L’Allemagne a un nouveau chancelier depuis le 8 décembre 2021 en la personne d’Olaf Scholz. Avec son gouvernement de coalition, sa première mesure consiste en l’accélération de la transition énergétique de la République fédérale.
Objectif : une baisse de 65% des émissions de CO2 d’ici à 2030 par rapport au niveau de 1990. Or, cet objectif a de quoi rendre sceptique en raison du mix énergétique actuel et des prévisions de consommation.
L’Allemagne dévoile ses 1ères mesures de transition
En Allemagne, la production électrique repose à 18% sur le charbon. Avec une hausse de 26% des extractions de lignite. Par ailleurs le pays reste le premier consommateur et producteur de carburant en Europe. Quant à la consommation d’énergie, elle est appelée à augmenter de 16 à 23% d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2019.
Afin d’absorber cette hausse de la demande et sortir des hydrocarbures, le gouvernement Scholtz prévoit plusieurs actions.
Fermeture des centrales à charbon d’ici à 2030
Premièrement, la fermeture de centrale à charbon et une transition vers un mix entre 65% et 80% de renouvelable. L’accord de coalition prévoit ainsi d’avancer la date d’abandon du charbon de 2038 à 2030.
Deuxièmement, le renouvellement du parc automobile allemand avec 15 millions de véhicules électriques et le développement de l’industrie des batteries.
Troisièmement, doubler les capacités d’électrolyse d’hydrogène vert en Allemagne. Un plan ambitieux, mais qui nécessite des clarifications et surtout s’oppose aux réalités d’un marché dominé par les hydrocarbures.
Coût social pour le plus grand pays industriel d’Europe
Et pour cause, l’Allemagne est le plus grand pays industriel d’Europe avec notamment la métallurgie et la pétrochimie. Deux filières très émettrices ou les technologies électriques peinent à apporter une alternative aux hydrocarbures.
Qui plus est, la perte de compétitivité de ces deux secteurs aurait un coût social non négligeable. Seules les technologies à base d’hydrogène pourraient apporter une solution. Une solution néanmoins difficilement à déployer en une mandature.
Marché de l’énergie instable
Autre point, la République fédérale va devoir faire face à un marché de l’énergie très instable. Selon Platts Analytics les prix de l’énergie sont appelés à doubler d’ici à 2023 par rapport à la moyenne 2016-2020.
De plus, l’Allemagne reste très dépendante de ses importations de gaz russe, dont l’approvisionnement fluctue en fonction de l’environnement géopolitique. Une volatilité qui ne joue pas en faveur des investissements verts, mais plutôt d’une consolidation des actifs déjà en place. Soit les hydrocarbures.
Par ailleurs, le nouveau gouvernement n’a pas fait mention du projet Nord Stream 2 dans son traité.
La conjoncture actuelle n’est donc pas favorable aux objectifs du nouveau gouvernement allemand. Néanmoins, les investissements dans la transition énergétique ne devraient pas reculer. Et ce, même si le marché de l’énergie est instable.