Le Brésil se prépare à réintroduire l’heure d’été, une mesure abandonnée en 2019, pour contrer la crise énergétique aggravée par une sécheresse prolongée. Les autorités ont donné leur feu vert à cette initiative, qui vise à réduire la consommation d’électricité durant les heures de pointe en optimisant l’utilisation de la lumière naturelle. En avançant l’heure d’une heure entre novembre et février, l’objectif est d’alléger la pression sur un réseau déjà fragilisé par des niveaux historiquement bas dans les réservoirs hydroélectriques du pays.
Cette décision fait suite à une recommandation de l’ONS (Operador Nacional do Sistema Elétrico), qui alerte sur la baisse critique des réserves d’eau dans les réservoirs des centrales des régions sud-est et centre-ouest du pays. Le niveau de ces réserves est inférieur à 50 % de leur capacité, une situation qui coïncide avec une réduction significative des précipitations. Le retour à l’heure d’été permettrait ainsi de réduire la demande en électricité lors des pics de consommation, notamment en fin de journée, période durant laquelle la production solaire diminue.
Impact immédiat sur le réseau électrique
La décision de rétablir l’heure d’été intervient alors que le Brésil continue de dépendre massivement de l’énergie hydroélectrique. Bien que les investissements dans les énergies renouvelables, telles que l’éolien et le solaire, aient progressé, ces sources ne compensent pas encore la diminution de la production des barrages. Les autorités espèrent que le décalage horaire aidera à réduire la consommation globale d’électricité pendant les périodes critiques, diminuant ainsi la nécessité de recourir à des sources d’énergie plus coûteuses, comme les centrales thermiques.
Selon l’ONS, cette mesure permettrait de mieux gérer les besoins en électricité sans nécessiter d’importantes importations d’énergie, évitant ainsi une augmentation des coûts pour les consommateurs. Le rétablissement de l’heure d’été pourrait également limiter le recours à des solutions temporaires et coûteuses, telles que la mise en place de centrales thermiques ou l’importation d’électricité des pays voisins.
Réactions divergentes des secteurs économiques
Le retour de l’heure d’été suscite des réactions diverses au sein des différents secteurs économiques du Brésil. Les bars et restaurants, regroupés au sein de l’association Abrasel, soutiennent cette décision. Ils estiment qu’une heure de lumière supplémentaire le soir pourrait augmenter le nombre de clients pendant la tranche horaire de 18 à 20 heures, stimulant ainsi leur chiffre d’affaires. Cette extension de la journée pourrait entraîner une augmentation de leurs revenus d’environ 10 %.
Cependant, pour les compagnies aériennes, la mesure engendrerait des coûts supplémentaires. Les ajustements horaires nécessaires pour synchroniser les vols et gérer les équipages seraient complexes et coûteux. Des modifications des plannings de vol seraient inévitables, et la coordination avec les partenaires internationaux pourrait également être affectée.
Un dilemme politique pour le gouvernement
Le retour de l’heure d’été, bien qu’approuvé par les autorités énergétiques et certains acteurs économiques, doit encore recevoir l’aval final du président Luiz Inácio Lula da Silva. Le gouvernement brésilien évalue actuellement d’autres alternatives pour gérer la crise énergétique, y compris des solutions à plus long terme telles que l’accélération des investissements dans les infrastructures énergétiques renouvelables.
Le ministre des Mines et de l’Énergie, Alexandre Silveira, a exprimé des réserves quant à cette mesure, soulignant qu’elle nécessitait une évaluation approfondie avant de la mettre en œuvre. Bien qu’il ait initialement montré un soutien à ce retour, il souhaite désormais examiner d’autres options, témoignant des divergences au sein de l’exécutif brésilien sur la meilleure manière de gérer cette crise énergétique.
Perspectives et défis à venir
Le contexte énergétique brésilien demeure complexe. Alors que la production hydroélectrique, longtemps pilier de l’approvisionnement en électricité du pays, est menacée par des conditions climatiques défavorables, le Brésil doit se tourner davantage vers les énergies alternatives pour combler le déficit. Toutefois, la transition vers des sources renouvelables, telles que le solaire et l’éolien, ne se fait pas suffisamment rapidement pour compenser les baisses de production. Les autorités devront ainsi jongler entre des solutions d’urgence, comme l’heure d’été, et des stratégies à long terme pour diversifier le mix énergétique.
Dans ce cadre, la réintroduction de l’heure d’été n’est qu’une mesure temporaire destinée à éviter une nouvelle hausse des prix de l’électricité et des perturbations plus graves sur le réseau. Elle souligne les défis structurels auxquels le Brésil est confronté en matière de gestion de ses ressources énergétiques, notamment face aux fluctuations climatiques qui affectent directement sa capacité à produire de l’électricité.