Le Danemark a toujours été une référence dans le secteur de l’éolien offshore, grâce à son cadre réglementaire et son expertise industrielle. Toutefois, le récent échec d’un appel d’offres de 3 GW signale des défis de marché qui nécessitent une adaptation rapide. En parallèle, le pays mise sur l’exportation d’hydrogène vert, avec des projets d’interconnexion vers l’Allemagne.
Un appel d’offres annulé faute de candidats
L’appel d’offres pour la construction de 3 GW d’éolien offshore a été annulé en raison de l’absence de soumissionnaires. Plusieurs facteurs expliquent cette situation. D’abord, la hausse des coûts des matières premières, notamment l’acier et les métaux rares, a rendu les projets moins rentables. Ensuite, les tensions logistiques mondiales ont complexifié la chaîne d’approvisionnement, ralentissant les investissements.
Le cadre de l’appel d’offres a également été jugé trop contraignant. Contrairement à d’autres marchés, aucune incitation financière directe n’a été proposée pour compenser les risques. De plus, les développeurs devaient assumer le coût du raccordement au réseau, alourdissant la charge financière des projets. Enfin, l’incertitude sur les prix de l’électricité a dissuadé les investisseurs, rendant la rentabilité de ces parcs plus incertaine.
Un nouveau cadre prévu pour 2025
Face à cette situation, le gouvernement danois travaille sur une refonte du cadre des enchères pour 2025. Parmi les pistes envisagées figurent la réintroduction de subventions partielles, la prise en charge d’une partie des coûts de raccordement par l’État et une plus grande flexibilité dans les délais de mise en service.
Les autorités souhaitent également renforcer le dialogue avec les industriels pour adapter les appels d’offres aux réalités du marché. En offrant une meilleure visibilité aux acteurs du secteur, le Danemark espère attirer à nouveau les grands développeurs et préserver sa position de leader dans l’éolien offshore.
L’hydrogène vert comme axe stratégique
En parallèle, le Danemark accélère le développement de l’hydrogène vert. Grâce à son important potentiel éolien, le pays envisage d’utiliser l’électricité produite en mer pour alimenter des électrolyseurs, permettant de produire de l’hydrogène décarboné.
Ce vecteur énergétique présente plusieurs intérêts : il pourrait être utilisé pour décarboner l’industrie, notamment la production d’engrais et de produits chimiques, ou encore pour alimenter des véhicules lourds. L’exportation d’hydrogène est également au cœur des ambitions danoises. L’Allemagne, à la recherche de solutions pour réduire sa dépendance au gaz naturel, représente un marché stratégique.
Un projet d’exportation vers l’Allemagne
Le Danemark prévoit d’investir dans un réseau d’exportation d’hydrogène vert à destination de l’Allemagne. Pour cela, il étudie l’adaptation de ses infrastructures existantes, notamment ses gazoducs, afin de les rendre compatibles avec le transport d’hydrogène.
Un soutien financier public est envisagé pour faciliter ces investissements. De plus, un cadre réglementaire doit être défini en concertation avec l’Allemagne, afin d’assurer une harmonisation des normes et des standards techniques.
Les enjeux pour les industriels
Les industriels du secteur éolien et de l’hydrogène suivent de près ces évolutions. Ils plaident pour une visibilité à long terme, avec un calendrier d’appels d’offres régulier et des règles du jeu stables. Une planification plus claire permettrait de sécuriser les investissements et d’assurer le développement d’une filière compétitive.
Le Danemark cherche ainsi à ajuster sa stratégie pour maintenir son leadership tout en répondant aux nouvelles réalités économiques et industrielles du secteur.