L’approvisionnement en carburant du Mali est gravement perturbé par un blocus imposé depuis un mois par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda. Ce groupe cible les convois en provenance de pays voisins, notamment le Sénégal et la Côte d’Ivoire, principaux corridors d’importation pour le pays sahélien.
Les réseaux logistiques en ligne de mire
Le JNIM s’en prend spécifiquement aux camions-citernes, en réaction à l’interdiction par les autorités maliennes de la vente de carburant hors stations en zones rurales. La mesure, mise en place pour limiter l’accès des groupes armés à l’essence, a déclenché une série d’attaques meurtrières. Plusieurs chauffeurs et membres de l’armée ont été tués ou enlevés, et des dizaines de véhicules ont été incendiés sur les routes principales.
Malgré la mise en place d’escortes militaires, l’Office national des produits pétroliers (ONAP) a confirmé que son stock de sécurité, censé couvrir trois jours de consommation nationale, est désormais épuisé. L’organisme indique qu’il n’a aucune visibilité sur le rétablissement du flux de carburant.
Bamako confrontée à la rareté du carburant
Jusqu’à récemment épargnée, la capitale malienne est désormais soumise aux mêmes pénuries que le reste du pays. Les files d’attente s’allongent devant les stations-service, désormais peu nombreuses à rester ouvertes. Les professionnels du secteur affirment ne plus être en mesure de garantir l’approvisionnement des régions et concentrent leurs efforts sur Bamako.
Les restrictions sur les déplacements de camions, autorisés à circuler uniquement sous escorte militaire, entraînent une arrivée sporadique du carburant. Cette logistique fragmentée complique davantage les prévisions et fragilise les réseaux de distribution.
Impact immédiat sur l’électricité et le commerce local
La dépendance du Mali à l’électricité d’origine thermique accentue les effets du blocus. La société Energie du Mali a ramené la distribution électrique à six heures par jour dans certaines zones, contre dix-neuf auparavant. Dans d’autres villes, l’alimentation est complètement interrompue en raison de l’absence de carburant pour alimenter les groupes électrogènes.
Les conséquences économiques sont déjà visibles dans plusieurs localités comme Mopti, Ségou ou San. Les commerçants déplorent la perte de marchandises périssables et la chute d’activité. L’incertitude sur la reprise de l’approvisionnement pousse les habitants à se mobiliser dès l’aube pour espérer accéder à quelques litres de carburant.
Contrôle des prix et spéculations
Face aux hausses de prix observées dans plusieurs stations, le parquet général de Bamako a ordonné des poursuites contre les acteurs accusés de spéculations ou de diffusion d’informations jugées alarmistes. Des mesures de contrôle ont été prolongées par les autorités de transition, notamment l’escorte des camions et la surveillance des prix en station.
Le gaz butane, utilisé pour la cuisson, commence également à manquer dans la capitale. La pression sur les réseaux de distribution s’intensifie alors que la visibilité sur la fin du blocus reste limitée. Le Premier ministre malien a réaffirmé l’engagement de l’exécutif à sécuriser l’approvisionnement, malgré les difficultés logistiques persistantes.