En 2024, la première économie européenne, l’Allemagne, a franchi une étape importante en matière de politique énergétique. Selon le régulateur allemand de l’énergie, les énergies renouvelables ont représenté 59 % de la production totale d’électricité, contre 56 % en 2023. Ce chiffre constitue un record historique pour le pays.
L’éolien, terrestre et maritime, reste la principale source d’énergie avec une contribution de 31,9 % à la production totale. Cette proportion est restée stable par rapport à l’année précédente. En revanche, l’énergie photovoltaïque a enregistré une progression notable, atteignant environ un septième du bouquet énergétique allemand. Cette augmentation a été soutenue par un ensoleillement exceptionnel durant l’été et une hausse significative de la puissance installée.
Une politique de réduction du charbon et un recours accru au gaz naturel
Parallèlement, l’Allemagne poursuit sa stratégie de réduction de l’utilisation du charbon. En 2024, la part de cette source historique d’énergie est tombée en dessous de 23 %, contre 26 % l’année précédente. Cette diminution s’inscrit dans la politique gouvernementale visant à éliminer totalement le charbon d’ici 2035.
Cependant, le gaz naturel, favorisé par des prix compétitifs, a vu sa part augmenter de 8,6 %, atteignant 13,2 % de la production totale. Le gouvernement allemand, dirigé par Olaf Scholz, continue de miser sur cette source fossile pour pallier l’intermittence des énergies solaire et éolienne.
Transition énergétique et dépendance accrue aux importations
L’année 2024 marque également la disparition totale du nucléaire en Allemagne, après la fermeture des dernières centrales en 2023. Cette transition a entraîné une hausse de 13,8 % des importations d’électricité, tandis que les exportations ont reculé de 10 %. La France est devenue le principal fournisseur d’électricité de l’Allemagne, bénéficiant de prix de gros compétitifs.
Malgré cette dépendance croissante aux importations, le prix moyen de l’électricité en Allemagne a enregistré une baisse significative en 2024, après les niveaux records atteints lors de la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine en 2022.
Critiques et enjeux politiques à venir
L’objectif ambitieux du gouvernement de porter la part des énergies renouvelables à 80 % de la consommation brute d’électricité d’ici 2030 continue de susciter des débats. Actuellement, l’Espagne atteint 51 %, l’Italie 37 %, et la France 25 %, selon le site Electricity Maps.
La politique énergétique menée par les sociaux-démocrates et les écologistes est vivement critiquée par l’opposition conservatrice à l’approche des élections législatives. Les conservateurs de la CDU, favoris des sondages, critiquent le développement intensif des éoliennes et évoquent, pour certains, une réouverture des centrales nucléaires. Une option jugée irréaliste par la majorité des experts.