articles populaires

La proposition de l’UE pour briser l’impasse sur le climat

À la COP28, l'UE poussera pour un objectif mondial de déploiement des énergies renouvelables et accélérera la réduction des émissions, mais la politique entourant la suppression progressive des combustibles fossiles sera difficile à naviguer.

Partagez:

Le Sommet sur le climat des Nations unies qui s’est tenu à Sharm El-Sheikh l’année dernière a rassemblé des pays du monde entier pour discuter et négocier sur le changement climatique. Malgré certains progrès, le résultat a laissé beaucoup sentir qu’il faut faire plus. Le chef de la politique climatique de l’Union européenne, Frans Timmermans, a proposé un compromis pour briser l’impasse : l’UE consentirait à la création d’une facilité de financement pour payer les pertes et les dommages causés par le changement climatique si tous les pays s’engageaient à éliminer davantage l’utilisation des combustibles fossiles.

Le défi de la COP28 : réduire les émissions de pétrole et de gaz dans un contexte économique difficile

Bien que la promesse de financement pour les pertes et les dommages ait été incluse dans l’accord final de la COP27, l’accord plus fort visant à éliminer les combustibles fossiles ne l’a pas été. Cette défaite est toujours amère pour Timmermans, qui estime que sans des actions plus fortes contre les émissions, les efforts de financement, d’adaptation et de perte et de dommage seront insuffisants pour répondre à nos besoins.

La défaite de l’année dernière sur les réductions d’émissions a maintenant créé l’un des plus grands défis pour la COP28. Le pays hôte, les Émirats arabes unis, est un État pétrolier riche dont l’économie dépend des exportations de pétrole et de gaz. Les partisans de la réduction des émissions devront faire face à la nomination du président de la COP28 par les ÉAU, Sultan Al Jaber, directeur général d’Abu Dhabi National Oil Co., le 12ème producteur mondial de pétrole et de gaz.

Timmermans a la science de son côté, en argumentant que le coût de la réduction des émissions sera beaucoup moins élevé que celui des dommages plus élevés d’un monde en réchauffement. Mais la politique sera encore plus difficile car Al Jaber a déclaré que les diplomates devraient se concentrer sur la réduction des émissions du pétrole et du gaz plutôt que sur l’élimination de ces carburants eux-mêmes, ce qui est considéré comme ouvrant la porte à la combustion de pétrole et de gaz tout en augmentant les technologies de capture de carbone.

La question est de savoir comment l’UE atteindra son objectif d’accélérer le rythme des réductions d’émissions. À Sharm El-Sheikh l’année dernière, le bloc faisait partie d’une poussée de l’Inde pour élargir la langue adoptée à la COP26 sur la réduction du charbon au gaz et au pétrole. Timmermans voulait également un engagement à atteindre un pic d’émissions du secteur de l’énergie d’ici 2025. L’effort a échoué sous la pression de l’Arabie saoudite, de la Chine et de la Russie, qui ont convaincu la présidence égyptienne du sommet de supprimer l’idée.

Déploiement des énergies renouvelables : un coût énorme pour les pays en développement

Cette année, les dirigeants de l’UE anticipent clairement une opposition à la langue appelant à une réduction rapide des émissions. Des responsables européens, de la présidente de la Commission Ursula von der Leyen à la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock, ont commencé à appeler à un objectif mondial pour le déploiement des énergies renouvelables. Une telle mesure impliquerait une baisse de la pollution alors que l’énergie éolienne et solaire réduirait la part des énergies fossiles dans le mix énergétique.

L’UE a convenu le mois dernier de porter ses propres énergies renouvelables à 42,5% du mix énergétique d’ici 2030. L’Agence internationale de l’énergie a estimé que la part de ces technologies dans la production d’énergie mondiale totale était de seulement 5,2% en 2021. Un résumé du Dialogue sur le climat de Petersberg à Berlin a mentionné la nécessité de tripler la capacité des énergies renouvelables.

Cependant, le coût du déploiement des énergies renouvelables, en particulier dans les pays en développement, est susceptible d’être énorme. Les pays riches ont constamment échoué à atteindre un objectif de financement de 100 milliards de dollars par an, qu’ils espèrent atteindre cette année, mais les pays plus pauvres ont déjà déclaré que ce chiffre devrait être de l’ordre des billions et sans conditions. Pour combler cet écart, il pourrait être nécessaire de recourir à de nouveaux instruments de financement innovants, tels que des taxes mondiales sur les voyages aériens et les carburants pour le transport maritime. Ou peut-être une refonte des banques multilatérales de développement, une idée avancée par la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley.

Entre-temps, un objectif mondial distinct pour améliorer l’efficacité énergétique pourrait être plus facile à atteindre. L’UE a déjà convenu d’un objectif de réduction de la consommation d’énergie, et il pourrait y avoir une poussée pour un objectif mondial qui se concentre plutôt sur la baisse de l’intensité énergétique, ou la quantité d’énergie nécessaire pour générer une unité de production. L’efficacité énergétique est un domaine où il y a beaucoup de place pour l’amélioration, surtout parmi les pays industrialisés majeurs. Lors de l’événement sur le climat de la semaine dernière, Timmermans a remis en question pourquoi les pays ne sont pas plus coopératifs dans la réduction de leur consommation d’énergie.

En conclusion, la prochaine conférence COP28 sera un moment crucial pour les négociations sur le changement climatique. L’UE pousse pour un objectif mondial de déploiement des énergies renouvelables et souhaite accélérer le rythme de réduction des émissions. Cependant, la politique entourant la suppression progressive des combustibles fossiles sera difficile à naviguer, en particulier avec le pays hôte étant un important producteur de pétrole et de gaz. Pendant ce temps, le coût de déploiement des énergies renouvelables, en particulier dans les pays en développement, reste un défi important.

Publicite

Récemment publiés dans

La France propose une alliance renforcée entre l'Union européenne et la Chine pour contrer l'absence des États-Unis dans la lutte contre le changement climatique, avec un sommet prévu pour juillet 2025.
Hydro-Québec annonce un investissement de 10 G$ pour améliorer l'efficacité énergétique à travers diverses initiatives d'ici 2035, créant ainsi plus de 5 000 emplois et réduisant les coûts d'exploitation pour les clients québécois.
Hydro-Québec annonce un investissement de 10 G$ pour améliorer l'efficacité énergétique à travers diverses initiatives d'ici 2035, créant ainsi plus de 5 000 emplois et réduisant les coûts d'exploitation pour les clients québécois.
Le gouvernement britannique et l'énergéticien italien Eni ont annoncé le bouclage financier d'un projet visant à enfouir des millions de tonnes de CO2 en mer d'Irlande, une initiative ambitieuse pour réduire les émissions industrielles.
Le gouvernement britannique et l'énergéticien italien Eni ont annoncé le bouclage financier d'un projet visant à enfouir des millions de tonnes de CO2 en mer d'Irlande, une initiative ambitieuse pour réduire les émissions industrielles.
Les États-Unis ont vivement critiqué les politiques hostiles aux énergies fossiles au sommet de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), soulignant leurs dangers pour la sécurité énergétique mondiale.
Les États-Unis ont vivement critiqué les politiques hostiles aux énergies fossiles au sommet de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), soulignant leurs dangers pour la sécurité énergétique mondiale.
Des pays comme le Brésil et l'Australie sont critiqués pour avoir surestimé la capacité d'absorption de CO2 de leurs forêts, une pratique qui affecte leur engagement en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, selon un rapport de Climate Analytics.
À Londres, les responsables mondiaux se réunissent pour discuter de la sécurité énergétique dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes. Les divergences persistent sur la place des énergies renouvelables face à la demande mondiale.
À Londres, les responsables mondiaux se réunissent pour discuter de la sécurité énergétique dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes. Les divergences persistent sur la place des énergies renouvelables face à la demande mondiale.
À l’approche d’un débat parlementaire, une vingtaine d’organisations de l’énergie demandent aux parlementaires d’agir pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles en accélérant l’électrification des usages.
À l’approche d’un débat parlementaire, une vingtaine d’organisations de l’énergie demandent aux parlementaires d’agir pour réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles en accélérant l’électrification des usages.
Le Nigeria entend augmenter sa capacité de production d'électricité de 4 000 MW d'ici 2026 pour répondre à la demande croissante du secteur industriel, dans un contexte de réformes et de partenariats avec des acteurs internationaux.
Le Nigeria entend augmenter sa capacité de production d'électricité de 4 000 MW d'ici 2026 pour répondre à la demande croissante du secteur industriel, dans un contexte de réformes et de partenariats avec des acteurs internationaux.
Le PDG sortant d’EDF, Luc Rémont, affirme que l’électricité française sera plus compétitive que celle des États-Unis, malgré les critiques récurrentes des industriels sur les tarifs.
La politique commerciale agressive de Donald Trump et l'incertitude réglementaire aux États-Unis freinent l’investissement dans l’éolien, le solaire et le stockage énergétique, plongeant le secteur dans une période d’attentisme et de volatilité sur les marchés financiers.
La politique commerciale agressive de Donald Trump et l'incertitude réglementaire aux États-Unis freinent l’investissement dans l’éolien, le solaire et le stockage énergétique, plongeant le secteur dans une période d’attentisme et de volatilité sur les marchés financiers.
Le gouvernement français active cinq dispositifs de financement pour soutenir des projets industriels de décarbonation à travers le plan France 2030, ciblant sites majeurs, PME et zones industrielles à forte émission.
Le gouvernement français active cinq dispositifs de financement pour soutenir des projets industriels de décarbonation à travers le plan France 2030, ciblant sites majeurs, PME et zones industrielles à forte émission.
Paris débloque un nouveau financement de 400 millions d’euros pour soutenir des projets industriels visant la réduction des émissions, dans le cadre du programme France 2030.
Paris débloque un nouveau financement de 400 millions d’euros pour soutenir des projets industriels visant la réduction des émissions, dans le cadre du programme France 2030.
Le retrait massif du soutien financier américain et la réduction des aides européennes pourraient compromettre la réalisation des projets énergétiques en Afrique, modifiant profondément leur structure de financement et les engagements du continent.
Le gouvernement vietnamien revoit à la hausse ses objectifs en matière d’énergies renouvelables dans une nouvelle version de son plan énergétique national, en réponse à la hausse continue de la demande en électricité.
Le gouvernement vietnamien revoit à la hausse ses objectifs en matière d’énergies renouvelables dans une nouvelle version de son plan énergétique national, en réponse à la hausse continue de la demande en électricité.
Une panne massive a plongé Porto Rico dans l'obscurité mercredi, privant d'électricité environ 1,1 million de foyers, après l'arrêt inattendu de toutes ses centrales électriques.
Une panne massive a plongé Porto Rico dans l'obscurité mercredi, privant d'électricité environ 1,1 million de foyers, après l'arrêt inattendu de toutes ses centrales électriques.
La République tchèque a mis fin à sa dépendance au pétrole russe après plus de six décennies, un changement majeur décidé en réponse à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
La République tchèque a mis fin à sa dépendance au pétrole russe après plus de six décennies, un changement majeur décidé en réponse à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Le marché européen des contrats d’achat d’électricité (PPA) pour les énergies renouvelables a atteint 19 GW de nouvelles capacités en 2024, avec une montée en puissance des accords hybrides incluant le stockage.
Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a critiqué les positions du Rassemblement national sur l’énergie, les accusant de freiner les investissements prévus dans les renouvelables au profit des importations de combustibles fossiles.
Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a critiqué les positions du Rassemblement national sur l’énergie, les accusant de freiner les investissements prévus dans les renouvelables au profit des importations de combustibles fossiles.
Le projet de loi 69 suscite des protestations à Saint-Jean-sur-Richelieu, où plusieurs organisations dénoncent un risque de privatisation du secteur de l’électricité au Québec.
Le projet de loi 69 suscite des protestations à Saint-Jean-sur-Richelieu, où plusieurs organisations dénoncent un risque de privatisation du secteur de l’électricité au Québec.
L’énergie éolienne et solaire a couvert près d’un cinquième de la production électrique de la Turquie en 2024, selon une analyse du groupe de réflexion Ember, portée par une forte hausse de la capacité installée.
L’énergie éolienne et solaire a couvert près d’un cinquième de la production électrique de la Turquie en 2024, selon une analyse du groupe de réflexion Ember, portée par une forte hausse de la capacité installée.
La Programmation pluriannuelle de l’énergie réoriente la stratégie française en limitant le photovoltaïque au profit de solutions de flexibilité, dont le stockage par batterie, pour répondre aux déséquilibres croissants du marché électrique.
La Commission de régulation de l’énergie dévoile un premier observatoire consacré aux contrats d’achat d’électricité renouvelable en France, soulignant une progression récente mais encore marginale face aux mécanismes soutenus par l’État.
La Commission de régulation de l’énergie dévoile un premier observatoire consacré aux contrats d’achat d’électricité renouvelable en France, soulignant une progression récente mais encore marginale face aux mécanismes soutenus par l’État.
Le gouvernement français prévoit d’adopter d’ici deux semaines un décret définissant les objectifs énergétiques de la décennie à venir, relançant le nucléaire et préparant un débat parlementaire attendu sur la souveraineté énergétique.
Le gouvernement français prévoit d’adopter d’ici deux semaines un décret définissant les objectifs énergétiques de la décennie à venir, relançant le nucléaire et préparant un débat parlementaire attendu sur la souveraineté énergétique.
L’accroissement des capacités solaire et éolienne multiplie les heures de prix négatifs sur les marchés européens de l’électricité, fragilisant les équilibres économiques du secteur tout en modifiant les dynamiques d’exportation et de stockage.
L’accroissement des capacités solaire et éolienne multiplie les heures de prix négatifs sur les marchés européens de l’électricité, fragilisant les équilibres économiques du secteur tout en modifiant les dynamiques d’exportation et de stockage.

Publicite