La construction et la modernisation des infrastructures de raffinage en Afrique connaissent un élan sans précédent, malgré des prévisions pessimistes concernant les marges bénéficiaires mondiales. Alors que le continent fait face à des défis liés à une concurrence accrue et à une demande fluctuante, il s’impose comme un acteur clé pour attirer les investissements mondiaux.
Une infrastructure en pleine transformation
Angola, Ghana, et le Congo figurent parmi les pays en tête de cette dynamique. L’Angola prévoit l’ouverture de trois nouvelles raffineries d’ici 2027, tandis que la République du Congo et le Ghana envisagent d’ajouter 100 000 barils par jour (b/j) à leur capacité grâce à des projets soutenus par des financements chinois. En Ouganda, un partenariat avec les Émirats arabes unis vise à inaugurer une première raffinerie en 2027, renforçant ainsi les capacités locales et régionales.
Cependant, ces ambitions se heurtent à des contraintes. La volatilité des prix du pétrole, aggravée par des subventions coûteuses, freine les profits. Par exemple, le Nigeria a dépensé plus de 10 milliards de dollars en 2022 pour maintenir les prix des carburants bas, compromettant ainsi des investissements alternatifs.
Des investissements stratégiques pour l’avenir
La demande en produits pétroliers en Afrique continue de croître. Selon les prévisions de S&P Global Commodity Insights, la consommation devrait augmenter de 50 % d’ici 2050, attirant des investisseurs de Chine, de Russie et du Moyen-Orient. La raffinerie Dangote au Nigeria, avec une capacité de 650 000 b/j, illustre cet attrait. Financée par Aliko Dangote, elle met en lumière l’impact des investissements privés dans l’expansion des infrastructures.
Les corridors ferroviaires comme celui de Lobito en Angola, reliant la Zambie et la République démocratique du Congo (RDC), constituent également un atout pour soutenir les chaînes logistiques. Ces initiatives renforcent non seulement l’autosuffisance énergétique mais stimulent aussi le commerce intra-africain.
Défis régionaux et visions collaboratives
La rentabilité des raffineries à petite échelle reste un défi. Au Congo, la raffinerie CORAF, bien que non rentable, bénéficie toujours d’un soutien gouvernemental pour maintenir l’approvisionnement local. Cette approche contraste avec celle de la Namibie, qui prône une coopération régionale pour développer des hubs énergétiques compétitifs.
D’autres initiatives régionales incluent des projets de pipelines entre la Zambie et l’Angola ou encore des discussions pour connecter le Kenya, l’Ouganda et le Rwanda. Ces projets visent à surmonter les contraintes logistiques et à réduire les coûts de distribution, essentiels pour maximiser les bénéfices des raffineries africaines.
Vers une transformation durable
L’Afrique se positionne comme une « dernière frontière » pour les investissements raffinier grâce à sa demande croissante et à ses ressources inexploitées. Cependant, la réussite de ces projets dépendra de l’efficacité des infrastructures, des collaborations régionales et des politiques favorisant les investisseurs.