L’Afrique du Sud entend accélérer sa transition énergétique. Pour ce faire, elle peut compter sur le soutien financier de l’Europe. L’UE, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France ont promis une enveloppe de $8,5 milliards allant dans ce sens. Il s’agit alors d’aider l’Afrique du Sud à se passer du charbon.
De fait, l’Afrique du Sud est le 12ème plus grand émetteur de carbone au monde. En 2019, le pays a rejeté quelque 430 Mt de CO2. C’est plus que le Mexique ou le Brésil.
L’Afrique du Sud travaille sur un plan d’investissement
Les ministres du pays se réuniront dans les jours à venir. Ils entendent discuter d’un plan d’investissement pour accélérer la transition énergétique de l’Afrique du Sud. De fait, ils ambitionnent de le finaliser avant la COP 27. Cette dernière se tiendra en Égypte, à partir du 31 octobre.
Toutefois, l’Afrique du Sud n’a toujours pas de plan à présenter aux donateurs. De plus, les conditions des fonds n’ont pas été convenues. Par ailleurs, il est important de souligner que 80% de ceux-ci ne sont pas des subventions, mais des prêts.
Barbara Creecy, ministre de l’environnement, explique:
« Je pense que nous avons sous-estimé la complexité de la situation lorsque vous avez quatre partenaires et que chacun d’entre eux a ses propres problèmes budgétaires et ses propres agences de développement. Il y a eu cette situation de la poule et de l’œuf où nous disions « donnez-nous un chapitre et un verset sur l’accord », et ils disaient « regardons les plans d’investissement ». »
Ainsi, pour accélérer le processus, l’Afrique du Sud travaille sur le plan d’investissement tout en discutant des conditions.
Elle ajoute:
« Le plan d’investissement est maintenant […] prêt à être examiné par le ministre. Nous aurons cette réunion cette semaine ou la semaine prochaine. Nous essayons toujours de respecter cette échéance [COP27]. »
Des obstacles
De fait, le pays fait face à de nombreux obstacles. Il s’agit de les surmonter afin de réellement accélérer la transition énergétique de l’Afrique du Sud, et de tenir les délais que le pays s’impose.
Un montant insuffisant
L’Afrique du Sud souhaite décarboner Eskom, la compagnie nationale d’électricité qui enregistre, d’ailleurs, une importante dette. Celle-ci repose principalement sur le charbon, qui fournit 80% de sa production. Ainsi, le pays souhaite accélérer sa transition vers les énergies renouvelables.
Ensuite, le gouvernement ambitionne de faire du pays un leader en matière de fabrication de véhicules électriques et mais aussi en ce qui concerne l’hydrogène.
Toutefois, l’enveloppe de 8,5 millions de dollars semble insuffisante. B. Creecy explique que ces subventions serviront aux éléments ne générant pas de revenus comme les études de faisabilité. Elle déclare:
« Pour que l’Afrique du Sud passe d’une situation actuelle à une situation nette zéro en 2050, il s’agit de billions, et non de milliards de rands. »
Une opposition politique
Outre la question de la somme, l’Afrique du Sud est le théâtre d’une forte opposition au sein du Congrés. Par exemple, des dirigeants syndicaux craignent que la transition énergétique impacte négativement les emplois. Ces derniers estiment qu’elle pourrait conduire à la perte de 90.000 emplois dans les mines de charbon.
En outre, Gwede Mantashe, ministre de l’Énergie, est lui-même favorable au charbon. Ainsi, il multiplie les remarques sceptiques quant aux énergies renouvelables. Aussi, il pointe du doigt une certaine hypocrisie des nations européennes qui, face à la crise énergétique, reviennent au charbon.
B. Creecy rappelle d’ailleurs les critiques visant l’Afrique du Sud pendant la COP 26. Le pays a été critiqué alors qu’il invoquait des circonstances nationales pour expliquer l’utilisation du charbon.
Elle commente alors:
« L’Europe a perdu une partie de son autorité morale. Les mêmes pays qui nous ont critiqués invoquent maintenant eux-mêmes des circonstances nationales [pour brûler plus de charbon]. C’est un peu hypocrite, n’est-ce pas ? »