La Russie poursuit sa stratégie d’expansion dans le secteur énergétique africain avec l’annonce d’une coopération accrue autour de l’uranium et du nucléaire civil au Niger. Le ministre russe de l’Énergie, Sergueï Tsiviliov, s’est rendu à Niamey à la tête d’une délégation pour rencontrer le chef de la junte militaire, le général Abdourahamane Tiani, marquant une nouvelle étape dans le rapprochement entre les deux pays.
Signature d’un mémorandum avec Rosatom
Le déplacement du ministre russe de l’Énergie a permis la signature d’un mémorandum de compréhension mutuelle entre le groupe public Rosatom et le ministère nigérien de l’Énergie. Ce document porte sur une coopération autour de l’exploitation de l’uranium et le développement d’un programme nucléaire civil local. Sergueï Tsiviliov a déclaré à la télévision nationale que l’objectif principal reste de créer un système complet autour de l’uranium, allant de l’extraction à la mise en place d’un modèle nucléaire civil national.
Depuis le coup d’État ayant porté la junte au pouvoir en juillet 2023, le Niger a réorienté sa politique étrangère, marquée par la rupture des liens avec d’anciens partenaires occidentaux et un rapprochement visible avec Moscou. Le pays, qui s’appuie sur l’expertise russe pour des questions sécuritaires, étend désormais cette coopération à la filière énergétique.
Impact sur les anciens sites d’Orano et la production nationale
En juin, le gouvernement militaire a nationalisé la Société des Mines de l’Aïr (Somaïr), filiale de l’opérateur français Orano, confirmant la perte du contrôle opérationnel de l’entreprise française sur ses trois filiales minières. Orano détenait des parts majoritaires dans Somaïr, Cominak (dont la fermeture a eu lieu en 2021) et le site d’Imouraren, considéré comme l’un des plus vastes gisements d’uranium au monde. Plusieurs acteurs internationaux ont manifesté leur intérêt pour ces actifs, sans qu’aucune passation officielle n’ait été confirmée jusqu’ici.
La présence russe au Niger intervient dans un contexte où le pays, producteur historique d’uranium depuis 1971, a généré 3 527 tonnes de minerai en 2023, soit 6,3% de la production mondiale selon Globaldata. Aucune information n’a encore été rendue publique concernant une éventuelle reprise des anciens sites d’Orano par des groupes russes, et la société française n’a pas souhaité commenter les intentions de Moscou.
Vers une redéfinition du paysage minier nigérien
La junte militaire au pouvoir a plusieurs fois exprimé sa volonté de réviser le cadre d’exploitation des ressources naturelles par les compagnies étrangères. La nouvelle alliance énergétique avec la Russie pourrait ainsi remodeler les équilibres dans un secteur stratégique, en particulier après la perte de contrôle d’acteurs historiques sur le terrain nigérien.
La découverte de l’uranium au Niger en 1957 par le Bureau de recherches géologiques et minières français (BRGM) et son exploitation depuis plus de cinq décennies placent le pays au cœur des enjeux énergétiques africains. Un haut responsable nigérien a confirmé la détermination des autorités à « développer un partenariat gagnant-gagnant avec de nouveaux acteurs », signalant la continuité des négociations en cours.