Le Burkina Faso et la Russie s’engagent dans un partenariat énergétique majeur. Cette alliance stratégique vise la construction d’une centrale nucléaire, un projet d’envergure qui promet d’apporter une réponse cruciale aux besoins énergétiques d’une grande partie de la population burkinabè qui, jusqu’à présent, a eu un accès limité à l’électricité. Le Burkina Faso, sous le gouvernement militaire depuis l’année précédente, cherche activement à diversifier ses partenaires internationaux et a trouvé un allié en Russie pour répondre à ses besoins énergétiques croissants. Ce partenariat est une étape significative pour le pays, et il est essentiel de comprendre les implications et les raisons qui ont conduit à cette décision.
Les détails de l’accord
L’accord, formalisé par un mémorandum d’entente, a été signé lors de la Semaine russe de l’énergie à Moscou, où le ministre de l’Énergie du Burkina, Simon-Pierre Boussim, était présent aux côtés de Nikolay Spasski, le directeur général adjoint de l’agence nucléaire Rosatom. Il s’agit du premier accord dans le domaine de l’utilisation pacifique de l’énergie atomique entre la Russie et le Burkina Faso, selon Rosatom.
L’objectif central de ce partenariat est de combler le fossé énergétique au Burkina Faso, où, fin 2020, seulement 22,5% de la population avait accès à l’électricité. La vision est audacieuse, avec des plans pour construire des centrales nucléaires d’ici 2030, visant à doubler la production d’électricité du pays, ce qui stimulerait l’industrialisation de l’Afrique de l’Ouest.
Des défis à relever
La construction et l’exploitation d’une centrale nucléaire ne sont pas sans défis. Selon Iyabo Usman, chercheuse sud-africaine spécialisée en structure nucléaire, le Burkina Faso pourrait faire face à un manque de personnel qualifié pour g’érer une centrale nucléaire et devra peut-être faire appel à des experts étrangers. Dans cette perspective, l’Agence internationale de l’énergie atomique (IAEA) pourrait jouer un rôle crucial, offrant un soutien, y compris financier, au Burkina Faso, en tant qu’État membre de l’organisation.
Par ailleurs, le Burkina Faso devra naviguer dans un contexte géopolitique complexe. La chercheuse Usman souligne la concurrence entre la Chine et la Russie en matière d’investissements dans les centrales nucléaires en Afrique, ce qui ajoute une dimension stratégique à cet accord.
Un Burkina Faso en transition
Depuis la prise du pouvoir par le capitaine Ibrahim Traoré en septembre 2022, le Burkina Faso a cherché à diversifier ses alliances internationales. Notamment, il s’est éloigné de la France, son partenaire historique, et a renforcé ses liens avec la Russie. Des accords, tels que l’annonce de la livraison de céréales par Moscou, témoignent de cette nouvelle orientation politique.
Le Burkina Faso est également engagé dans une alliance avec le Mali et le Niger, deux autres pays sahéliens dirigés par des régimes militaires, dans le cadre de l’Alliance des États du Sahel, renforçant ainsi sa coopération en matière de défense.
Il est essentiel de noter que le Burkina Faso fait face à des défis internes considérables, notamment des violences jihadistes meurtrières qui ont fait des milliers de victimes et des millions de déplacés internes. Dans ce contexte, ce partenariat avec la Russie peut également être interprété comme un effort pour renforcer la sécurité et la stabilité dans la région.
Les perspectives d’avenir
L’accord entre le Burkina Faso et la Russie pour la construction d’une centrale nucléaire est une étape audacieuse pour répondre aux besoins énergétiques d’une nation en transition. Il met en lumière les défis et les opportunités auxquels le Burkina Faso est confronté, tout en soulignant les implications géopolitiques de cette collaboration. Ce partenariat peut potentiellement renforcer la position du Burkina Faso sur la scène internationale, mais il faudra surmonter de nombreux obstacles pour atteindre cet objectif ambitieux.