Le Brésil, confronté à des niveaux historiquement bas de ses réservoirs hydroélectriques en raison de vagues de chaleur prolongées, se tourne massivement vers le gaz naturel liquéfié (GNL). Le pays, qui dépend fortement de l’hydroélectricité pour son alimentation en électricité, doit trouver des solutions alternatives pour répondre à ses besoins énergétiques. En septembre 2024, le Brésil a importé environ 280 000 tonnes de GNL, un chiffre qui reflète une montée en puissance significative par rapport aux mois précédents.
Ce recours accru au GNL survient alors que le pays doit compenser une baisse importante de production d’électricité d’origine hydroélectrique. Les besoins énergétiques croissants du Brésil, combinés à une infrastructure de production d’énergie renouvelable encore limitée, exacerbent cette demande. Les importations de GNL permettent de pallier les lacunes temporaires, en particulier dans les mois d’hiver où la consommation augmente. Cette situation modifie la dynamique du marché global du GNL et renforce la pression sur les prix.
Concurrence internationale pour les cargaisons de GNL
Cette hausse des importations place le Brésil dans une compétition directe avec les acheteurs européens et asiatiques pour sécuriser des cargaisons sur le marché mondial du GNL. Alors que les niveaux de stockage de gaz en Europe sont relativement élevés après l’hiver dernier, la demande brésilienne contribue à créer un déséquilibre. En effet, pour attirer des livraisons, le Brésil est contraint de proposer des prix supérieurs à ceux du marché européen. Selon les données de S&P Global Commodity Insights, le prix du GNL livré au Brésil (DES Brazil) pour des livraisons à 15-45 jours atteint 11,761 $/MMBtu fin septembre 2024, dépassant les prix européens de plusieurs centimes par MMBtu.
La demande pour le GNL au Brésil n’est pas uniquement liée à la saisonnalité. En 2024, le pays a déjà reçu 31 cargaisons de GNL, contre seulement 13 à la même période en 2023. Cela illustre l’importance croissante du gaz dans la production énergétique brésilienne, qui est passée à des niveaux sans précédent. Cette augmentation des volumes d’importation place le Brésil parmi les principaux acheteurs de GNL dans le monde, à un moment où l’Europe et l’Asie se préparent également à une forte demande hivernale.
L’impact sur le marché domestique brésilien
Le recours croissant au GNL résulte directement des conditions météorologiques défavorables, mais il révèle également des lacunes structurelles dans le secteur énergétique brésilien. Bien que le Brésil dispose d’une importante capacité hydroélectrique, les aléas climatiques et la variabilité de la production imposent des solutions complémentaires pour assurer la stabilité du réseau électrique. Les centrales à gaz, qui représentent une part croissante de la production nationale, nécessitent un approvisionnement régulier en gaz naturel. Le GNL, par sa flexibilité, s’avère être une ressource indispensable, bien que coûteuse.
En parallèle, les infrastructures de gaz naturel au Brésil, bien qu’en développement, peinent encore à répondre à la demande croissante. L’approvisionnement par gazoducs depuis la Bolivie n’est pas suffisant pour combler la demande, ce qui pousse le pays à augmenter ses importations de GNL. Le Brésil doit donc continuer à moderniser ses capacités de stockage et de distribution pour améliorer sa sécurité énergétique à long terme.
Perspectives pour les mois à venir
Alors que l’hiver approche, les prévisions météorologiques restent incertaines. Toutefois, les importateurs brésiliens anticipent une demande stable voire croissante pour le GNL. Plusieurs cargaisons en provenance des États-Unis sont attendues dans les prochaines semaines pour répondre aux besoins immédiats. Les acteurs du marché s’attendent à une intensification de la concurrence entre les différentes régions du monde pour sécuriser des approvisionnements en GNL.
En parallèle, les prix du GNL devraient rester élevés, notamment en raison des tensions sur les marchés internationaux. Les traders s’attendent à ce que le Brésil continue de payer des primes par rapport aux prix européens pour attirer les cargaisons, en particulier si l’Europe fait face à une vague de froid cet hiver. Cela pourrait rendre l’accès au GNL encore plus difficile pour les pays en développement, qui se voient contraints de renoncer à certaines cargaisons en raison des coûts élevés.
Dans ce contexte, les perspectives pour le marché énergétique brésilien restent incertaines. Alors que le pays dépend de plus en plus du GNL pour stabiliser son réseau, la dépendance à des sources d’énergie importées augmente. Le Brésil devra continuer à naviguer entre des contraintes climatiques, un marché mondial tendu et des besoins énergétiques croissants pour maintenir sa sécurité énergétique.