La filière nucléaire française traverse une période de transformation marquée par une dynamique de relance ambitieuse. Alors que le secteur emploie actuellement 220 000 personnes, il affiche un besoin constant de 10 000 recrutements, selon les données de France Travail, l’établissement public chargé de l’emploi. Cette tension découle à la fois du renouvellement générationnel et de l’essor des projets nucléaires dans le pays.
Hélène Badia, présidente de l’Université des Métiers du Nucléaire, souligne un regain d’intérêt notable pour cette industrie, particulièrement auprès des jeunes et des professionnels en reconversion. Ce phénomène est soutenu par des initiatives comme la Semaine des Métiers du Nucléaire, organisée conjointement par France Travail et des entreprises du secteur. Cet événement, qui se tiendra cette année du 3 au 7 février, a vu son audience doubler en deux ans, passant de 8 000 à 16 000 visiteurs.
Une attractivité portée par les grands projets
Les perspectives du nucléaire en France s’inscrivent dans une stratégie industrielle ambitieuse. La prolongation du parc nucléaire existant, le développement des réacteurs EPR2 et des petits réacteurs modulaires (SMR), ainsi que l’agrandissement des infrastructures de Framatome et Orano, sont autant de projets nécessitant des compétences spécialisées. À cet horizon, la filière prévoit environ 100 000 recrutements d’ici 2033.
Pour répondre à ces besoins, l’Institut National des Sciences et Techniques Nucléaires (INSTN) a doublé ses effectifs en cinq ans dans son programme d’ingénierie nucléaire. EDF confirme que 80 étudiants ont intégré cette formation en 2024, marquant une progression significative.
Les métiers sous tension
Certains métiers, indispensables au fonctionnement de la filière, demeurent particulièrement en tension. Les postes de soudeur, chaudronnier, tuyauteur, technicien en radioprotection ou encore automaticien illustrent les besoins criants en main-d’œuvre qualifiée. Afin de pallier ces pénuries, France Travail a mis en place des dispositifs innovants, comme le recrutement par simulation. Cette méthode évalue les aptitudes des candidats à réaliser des gestes professionnels spécifiques, ouvrant ainsi des opportunités à des profils en reconversion.
Une initiative notable a permis à une jeune pâtissière de devenir soudeuse dans le Nord grâce à une formation adaptée, financée dans le cadre de ce dispositif.
Une inclusion nécessaire
La filière nucléaire élargit également son vivier en se tournant vers des profils sous-représentés. Cette année, la Semaine des Métiers du Nucléaire met l’accent sur l’inclusion, visant à intégrer davantage de femmes, de seniors et de personnes issues de quartiers prioritaires. Ces efforts témoignent de la volonté des acteurs du secteur d’adapter leur stratégie de recrutement aux enjeux sociétaux et démographiques.
Alors que la transition énergétique repose sur une diversification des sources d’énergie, le nucléaire en France continue de jouer un rôle central. Toutefois, sa pérennité dépendra de sa capacité à attirer, former et retenir les talents nécessaires pour relever les défis technologiques et industriels à venir.