articles populaires

Le nickel néo-calédonien dans la tourmente

L'avenir de l'industrie du nickel en Nouvelle-Calédonie dépend de résoudre l'équation énergétique de l'île, face à des coûts élevés et une compétitivité en danger. La transition vers une énergie verte et le stockage de l'énergie photovoltaïque sont au cœur des discussions pour sauver cette industrie stratégique.

Partagez:

L’avenir de l’industrie du nickel en Nouvelle-Calédonie et la survie de ses trois usines métallurgiques en difficulté, dépend surtout de la façon dont sera résolue l’équation énergétique de l’île, selon des participants aux réunions organisées à Paris cette semaine.

L’Avenir Énergétique du Nickel Néo-Calédonien : Un Enjeu de Survie Face à la Flambée des Prix

Alors que les prix des matières premières stratégiques comme le nickel flambent sur les marchés mondiaux, les trois usines calédoniennes de raffinage de nickel sont plombées et menacées dans leur survie par leurs coûts de production et leur manque de compétitivité, selon un rapport officiel publié en août. Tous les acteurs de la filière, élus indépendantistes et loyalistes, industriels et administrations, se sont réunis cette semaine pour tenter de « fabriquer une vision commune » et un « nouveau modèle » autour du nickel, indique-t-on de source gouvernementale, dans le but d’éviter un crash industriel.

« Le principal enjeu de l’avenir de la filière nickel calédonienne est celui de l’énergie », a indiqué à l’AFP un membre du cabinet de la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, qui a participé aux réunions. Il faut faire baisser la facture énergétique exorbitante des usines.

« C’est un enjeu de survie », renchérit une source industrielle.

L’extraction et le raffinage du nickel, principale ressource de l’île, consomment « de 75 à 80% de l’électricité consommée sur le territoire ». Et les dépenses d’énergie des trois usines « peuvent être deux fois supérieures à celles de leurs concurrents indonésiens », précise le rapport du Conseil général de l’économie et de l’Inspection générale des finances.

Exploiter le Potentiel Extraordinaire : La Nouvelle-Calédonie en Quête d’Énergie Verte

Or le « caillou », surnom de l’archipel, n’a aucune infrastructure lui permettant de produire de l’énergie à bas coût. A l’exception du barrage de Yaté qui représente moins de 10% de sa consommation totale, l’électricité dépend surtout du charbon ou du pétrole importé. Une partie des discussions ont porté sur les moyens de développer de nouvelles sources autonomes d’électricité, mais aussi sur le besoin de produire de l’électricité verte permettant à la filière de se décarboner et de s’inscrire dans les clous des objectifs climatiques européens, a-t-on résumé de source gouvernementale.

« Les réunions ont fait avancer les choses sur les deux sujets. La décarbonation n’était pas forcément une priorité pour tout le monde il y a encore quelques semaines », relève un participant qui ne souhaite pas être identifié.

A terme, selon le schéma discuté, la Nouvelle-Calédonie pourrait passer à 70% de production d’énergie renouvelable « en pariant sur son potentiel extraordinaire d’ensoleillement et son potentiel foncier », et garderait 30% d’énergie issue de centrales thermiques au gaz importé, a-t-il ajouté. Mais pour que les trois usines puissent espérer devenir rentables, un investissement de 4 milliards d’euros serait nécessaire pour créer deux stations de transfert d’énergie par pompage (STEP), selon le gestionnaire calédonien du réseau Enercal.

Stocker l’Énergie : Un Investissement Crucial pour l’Industrie du Nickel en Nouvelle-Calédonie

Ces infrastructures ressemblant à des barrages sont destinées à stocker l’énergie photovoltaïque -intermittente – pour pouvoir l’utiliser lorsqu’on en a besoin. L’une serait construite dans le nord de l’île pour alimenter l’usine KNS Koniambo, détenue à 51% par un actionnaire public et à 49% par le groupe de négoce Glencore. La deuxième irait au sud, dans la vallée de la Tontouta, pour alimenter l’usine de la Société Le Nickel (SLN) à Nouméa, dont l’actionnaire majoritaire est le groupe Eramet, et celle de Prony Resources (PRNC), à la pointe sud de l’île, dont le groupe de négoce Trafigura possède 19% du capital.

Avant de signer un chèque, l’Etat français va faire expertiser dans les mois à venir ce schéma et le montant de la facture par la Commission de régulation de l’Energie (CRE), indique le cabinet de la Transition énergétique. Seule l’usine de Prony Resources produit du nickel de classe 1, adapté pour les batteries. Elle a signé un contrat très médiatisé avec Tesla.

Pour que les deux autres, qui produisent du nickel de classe 2 destiné à la fabrication d’inox, puissent entrer sur le marché des batteries, elles ont aussi besoin d’investissements, évalués à 250 millions d’euros pour l’usine du nord et à 20 millions d’euros pour celle de la SLN, selon le cabinet du ministre de l’Industrie Roland Lescure. Une nouvelle réunion du groupe de travail nickel devrait avoir lieu « avant la fin de l’année ».

Pourquoi cela compte ?

Sur un plan financier, l’avenir de l’industrie du nickel en Nouvelle-Calédonie est étroitement lié à la résolution de ses problèmes énergétiques. L’investissement massif nécessaire pour développer des infrastructures énergétiques durables et rentables représente un enjeu considérable pour l’île et ses partenaires industriels. Le secteur du nickel est crucial pour l’économie calédonienne, et sa compétitivité future pourrait impacter non seulement les emplois locaux mais aussi les marchés internationaux de matières premières. Du point de vue des objectifs climatiques européens, la transition vers une énergie plus propre est un pas dans la bonne direction, mais cela nécessite des investissements substantiels. L’avenir de cette industrie est donc un sujet à surveiller de près pour les observateurs du monde des affaires, de la finance, et du marché de l’énergie.

Publicite

Récemment publiés dans

La France propose une alliance renforcée entre l'Union européenne et la Chine pour contrer l'absence des États-Unis dans la lutte contre le changement climatique, avec un sommet prévu pour juillet 2025.
Hydro-Québec annonce un investissement de 10 G$ pour améliorer l'efficacité énergétique à travers diverses initiatives d'ici 2035, créant ainsi plus de 5 000 emplois et réduisant les coûts d'exploitation pour les clients québécois.
Hydro-Québec annonce un investissement de 10 G$ pour améliorer l'efficacité énergétique à travers diverses initiatives d'ici 2035, créant ainsi plus de 5 000 emplois et réduisant les coûts d'exploitation pour les clients québécois.
Le gouvernement britannique et l'énergéticien italien Eni ont annoncé le bouclage financier d'un projet visant à enfouir des millions de tonnes de CO2 en mer d'Irlande, une initiative ambitieuse pour réduire les émissions industrielles.
Le gouvernement britannique et l'énergéticien italien Eni ont annoncé le bouclage financier d'un projet visant à enfouir des millions de tonnes de CO2 en mer d'Irlande, une initiative ambitieuse pour réduire les émissions industrielles.
Les États-Unis ont vivement critiqué les politiques hostiles aux énergies fossiles au sommet de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), soulignant leurs dangers pour la sécurité énergétique mondiale.
Les États-Unis ont vivement critiqué les politiques hostiles aux énergies fossiles au sommet de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), soulignant leurs dangers pour la sécurité énergétique mondiale.
Des pays comme le Brésil et l'Australie sont critiqués pour avoir surestimé la capacité d'absorption de CO2 de leurs forêts, une pratique qui affecte leur engagement en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, selon un rapport de Climate Analytics.
À Londres, les responsables mondiaux se réunissent pour discuter de la sécurité énergétique dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes. Les divergences persistent sur la place des énergies renouvelables face à la demande mondiale.
À Londres, les responsables mondiaux se réunissent pour discuter de la sécurité énergétique dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes. Les divergences persistent sur la place des énergies renouvelables face à la demande mondiale.
À l’approche d’un débat parlementaire, une vingtaine d’organisations de l’énergie demandent aux parlementaires d’agir pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles en accélérant l’électrification des usages.
À l’approche d’un débat parlementaire, une vingtaine d’organisations de l’énergie demandent aux parlementaires d’agir pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles en accélérant l’électrification des usages.
Le Nigeria entend augmenter sa capacité de production d'électricité de 4 000 MW d'ici 2026 pour répondre à la demande croissante du secteur industriel, dans un contexte de réformes et de partenariats avec des acteurs internationaux.
Le Nigeria entend augmenter sa capacité de production d'électricité de 4 000 MW d'ici 2026 pour répondre à la demande croissante du secteur industriel, dans un contexte de réformes et de partenariats avec des acteurs internationaux.
Le PDG sortant d’EDF, Luc Rémont, affirme que l’électricité française sera plus compétitive que celle des États-Unis, malgré les critiques récurrentes des industriels sur les tarifs.
La politique commerciale agressive de Donald Trump et l'incertitude réglementaire aux États-Unis freinent l’investissement dans l’éolien, le solaire et le stockage énergétique, plongeant le secteur dans une période d’attentisme et de volatilité sur les marchés financiers.
La politique commerciale agressive de Donald Trump et l'incertitude réglementaire aux États-Unis freinent l’investissement dans l’éolien, le solaire et le stockage énergétique, plongeant le secteur dans une période d’attentisme et de volatilité sur les marchés financiers.
Le gouvernement français active cinq dispositifs de financement pour soutenir des projets industriels de décarbonation à travers le plan France 2030, ciblant sites majeurs, PME et zones industrielles à forte émission.
Le gouvernement français active cinq dispositifs de financement pour soutenir des projets industriels de décarbonation à travers le plan France 2030, ciblant sites majeurs, PME et zones industrielles à forte émission.
Paris débloque un nouveau financement de 400 millions d’euros pour soutenir des projets industriels visant la réduction des émissions, dans le cadre du programme France 2030.
Paris débloque un nouveau financement de 400 millions d’euros pour soutenir des projets industriels visant la réduction des émissions, dans le cadre du programme France 2030.
Le retrait massif du soutien financier américain et la réduction des aides européennes pourraient compromettre la réalisation des projets énergétiques en Afrique, modifiant profondément leur structure de financement et les engagements du continent.
Le gouvernement vietnamien revoit à la hausse ses objectifs en matière d’énergies renouvelables dans une nouvelle version de son plan énergétique national, en réponse à la hausse continue de la demande en électricité.
Le gouvernement vietnamien revoit à la hausse ses objectifs en matière d’énergies renouvelables dans une nouvelle version de son plan énergétique national, en réponse à la hausse continue de la demande en électricité.
Une panne massive a plongé Porto Rico dans l'obscurité mercredi, privant d'électricité environ 1,1 million de foyers, après l'arrêt inattendu de toutes ses centrales électriques.
Une panne massive a plongé Porto Rico dans l'obscurité mercredi, privant d'électricité environ 1,1 million de foyers, après l'arrêt inattendu de toutes ses centrales électriques.
La République tchèque a mis fin à sa dépendance au pétrole russe après plus de six décennies, un changement majeur décidé en réponse à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
La République tchèque a mis fin à sa dépendance au pétrole russe après plus de six décennies, un changement majeur décidé en réponse à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Le marché européen des contrats d’achat d’électricité (PPA) pour les énergies renouvelables a atteint 19 GW de nouvelles capacités en 2024, avec une montée en puissance des accords hybrides incluant le stockage.
Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a critiqué les positions du Rassemblement national sur l’énergie, les accusant de freiner les investissements prévus dans les renouvelables au profit des importations de combustibles fossiles.
Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a critiqué les positions du Rassemblement national sur l’énergie, les accusant de freiner les investissements prévus dans les renouvelables au profit des importations de combustibles fossiles.
Le projet de loi 69 suscite des protestations à Saint-Jean-sur-Richelieu, où plusieurs organisations dénoncent un risque de privatisation du secteur de l’électricité au Québec.
Le projet de loi 69 suscite des protestations à Saint-Jean-sur-Richelieu, où plusieurs organisations dénoncent un risque de privatisation du secteur de l’électricité au Québec.
L’énergie éolienne et solaire a couvert près d’un cinquième de la production électrique de la Turquie en 2024, selon une analyse du groupe de réflexion Ember, portée par une forte hausse de la capacité installée.
L’énergie éolienne et solaire a couvert près d’un cinquième de la production électrique de la Turquie en 2024, selon une analyse du groupe de réflexion Ember, portée par une forte hausse de la capacité installée.
La Programmation pluriannuelle de l’énergie réoriente la stratégie française en limitant le photovoltaïque au profit de solutions de flexibilité, dont le stockage par batterie, pour répondre aux déséquilibres croissants du marché électrique.
La Commission de régulation de l’énergie dévoile un premier observatoire consacré aux contrats d’achat d’électricité renouvelable en France, soulignant une progression récente mais encore marginale face aux mécanismes soutenus par l’État.
La Commission de régulation de l’énergie dévoile un premier observatoire consacré aux contrats d’achat d’électricité renouvelable en France, soulignant une progression récente mais encore marginale face aux mécanismes soutenus par l’État.
Le gouvernement français prévoit d’adopter d’ici deux semaines un décret définissant les objectifs énergétiques de la décennie à venir, relançant le nucléaire et préparant un débat parlementaire attendu sur la souveraineté énergétique.
Le gouvernement français prévoit d’adopter d’ici deux semaines un décret définissant les objectifs énergétiques de la décennie à venir, relançant le nucléaire et préparant un débat parlementaire attendu sur la souveraineté énergétique.
L’accroissement des capacités solaire et éolienne multiplie les heures de prix négatifs sur les marchés européens de l’électricité, fragilisant les équilibres économiques du secteur tout en modifiant les dynamiques d’exportation et de stockage.
L’accroissement des capacités solaire et éolienne multiplie les heures de prix négatifs sur les marchés européens de l’électricité, fragilisant les équilibres économiques du secteur tout en modifiant les dynamiques d’exportation et de stockage.

Publicite