Suite aux annonces faites le 12 janvier 2022, l’Arabie Saoudite souhaite commercialiser son uranium et l’utiliser pour son programme nucléaire naissant. En outre, le Ministre de l’Energie a prévu de nouvelles annonces la semaine prochaine pour des projets pilotes en matière d’hydrogène.
L’Arabie Saoudite et ses ambitions nucléaires
Le Future Minerals Summit, la première conférence minière d’Arabie Saoudite, a été l’occasion d’annonces clés de la part du gouvernement. Le prince Abdulaziz bin Salman, Ministre de l’Energie, a ainsi déclaré vouloir exploiter les réserves « énormes » d’uranium de l’Arabie Saoudite.
Cette déclaration s’inscrit dans la stratégie de diversification d’un mix énergétique et économique encore très dépendant des hydrocarbures.
Il n’existe pas de chiffres officiels sur l’état des réserves du pays. Cependant, une interview datant de 2018 du prince héritier, Mohammed bin Salman, les estimait à 5% des réserves mondiales. Un rapport de The Guardian de 2020, lui, chiffre les « dépôts présumés » à 90.000 tonnes soit 1,4% des réserves mondiales.
Yellow cake
L’Arabie Saoudite entend exploiter l’uranium, le commercialiser, et le développer jusqu’à sa forme en poudre de concentré, le « yellow cake ». Ce concentré est obtenu via le traitement intermédiaire du minerai et est une étape cruciale vers l’enrichissement.
L’enrichissement de l’uranium est nécessaire pour la fission nucléaire dans les réacteurs à usage civil et militaire.
17 GW d’ici à 2040
Le royaume ne dispose pas actuellement de capacité de production nucléaire. Cependant, le Ministère de l’Energie a prévu l’ajout de 17 GW de capacités nucléaires d’ici 2040. Deux réacteurs nucléaires de 3,2 GW devraient être mis en ligne au cours de la prochaine décennie.
L’Arabie Saoudite est en discussions avec la Chine pour développer un programme nucléaire. Auparavant le pays parlait avec l’administration américaine de Donald Trump pour l’obtention d’un « accord 123 ». Un tel accord limiterait le pourcentage d’enrichissement à des utilisations civiles.
Mieux penser la transition énergétique
Le Ministre de l’Energie saoudien a également interpellé sur les nouveaux défis liés à la sécurité énergétique. Il craint que la concentration des minerais dans une poignée de pays ne conduise à sa fragilisation. Cela conduirait à l’émergence de nouvelles formes d’oligopole.
Abdulaziz bin Salman souhaite des réflexions plus profondes sur la manière de conduire la transition énergétique. Son pays avait dévoilé ses objectifs de neutralité carbone d’ici 2060 avant la conférence des Nations Unies sur le changement climatique à Glasgow.
Il faut également noter que la société d’État Aramco, plus grand exportateur pétrolier du monde, vise des émissions nettes nulles d’ici 2050.
L’Arabie Saoudite veut s’imposer sur le terrain de l’hydrogène
Dans le cadre du Future Minerals Summit, des allusions à des projets pilotes pour l’hydrogène ont été entendues. Le royaume souhaite développer des capacités de production d’hydrogène bleu et vert, et devenir ainsi un pays leader du domaine.
Ce développement s’inscrit dans la stratégie Vision 2030 de diversification de l’Etat saoudien. L’Arabie Saoudite privilégiera ainsi une approche basée sur le partenariat.
L’hydrogène vers l’Europe
Le royaume a notamment mentionné l’Union Européenne comme partenaire potentiel pour des livraisons d’ammoniac par exemple. De plus, le pays souhaite devenir « la prochaine Allemagne » dans le domaine des énergies renouvelables et exporter par pipeline l’hydrogène vers l’Europe.
Saudi Aramco a d’ores et déjà signé des accords pour développer des capacités de production d’hydrogène. Celles-ci s’appuient sur de l’électrolyse alimentée par de l’énergie solaire et éolienne. En 2020, la société a expédié une cargaison d’ammoniac bleu au Japon, l’un de ses plus gros acheteurs de brut.