Le gouvernement de l’État de Lagos a annoncé le 2 juin le lancement du plus vaste projet de foyers de cuisson propres en Afrique, dans le cadre d’un mécanisme de crédits carbone conforme à l’Accord de Paris. L’initiative vise la distribution de 80 millions de foyers améliorés à travers le pays et pourrait générer jusqu’à 1,2 milliard de tonnes de crédits d’émission, utilisables dans les marchés carbone nationaux et internationaux.
Déploiement initial de 6 millions d’unités
Titilayo Oshodi, conseillère spéciale du gouverneur de Lagos, a déclaré lors de la cérémonie d’inauguration que la première phase du projet débuterait ce mois-ci avec la distribution de six millions de foyers. Le projet s’inscrit dans le cadre de l’Article 6.4 de l’Accord de Paris, permettant à des entités de réduire les émissions dans un pays et de transférer les crédits ainsi générés vers un autre pays, via des mécanismes de compensation réglementés.
Ce système permet aux gouvernements ou entreprises des pays industrialisés d’acheter ces crédits pour compenser une partie de leurs propres émissions, tout en finançant des projets dans des pays à faibles revenus. Selon les données de S&P Global Commodity Insights, les crédits générés par les appareils domestiques, incluant les foyers améliorés, sont actuellement valorisés à seulement $3 par tonne de CO₂ équivalent.
Un marché sous pression malgré une demande croissante
Les foyers améliorés visent à remplacer les méthodes de cuisson traditionnelles utilisant le charbon, le bois ou les déchets agricoles, très répandues en Afrique subsaharienne. Ces pratiques sont non seulement sources d’émissions élevées, mais également responsables de nombreux décès prématurés dus à la pollution intérieure. Les équipements distribués utilisent des combustibles plus propres et promettent une meilleure efficacité énergétique.
Cependant, les programmes similaires ont récemment été critiqués pour avoir surestimé leurs bénéfices, ce qui a conduit à une émission excessive de crédits. Cette problématique a contribué à une chute de la valeur des crédits associés à ces dispositifs. Les observateurs du marché signalent que la fiabilité des données d’émissions évitées demeure un enjeu central pour assurer la viabilité du mécanisme.
Une initiative suivie de près par les marchés
Ce programme constitue une première tentative à grande échelle d’un État nigérian pour participer activement aux marchés carbone mondiaux à travers des mécanismes de réduction certifiés. L’intégration de cette initiative dans le marché carbone domestique du Nigeria, encore en phase de structuration, pourrait servir de test pour d’autres gouvernements africains.
Selon les projections annoncées, si le projet atteint ses objectifs, le Nigeria pourrait devenir l’un des plus importants fournisseurs de crédits carbone domestiques et transférables au niveau mondial, en fonction de l’évolution des méthodologies de vérification et de la demande sur les marchés internationaux.