29, actuellement en cours. Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), défend un financement inclusif pour le nucléaire, jugé essentiel dans l’objectif mondial de décarbonation.
Dans un entretien accordé à l’AFP, M. Grossi souligne que l’accélération du développement de cette énergie nécessite des financements provenant des institutions internationales. Il explique que malgré des progrès dans les dialogues avec des acteurs comme la Banque mondiale et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), des résistances politiques et culturelles freinent encore l’intégration du nucléaire dans les plans climatiques.
Un soutien aux pays en développement
Le directeur général de l’AIEA met particulièrement en avant les besoins des pays du Sud. Des nations comme le Ghana, le Kenya ou le Maroc envisagent d’intégrer des petits réacteurs modulaires (SMR), considérés comme une solution adaptée à leurs capacités et à leurs ambitions de décarbonation. En Asie, des pays comme la Malaisie et les Philippines explorent également ces options.
Cependant, développer une infrastructure nucléaire exige un cadre strict de sûreté et de régulation. Selon M. Grossi, l’AIEA joue un rôle essentiel dans l’accompagnement des pays novices en énergie nucléaire, avec des programmes structurés pour garantir des projets responsables et sûrs.
Un exemple inspirant : les Émirats arabes unis
L’AIEA cite les Émirats arabes unis comme exemple de réussite pour les nouveaux accédants au nucléaire. Bien que ce pays ne disposait d’aucune infrastructure nucléaire auparavant, il a pu, avec l’appui de l’AIEA, établir un programme solide comprenant 19 étapes pour parvenir à une capacité opérationnelle sûre et fiable.
Cette approche, selon Rafael Grossi, prouve que même des pays sans tradition nucléaire peuvent intégrer cette technologie, à condition d’y consacrer les moyens nécessaires et de respecter des normes strictes.
Des perspectives pour l’Europe de l’Est
Au-delà des pays en développement, l’Europe de l’Est est également évoquée comme un terrain favorable à l’expansion du nucléaire. Les financements européens pourraient aider ces nations à réduire leur dépendance énergétique, notamment vis-à-vis de fournisseurs dominants, tout en atteignant leurs objectifs climatiques.
L’AIEA continue de promouvoir une vision encadrée et rigoureuse du nucléaire, en insistant sur la nécessité de moyens financiers pour accompagner son développement et garantir la sécurité des projets.