Le secteur mondial des microgrids connaît une croissance marquée par une augmentation des projets à grande échelle, bénéficiant d’un environnement réglementaire et technologique favorable. Ces systèmes énergétiques locaux, combinant production et stockage d’énergie, séduisent des acteurs variés tels que les municipalités, les gestionnaires de campus universitaires et les opérateurs industriels.
Des contrats énergétiques innovants
Aux États-Unis, le modèle de l’Energy-as-a-Service (EaaS), popularisé par ENGIE North America, permet aux intégrateurs de conserver la propriété des actifs tout en garantissant des performances précises, telles que le temps d’interruption électrique ou l’intensité des émissions. De tels contrats représentent actuellement plus de 480 MW dans des universités, centres de données et ports, générant des flux financiers stables via la vente d’énergie excédentaire et de services auxiliaires.
Par ailleurs, le marché explore également des plateformes de transactions énergétiques qui permettent des échanges en temps réel. En Australie, par exemple, le projet EDGE redirige l’énergie solaire excédentaire des habitations vers des entreprises voisines à des tarifs dynamiques, démontrant une efficacité financière supérieure aux tarifs d’injection statiques dans la plupart des cas.
Des standards technologiques matures
Le marché bénéficie également d’une standardisation technologique accrue. Les nouvelles normes IEEE 2030.7/8 définissent clairement les fonctions des contrôles hiérarchiques, tandis que le protocole Open Field Message Bus facilite la précision temporelle pour l’estimation décentralisée des états des systèmes. Ainsi, plus de 65 fabricants avaient déjà certifié leur matériel conforme aux profils SunSpec Modbus mi-2024, facilitant les intégrations techniques.
En parallèle, face aux enjeux croissants de cybersécurité, le secteur adopte désormais massivement les principes de sécurité « zero-trust ». Des sites critiques comme ceux du comté de Los Angeles intègrent ainsi des modules sécurisés et des télécommunications chiffrées conformes aux recommandations de la Cybersecurity and Infrastructure Security Agency américaine.
Une diversification des sources énergétiques
Le marché des microgrids intègre désormais un éventail élargi de technologies énergétiques allant au-delà des systèmes hybrides diesel-solaire classiques. La filiale mtu de Rolls-Royce a récemment lancé un groupe électrogène de 2 MW fonctionnant au méthanol, adapté à une utilisation autonome ou connectée au réseau électrique traditionnel. Bloom Energy déploie en Corée du Sud des piles à combustible à oxyde solide qui ont déjà dépassé 100 000 heures d’exploitation.
Cette évolution inclut également des innovations en matière de stockage d’énergie, avec des batteries zinc-air et des packs sodium-ion. Aux États-Unis, le microgrid de Redwood Coast Airport en Californie produit désormais de l’hydrogène renouvelable destiné à un dépôt local d’autobus, illustrant la polyvalence et l’évolution technologique rapide du secteur.
Déploiement global accéléré
Selon le consortium international de recherche EMPower, environ 9 GW de capacité supplémentaire ont été mis en service entre janvier 2023 et avril 2024, portant la capacité totale installée dans le monde à près de 46 GW. Des sites industriels, comme celui de Rio Tinto en Australie occidentale, adoptent ces systèmes pour sécuriser leur production face aux instabilités des réseaux.
Cette croissance mondiale est aussi notable dans les pays émergents. En Afrique subsaharienne, le secteur a déjà installé plus de 6 500 systèmes dans des villages, desservant ainsi plus de 17 millions d’habitants auparavant sans accès à l’électricité. Ces installations montrent que les microgrids répondent efficacement à des besoins économiques variés et dans différentes régions du globe.