Le lancement du Nord Stream 2 est en suspens depuis l’achèvement de sa construction début septembre 2021.
L’Allemagne a en effet temporairement suspendu la procédure de certification, alors que la Russie assure qu’il sera opérationnel dès janvier 2022.
Depuis l’annonce de sa création, le gazoduc a suscité de multiples rivalités et conflits d’intérêts. Retour sur les derniers bouleversements du gazoduc de la discorde.
Le lancement du Nord Stream 2 sur les rails côté russe
Le 13 décembre 2021, les opérations de remplissage de la deuxième ligne ont commencé. Deux mois après le remplissage de la première. L’opération consiste ainsi à établir l’inventaire, le volume et la pression requise pour la mise en service du gazoduc. Une mise en service qui pourrait intervenir dès la mi-janvier 2022 selon les autorités russes.
Cependant, une fois les opérations de remplissage terminées, il faut encore que le gazoduc obtienne la certification des autorités allemandes et européennes. Or, les autorités allemandes annoncent qu’il n’y aura pas de certification du Nord Stream 2 avant mi-2022. La certification étant même, pour l’heure, suspendue.
Feuilleton juridique
À compter du 8 septembre 2021, l’Agence fédérale des réseaux allemands disposait d’un délai de quatre mois afin de publier sa décision de certification. Mais après deux mois de discussions, l’instance fédérale a finalement suspendu le processus d’homologation début décembre.
Pour cause, l’actionnaire unique Gazprom de l’opérateur Nord Stream 2 AG doit obtenir une certification en tant qu’opérateur indépendant pour relancer la procédure. Or, celui-ci est basé à Zoug, en Suisse
Pas de certification avant la mi-2022
Une fois ce transfert d’actifs effectué, le chef du régulateur allemand a subséquemment déclaré que la décision de certification n’interviendrait « pas avant le premier semestre 2022 ». Le lancement du Nord Stream 2 serait donc retardé.
D’ici là, de nouveaux rebondissements pourraient surgir. D’autant qu’une fois l’approbation du régulateur allemand obtenue, la Commission européenne (CE) devra encore donner la sienne. La CE dispose pour cela d’un délai de quatre mois.
Ensuite, cette décision sera retournée au régulateur allemand qui disposera de deux mois supplémentaires pour publier la décision finale. Une vaste procédure politique de « navette » est donc amorcée. Et dans le cas où les délais sont respectés, la décision finale ne pourra intervenir qu’à la mi-2022.
Délai qui retarderait ainsi la mise en activité du Nord Stream 2. Conséquence directe : les prix du gaz en Europe devrait continuer d’augmenter, au moins jusqu’à la mise en service du gazoduc.
Le marché du gaz en suspens
Le marché européen du gaz subit en effet les conséquences de ce retard dans la certification. Suite à ces annonces, le prix du gaz naturel a ainsi augmenté de 12%. Dans un contexte où les prix atteignent déjà des sommets et où la baisse du transit du gaz russe vers l’Europe est amorcée.
En outre, le Nord Stream 2 est au centre d’une « passe d’arme diplomatique » entre la Russie, les États-Unis, l’Allemagne et l’Union Européenne (UE). Les européens mettent en effet la pression sur la Russie concernant son comportement aux frontières ukrainiennes.
En revanche, les enjeux économiques, politiques et énergétiques semblent trop importants pour écarter complètement l’infrastructure des plans énergétiques européens. Nord Stream 2 tend donc à s’imposer, quel que soit le délai de sa mise en service. Le gazoduc ayant déjà survécu à une salve de sanctions américaines et à plusieurs arrêts dans sa construction.