Le gaz américain est sous pression. De fait, la combustion du gaz aux États-Unis atteint un record dans la production d’électricité. Alors que les prix s’envolent, la consommation de gaz est toujours plus importante dans le pays. Toutefois, des risques inhérents à ce modèle énergétique sont à anticiper. Peut-il durer ?
Entre janvier et avril, la production nette d’électricité s’élève à 1.337 milliards de KWh. Cette donnée dépasse les précédents records saisonniers de 1.331 milliards de kWh en 2014 et celui de 1.319 milliards de kWh en 2008.
Malgré les prix élevés du carburant, la production au gaz augmente cette année. Contrairement à 2020, les générateurs au gaz fonctionnent davantage que ceux au charbon en raison de l’effondrement des prix du gaz.
La consommation record de gaz aux États-Unis
Selon les données de l’US Energy Information Administration (EIA), lors des quatre derniers mois, les unités de gaz utilisées représentent 470 milliards de kWh. C’est la deuxième production saisonnière la plus élevée après 500 milliards de kWh en 2020.
Au début de l’année, les générateurs au gaz consomment 3.832 milliards de pieds cubes de gaz. 2020 reste le record avec une consommation de 4.083 milliards de pieds de cube. En comparaison, la moyenne au début de la pandémie s’élève à 3.315 milliards de pieds cubes.
Ce regain de la consommation énergétique américaine s’explique par une demande supérieure à la moyenne depuis mai. Compte tenu des températures dans la majorité des États (48 sur 50), la climatisation est en forte demande par rapport à la moyenne, depuis mai.
Face à cette forte demande, l’offre a du mal à suivre et les producteurs en paient le prix. Le gaz naturel a doublé début 2022 par rapport à 2020 à la même période, d’après l’EIA.
La dépendance américaine
Au cours des quatre premiers mois, les générateurs de gaz représentent 35% de toute la production d’électricité alors que le charbon est à 21%. Puis, le nucléaire et l’éolien et le solaire représentent respectivement 19% et 16%. Enfin, l’hydroélectricité conventionnelle n’est qu’à 7%.
Dans les États de l’Ouest, la sécheresse s’aggrave, réduisant la production d’hydroélectricité. En conséquence, la dépendance aux générateurs de gaz augmente. Par exemple, en Californie, la sécheresse pourrait diminuer les sources hydrauliques de 8%. Ces dernières années, la médiane est à 15%. Face à ce phénomène, le gaz pourrait combler la moitié de ce déficit hydraulique.
La faiblesse du mix énergétique américain est l’insuffisance de capacité de réserve dans le système de production. De ce fait, il est difficilement envisageable de réduire la dépendance au gaz, malgré la flambée des prix. De plus, on constate le déclassement de nombreuses unités de charbon.
Les risques de pénurie
Face à cette demande croissante, les stocks de gaz subissent une compression incessante. Ces stocks arrivent même en dessous de la moyenne saisonnière sur cinq ans d’avant la pandémie depuis fin janvier. La combinaison d’une production plus élevée et d’exportations plus rapides de GNL explique ces faibles stocks.
Actuellement, les stocks de gaz de travail s’élèvent à 386 milliards de pieds cubes (14%), en dessous de la moyenne saisonnière avant pandémie. Aucun signe ne montre une reprise.
Par conséquent, les pénuries de gaz et d’électricité vont maintenir les prix relativement élevés lors des prochains hivers 2022 et 2023. S’ajoute à cela, la demande continue de GNL en Europe afin de remplacer le gaz russe.
Ainsi, la tension continue sur les stocks énergétiques met en cause la viabilité du système. La sécheresse accentue la probabilité de pénurie.