Le gouvernement français a annoncé le 8 février 2023 son intention de supprimer l’Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN), organisme indépendant émettant des avis scientifiques dans le domaine nucléaire. Cette annonce a suscité l’inquiétude de nombreux chercheurs, dont Cécile Cunin et Jean Desquines, qui expriment leurs craintes quant à la perte de transparence dans un secteur sensible.
Un organisme indépendant pour garantir la crédibilité
Cécile Cunin, radiochimiste, travaille depuis 20 ans dans la recherche sur le nucléaire. Elle explique que l’IRSN a été créé pour restaurer la confiance après la catastrophe de Tchernobyl. Grâce à cet organisme indépendant, les populations ont une garantie que des experts surveillent de manière impartiale les centrales nucléaires pour protéger leur sécurité. L’IRSN a également été reconnu mondialement lors de la catastrophe de Fukushima au Japon.
Jean Desquines, chercheur sur le comportement du combustible nucléaire en situation accidentelle, explique que leur recherche est fragile car très spécifique. Il craint que si l’IRSN est dissout et intégré à un autre groupe, leur recherche ne soit plus guidée par les impératifs de sécurité, mais plutôt par les considérations de l’exploitant. Il estime que l’existence de l’IRSN permet de garantir la crédibilité des avis scientifiques.
Une décision brutale qui inquiète les salariés
Au-delà des enjeux éthiques et de sécurité, les chercheurs évoquent également l’angoisse des 1 725 salariés de l’IRSN après l’annonce du gouvernement. Ils ne savent pas quel sera leur avenir professionnel et ont l’impression d’être déplacés comme des pions. Ils ont des emprunts, des enfants et ne savent pas où ils seront demain.
Une remise en question de la transparence dans le domaine nucléaire
La suppression de l’IRSN suscite des craintes quant à la perte de transparence dans un secteur sensible. Actuellement, les travaux de l’IRSN peuvent être publiés avec des retenues parfois, mais qui ne touchent pas à la transparence. Cependant, bon nombre de recherches du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) ne sont pas publiées, à la demande des commanditaires des études, généralement EDF ou Framatome.