La société néerlandaise Allseas, spécialisée dans l’ingénierie de la construction offshore, a confirmé par une étude commandée au cabinet Roland Berger les retombées économiques et énergétiques majeures de son projet de petit réacteur modulaire (SMR). Ce concept, conçu pour une intégration sur des navires ou sur site terrestre, pourrait générer jusqu’à EUR130bn ($150bn) de valeur pour les Pays-Bas d’ici 2050.
Un SMR conçu pour la flexibilité industrielle et maritime
Le réacteur choisi repose sur une technologie à gaz à haute température (HTGR) utilisant du combustible TRISO (tri-structural isotropic), avec une puissance de 25 MWe ou 70 MWt. Ce design compact et modulaire vise des applications allant de l’industrie lourde à l’infrastructure portuaire, en passant par les centres de données, les sites militaires et les navires marchands. En produisant de l’énergie directement sur site, le système permettrait de désengorger le réseau national, facilitant l’expansion d’activités existantes et l’implantation de nouvelles.
Selon l’étude, jusqu’à 110 unités pourraient être déployées aux Pays-Bas et 700 dans le secteur maritime mondial. Roland Berger estime que ce déploiement contribuerait à maintenir 10 000 à 15 000 emplois tout en créant entre 35 000 et 40 000 postes qualifiés.
Des économies sur le réseau et des gains en compétitivité
L’alimentation locale en électricité permettrait d’économiser jusqu’à EUR12bn ($13.8bn) en investissements dans les infrastructures à haute tension, soit une part significative des EUR104bn prévus à l’horizon 2050. De plus, le rapport met en avant un potentiel de création de valeur additionnelle estimé à EUR40bn ($46bn) grâce à l’accélération de projets industriels libérés des contraintes du réseau.
Le SMR d’Allseas offrirait une électricité à des coûts compétitifs par rapport aux sources fossiles ou renouvelables, tout en produisant de la chaleur industrielle jusqu’à 650°C, soit 30 % moins cher que les turbines à gaz et 80 % en dessous des alternatives renouvelables.
Validation institutionnelle et perspectives d’exportation
Les résultats de l’étude ont été validés par plusieurs institutions néerlandaises, dont TNO, COVRA, Urenco et le port de Rotterdam. Allseas collabore également avec le centre de recherche nucléaire NRG-Pallas et l’Université de technologie de Delft dans le cadre de son programme quinquennal de développement.
L’entreprise prévoit de terminer les études de conception initiales dans la première année du projet, avant de passer au développement du prototype et aux discussions préalables aux autorisations. Ce plan implique un dialogue étroit avec les autorités de sûreté, les organismes de classification et les acteurs industriels.
La technologie est positionnée pour répondre à la demande croissante d’énergie stable dans les secteurs des semi-conducteurs, de l’intelligence artificielle, de l’informatique quantique et des centres de calcul intensif.