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Le GNL au cœur des Convoitises

Face à la crise énergétique, l'Europe se tourne massivement vers le GNL. On observe alors un réel bouleversement des flux commerciaux, impactant fortement la demande asiatique. Elle a baissé de 7% depuis le début de l'année.

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Le GNL apparaît, du moins en Europe, être la solution miracle dans un contexte de crise énergétique. De fait, depuis la réduction des flux de gaz russe vers l’Europe, les dirigeants de l’UE se tournent vers le GNL. Ainsi, le GNL américain afflue en Europe.

Toutefois, cette forte demande européenne impacte durement les acheteurs asiatiques. Dans la région, les prix spot du GNL s’échangent quasiment aux mêmes taux que les prix DES du GNL du nord-ouest de l’Europe. Peu d’acheteurs asiatiques sont en mesure de rivaliser.

L’Europe, craignant alors une pénurie de gaz cet hiver, s’est affairée pour remplir ses stocks. À ce jour, nombreuses sont les nations ayant atteint, si ce n’est dépassé, leurs objectifs. Par exemple, fin août, les stocks de gaz français atteignaient les 90%. Le vieux continent devrait alors continuer à s’intéresser au GNL pour assurer son approvisionnement dans les années à venir. Et ce, à n’importe quel prix. Cela continuera alors de nuire aux marchés asiatiques.

Bouleversement des flux de GNL

L’invasion de l’Ukraine par la Russie bouleverse complètement les marchés de l’énergie. De fait, cherchant des alternatives aux hydrocarbures russes, l’Europe fait de la sécurité énergétique sa priorité. Ainsi, les flux commerciaux de GNL ont évolué. Ceux-ci se dirigent massivement vers l’Europe, s’éloignant alors des marchés asiatiques.

En conséquence, la demande asiatique de GNL chute. Elle a chuté de 7% depuis le début de l’année. Ceci s’explique par la forte demande en Europe, mais aussi par la flambée des prix. Toutefois, ce chiffre varie selon les pays.

Effectivement, la baisse considérablement plus importante sur les marchés de croissance du continent. Par exemple, la demande de GNL chute de 20% en Chine et de 18% en Inde.

Certaines nations asiatiques souffrent de la flambée des prix de l’électricité. Celle-ci débouche sur de nombreuses coupures de courant. Aussi, dans certains cas, la hausse des prix du GNL débouche sur des troubles politiques et sociaux. C’est notamment le cas au Pakistan ou encore au Bengladesh. Le Pakistan a augmenté le prix de l’électricité, malgré la crise énergétique et une inflation record, afin de faire face à la hausse des coûts de production.

La demande spot non contractuelle menacée

En Asie, les acheteurs achètent principalement leur GNL via des contrats à long terme. Ceux-ci sont bien souvent indexés sur le pétrole, et sont donc considérablement moins chers que les prix actuels au comptant. La demande spot non contractuelle est donc véritablement au centre de cette question. Celle-ci est menacée par le contexte actuel. Cela concerne surtout les consommateurs ayant un pouvoir d’achat limité.

Lucy Cullen, analyste chez APAC Gas & LNG Research, souligne la complexité de la réponse à la demande. Elle explique:

« La réponse à la demande est complexe. Les facteurs déterminants sont en fin de compte uniques à chaque marché. Mais lorsqu’on évalue la réponse à la demande en Asie jusqu’à présent cette année, deux facteurs déterminants ressortent: le niveau d’exposition au GNL au comptant et la disponibilité de combustibles alternatifs, y compris d’autres approvisionnements en gaz non GNL. »

Cela explique donc les disparités que nous évoquions quant à la baisse de la demande asiatique. La Chine et l’Inde, deux géants asiatiques, peuvent se permettre de réduire les achats de GNL au comptant. De fait, ils peuvent compter sur d’autres combustibles. Sur ces deux marchés, les consommateurs sont en mesure de se tourner vers le charbon ou le mazout par exemple.

Cependant, ce n’est pas le cas de certains pays asiatiques. Pour ces derniers, il est beaucoup plus difficile de se passer de GNL. C’est par exemple le cas de Singapour, du Japon ou de la Corée du Sud. Ces marchés ont une faible exposition au marché au comptant. De plus, les alternatives au GNL sont plus que limitées.

L’Asie reste un marché majeur du GNL

Dans ce contexte, les acheteurs asiatiques s’inquiètent. L’Europe, touchée de plein fouet par la crise énergétique, compte sur les livraisons de GNL américain pour assurer son approvisionnement. Cette tendance durera quelques années. Toutefois, l’Europe ambitionne de se débarrasser du gaz.

Ainsi, le marché asiatique restera majeur en ce qui concerne le GNL. De fait, c’est bel et bien la demande asiatique qui déterminera la rentabilité de l’offre à venir de la côte du Golfe du Mexique.

Au vu du contexte, les fournisseurs de GNL entendent investir pour développer de nouvelles capacités. En Asie, les acheteurs voient une possible surabondance de GNL. En conséquence, après 2026, le prix pourrait soudainement chuter. Ainsi, les marchés restent confiants quant à un fort rebond de la demande de gaz.

De fait, ils anticipent cette baisse du prix du GNL. À ceci s’ajoute la volonté de remplacer le charbon par le gaz, et notamment le GNL renouvelable, afin d’atteindre les objectifs fixés en matière de transition énergétique. Cela explique alors la multiplication des commandes des turbines à gaz à cycle combiné en Asie. Elles atteignent aujourd’hui un sommet.

Toutefois, des réserves persistent. D’abord, il faut souligner l’ambiguïté de certains gouvernements asiatiques concernant le charbon.

Ensuite, l’optimisme quant à un rebond de la demande de GNL ne débouchera pas automatiquement vers des contrats à long terme. De fait, les nations asiatiques ne peuvent pas toujours s’engager dans de tels contrats. Ainsi, il sera important de proposer plus de flexibilité aux acheteurs asiatiques.

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