La Serbie a pris une décision historique en levant un moratoire sur le nucléaire civil instauré en 1989, trois ans après la catastrophe de Tchernobyl. Cette mesure a été adoptée par le Parlement serbe dans le cadre d’amendements à la législation énergétique, approuvés mercredi. La ministre des Mines et de l’Énergie, Dubravka Dedovic Handanovic, a qualifié cette initiative de « jour très important pour l’énergie en République de Serbie ».
La levée de ce moratoire ouvre des perspectives inédites pour le pays, qui dépend actuellement de ses ressources naturelles, notamment le charbon, pour près de 70 % de sa production électrique. Bien que cette abondance de charbon soit un avantage économique, elle a de lourdes conséquences environnementales et sanitaires. Chaque hiver, Belgrade, la capitale, figure parmi les villes les plus polluées au monde. En 2021, environ 15 000 décès liés à la pollution ont été recensés, selon l’Agence européenne de l’Environnement.
Un Engagement Européen et une Réponse aux Enjeux Climatiques
Cette décision intervient dans un contexte d’engagements internationaux. La Serbie, candidate à l’adhésion à l’Union européenne, s’est engagée à abandonner le charbon d’ici 2050. Pour atteindre cet objectif, le gouvernement explore depuis plusieurs années des alternatives énergétiques, le nucléaire étant en tête des options envisagées.
En août dernier, une étape importante a été franchie avec la signature d’une déclaration d’intention entre la Serbie et la France pour coopérer dans le domaine de l’énergie nucléaire. Cet accord a été perçu comme une avancée vers la diversification énergétique et un signal d’ouverture aux technologies européennes dans ce domaine.
Un Débat Public à Enjeux Multiples
La levée du moratoire intervient après un cycle de consultations nationales, menées sous l’impulsion de Mme Dedovic Handanovic. Ce processus a permis d’adresser les questions législatives et techniques nécessaires pour adapter le cadre réglementaire à cette transition.
Cependant, cette décision suscite des interrogations parmi les experts et la population. Si le nucléaire représente une alternative viable pour réduire les émissions de carbone, des préoccupations persistent quant à la gestion des déchets radioactifs et à la sécurité des installations. Les autorités serbes devront rassurer une opinion publique encore marquée par les catastrophes nucléaires passées.
Perspectives pour l’Économie et l’Environnement
La transition énergétique vers le nucléaire pourrait transformer profondément le paysage économique et environnemental du pays. Outre une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre, elle pourrait attirer des investissements étrangers et créer des emplois dans des secteurs hautement qualifiés.
Cependant, la route vers cette transition reste semée d’embûches. Le financement des infrastructures, l’acquisition de technologies adaptées et la formation des personnels qualifiés seront des défis majeurs à relever dans les années à venir.