Vincent Berger, Haut-commissaire à l’énergie atomique, a formulé des critiques sévères concernant la stratégie énergétique de la France pour 2035, dans un avis adressé à Matignon et relayé par Les Echos le 3 mars 2025. Selon lui, l’objectif de réduction des émissions de CO2 pour 2030, fixé à une baisse de 55% par rapport à 1990, est irréaliste et trop ambitieux. À ce jour, la France a atteint seulement 31% de cette réduction, ce qui soulève des doutes quant à la possibilité de parvenir à cet objectif d’ici à la fin de la décennie.
une surproduction d’électricité à l’horizon 2035
Dans le même avis, M. Berger exprime ses préoccupations concernant la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) qui prévoit une production d’électricité de 692 TWh d’ici 2035. Il estime qu’une telle capacité pourrait entraîner une surproduction d’électricité, notamment en raison d’une demande qui reste inférieure à celle des années pré-Covid. En 2024, la consommation était encore 12,7% plus faible qu’avant la pandémie, malgré une légère hausse par rapport à 2023. Cette surcapacité pourrait rendre difficile la rentabilité des investissements massifs nécessaires à la mise en œuvre de la PPE.
révision nécessaire du développement photovoltaïque
Face à cette situation, le Haut-commissaire recommande une révision à la baisse de la croissance du secteur photovoltaïque dans le cadre de la PPE. Selon lui, les investissements dans cette filière risquent de ne pas être rentabilisés si la production excède la demande. Cette position s’ajoute aux préoccupations exprimées par d’autres acteurs du secteur de l’énergie, dont le Haut Conseil pour le climat (HCC), qui a également averti sur la nécessité de renforcer certains leviers d’action pour que la feuille de route énergétique de la France atteigne ses objectifs.
réactions officielles et points de divergence
Contacté par l’AFP, le cabinet du ministre chargé de l’Industrie et de l’Énergie n’a pas souhaité commenter les critiques formulées par Vincent Berger. En revanche, une source proche du Premier ministre a indiqué que les informations relayées par Les Echos ne pouvaient être confirmées et que ces sujets relevaient de la compétence du gestionnaire de réseau de transport électrique, RTE, dont les travaux ont alimenté la préparation de la PPE. Le ministère a précisé que la gestion de la politique énergétique n’était pas du ressort direct du Haut-commissariat à l’énergie atomique.