La Malaisie engage une révision stratégique de sa politique énergétique, centrée sur une montée en puissance du gaz naturel et du solaire dans la production électrique. Le directeur général de la société publique Tenaga Nasional Berhad (TNB), Megat Jalaluddin, a confirmé que cette orientation bénéficierait d’investissements publics renforcés pour soutenir la transition hors du charbon. Ce dernier représente encore 43 % de la production d’électricité nationale, contre 37 % pour le gaz naturel et un peu plus de 2 % pour le solaire, selon les données du groupe de recherche énergétique Ember.
Une politique de mix énergétique équilibrée
Les autorités prévoient d’ajouter entre 6 et 8 gigawatts (GW) de capacité au gaz d’ici à 2030, tout en doublant les 9 GW actuels d’énergies renouvelables. Le solaire devrait y occuper une place centrale, son coût unitaire étant jugé inférieur à celui du gaz ou du charbon. Jalaluddin a déclaré que « le meilleur positionnement pour le pays repose sur un mix énergétique équilibré afin de garantir l’accessibilité tarifaire ». Le plan gouvernemental s’inscrit dans une logique d’investissement public destiné à moderniser les infrastructures de production et à réduire la dépendance aux importations.
Hausse anticipée de la demande en gaz
Malgré son statut de cinquième exportateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL), la Malaisie pourrait devenir importatrice au cours de la décennie, en raison de la croissance rapide de la demande intérieure, notamment liée aux centres de données. Le secteur de l’électricité consomme aujourd’hui environ 700 millions de pieds cubes standards par jour (MMSCFD) de gaz, un volume susceptible d’atteindre 1 000 MMSCFD d’ici à 2030. Cette augmentation devrait accentuer la dépendance au GNL importé, dont le coût est environ 29 % plus élevé que celui du gaz domestique.
Infrastructures numériques et aménagement du territoire
Parallèlement, le gouvernement encourage une répartition plus équilibrée des investissements liés aux centres de données, concentrés actuellement dans l’État de Johor, qui détient près des deux tiers de la capacité nationale, estimée à 4 000 mégawatts. De nouvelles installations d’une puissance supérieure à 500 MW devraient être mises en service dès l’année prochaine à Pahang et Melaka.
Le directeur général de TNB a indiqué que cette réorientation des investissements publics répondait à la volonté de soutenir un développement énergétique homogène sur l’ensemble du territoire. « En tant qu’opérateur du réseau national, nous cherchons à garantir une répartition équitable des infrastructures énergétiques », a-t-il précisé.