Les pays africains cherchent à capter une part plus importante de la valeur créée dans les chaînes de technologies énergétiques, aujourd’hui dominées par les économies industrialisées. Moins de 5 % de cette valeur revient actuellement aux pays émergents et en développement hors Chine, selon les dernières données disponibles. Le continent reste cantonné à l’extraction minière, avec une participation limitée aux étapes de transformation industrielle et de fabrication technologique.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a été sollicitée par le gouvernement sud-africain pour fournir une analyse stratégique sur les opportunités de développement industriel liées aux technologies énergétiques. L’objectif est de nourrir les débats prévus dans le cadre des réunions du G20 organisées à Johannesburg en 2025, en intégrant les enjeux propres au continent africain dans les discussions internationales.
Capacités locales encore limitées
Peu d’installations sont aujourd’hui présentes en Afrique pour transformer les minéraux critiques comme le lithium, le cobalt ou le manganèse, pourtant abondants dans plusieurs sous-sols africains. Les usines de fabrication de composants pour batteries, panneaux solaires ou systèmes éoliens restent rares, malgré une demande mondiale en forte croissance.
L’absence d’infrastructures industrielles freine la création de valeur locale et limite les retombées économiques pour les pays producteurs. L’AIE estime que des investissements dans le raffinage, la métallurgie et la fabrication d’équipements pourraient permettre à plusieurs États africains d’émerger comme des acteurs industriels dans les chaînes énergétiques mondiales.
Vers une stratégie de montée en gamme
Le rapport propose d’orienter les politiques publiques vers la création de hubs régionaux de transformation et de production technologique. Une telle approche permettrait de mutualiser les ressources et de renforcer la viabilité économique des projets industriels. L’Afrique du Sud, par exemple, examine actuellement les moyens de structurer des chaînes de valeur locales autour de ses ressources en platine, vanadium et manganèse.
Parallèlement, des pays comme la République démocratique du Congo et le Mozambique étudient la possibilité de capter une partie de la valeur ajoutée dans la chaîne de production de batteries. Ces ambitions nécessitent toutefois des investissements importants dans la formation, la logistique, les normes industrielles et l’accès au financement.
Un levier diplomatique et économique
La volonté de certains pays africains de remonter la chaîne de valeur intervient dans un contexte de reconfiguration mondiale des approvisionnements en matières premières stratégiques. L’instabilité géopolitique et les tensions commerciales renforcent l’attrait pour des sources alternatives, plus diversifiées et sécurisées.
La question du rôle industriel de l’Afrique dans la transition énergétique mondiale pourrait devenir un sujet central des négociations internationales sur l’approvisionnement en technologies propres. « Il existe un potentiel réel pour que les pays africains deviennent des maillons industriels dans les chaînes mondiales, au-delà de leur rôle de fournisseurs de ressources », indique l’étude.