Le gouvernement nigérien a ordonné l’expulsion de tous les expatriés employés depuis plus de quatre ans par China National Petroleum Corporation Niger Petroleum (CNPCNP), filiale de la compagnie d’État chinoise China National Petroleum Corporation (CNPC). Cette mesure, effective avant le 31 mai, vise à renforcer l’application du contenu local dans le secteur pétrolier, conformément aux exigences du Code du travail et des engagements contractuels.
Dans une lettre datée du 21 mai, le ministre du Pétrole, Sahabi Oumarou, a demandé la résiliation immédiate des contrats concernés. Cette décision s’inscrit dans une série d’actions gouvernementales entamées depuis mars 2025, où trois cadres chinois avaient déjà été expulsés pour non-respect des nouvelles dispositions relatives au contenu local.
Mesures correctives imposées à la filiale chinoise
Les autorités nigériennes reprochent à CNPCNP le maintien prolongé d’expatriés sans transfert de compétences aux cadres locaux, des écarts de rémunération jugés excessifs et une gestion à distance de la raffinerie de Zinder depuis la Chine. Le ministère du Pétrole considère ces pratiques comme incompatibles avec la législation nigérienne en vigueur.
En parallèle à l’expulsion des expatriés, Niamey impose plusieurs mesures structurelles. Il s’agit notamment de la révision des grilles salariales, de l’ouverture du capital de la société WAPCO — en charge de l’exploitation du pipeline Niger-Bénin — à l’État nigérien, de l’obligation de recourir à la sous-traitance locale et de la nomination de personnels nigériens à des postes de direction au sein de CNPCNP.
Un signal politique dans un contexte de rupture
Le durcissement du ton s’inscrit dans un contexte post-coup d’État, où la junte militaire au pouvoir réévalue ses partenariats économiques stratégiques. Le rééquilibrage vis-à-vis de la Chine, devenue un acteur central dans les secteurs pétrolier et hôtelier, a pris une dimension politique. En mars, la fermeture du Soluxe Hôtel, propriété chinoise, pour pratiques discriminatoires et manquements fiscaux, avait déjà marqué un précédent.
Bien que CNPC ait évoqué un dialogue en cours avec les autorités nigériennes, le gouvernement a affirmé qu’aucune dérogation ne sera accordée en matière de souveraineté économique. Le Niger, qui détient des réserves importantes d’hydrocarbures, entend faire du secteur un levier de développement local par une appropriation accrue des outils de production et de gouvernance.