Le marché des voitures électriques en Allemagne a traversé une année noire en 2024, marquée par une baisse spectaculaire de 27 % des immatriculations, selon les données de l’agence fédérale de l’automobile (Kraftfahrt-Bundesamt, KBA). Cette baisse a entraîné un recul global du marché automobile, avec un total de 2,81 millions de véhicules immatriculés, soit une diminution de 1 % par rapport à l’année précédente.
Les conséquences de la fin des subventions
L’arrêt brutal des subventions publiques à l’achat de voitures électriques en décembre 2023 a eu un impact majeur sur la demande. Les consommateurs, confrontés à une inflation persistante et à des modèles électriques plus coûteux que leurs équivalents thermiques, ont reporté leurs décisions d’achat. La part de marché des voitures électriques est tombée à 13,5 %, contre près de 19 % en 2023.
Malgré cette baisse, les véhicules hybrides affichent une croissance de 12,7 %, représentant désormais une immatriculation sur trois. Pendant ce temps, les moteurs thermiques à essence ont regagné du terrain, avec une augmentation de leurs ventes de 1,4 %, soulignant une dynamique défavorable à la transition énergétique.
Un recul à l’échelle européenne
Cette crise ne se limite pas à l’Allemagne. En novembre 2024, les ventes de voitures électriques ont diminué dans 14 des 27 pays de l’Union européenne, leur part de marché passant de 16,3 % à 15 %, selon le cabinet EY. Les constructeurs européens sont confrontés à une concurrence accrue des fabricants chinois et à des coûts de production élevés.
Pressions réglementaires et enjeux politiques
Depuis début janvier 2025, de nouvelles sanctions européennes imposent des seuils de pollution plus stricts pour les moteurs thermiques. Ces réglementations pourraient coûter jusqu’à 16 milliards d’euros en capacité d’investissement, selon l’Association des Constructeurs Européens d’Automobiles (ACEA). Lors d’un sommet en décembre, le chancelier Olaf Scholz a exhorté la Commission européenne à trouver des solutions pour ne pas compromettre les investissements dans l’électromobilité.
Sur le plan géopolitique, l’industrie allemande fait face à des menaces externes, notamment les droits de douane annoncés par Donald Trump et les surtaxes européennes sur les voitures électriques chinoises, qui pourraient entraîner des mesures de rétorsion de Pékin.
Un avenir incertain pour le marché électrique
Les perspectives pour 2025 restent incertaines. Bien que le cabinet EY anticipe un redressement progressif du segment électrique, les baisses de prix nécessaires pour attirer les consommateurs risquent de peser lourdement sur la rentabilité des constructeurs. En outre, les initiatives fiscales limitées, telles que les allègements pour les voitures électriques de fonction, n’ont pas encore suffi à restaurer la confiance des acheteurs.
Alors que le chef de la CDU, Friedrich Merz, plaide contre l’interdiction des moteurs thermiques d’ici 2035, Olaf Scholz mise sur une prime européenne à l’achat pour relancer la demande. Cependant, les tensions politiques et économiques continuent de compliquer la transition énergétique de l’Allemagne.