La Malaisie formalise une étape clé dans sa politique économique et énergétique avec l’annonce de l’instauration prochaine d’une taxe carbone. Ce dispositif, présenté dans le Budget 2026, s’inscrit dans une stratégie visant à renforcer l’attractivité industrielle du pays dans un contexte de normalisation mondiale des prix du carbone. L’objectif affiché est d’aligner les mécanismes fiscaux domestiques avec ceux déjà en place à l’international, notamment le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (CBAM) de l’Union européenne.
Instrument économique pour la compétitivité industrielle
Le gouvernement prévoit de réinvestir les recettes générées par la fiscalité carbone dans le développement de technologies sobres en carbone, l’efficacité énergétique et le soutien aux capacités industrielles. Cette mesure vise à accompagner les entreprises locales dans leur transition tout en assurant leur maintien sur les marchés d’exportation. Le ministère des Finances a présenté la taxe comme un levier de croissance orienté vers l’innovation et la souveraineté technologique.
L’architecture réglementaire repose sur plusieurs cadres nationaux consolidés au cours des derniers mois. Le Plan d’Action pour les Contributions Déterminées au niveau National (NDC), la Stratégie de Développement à Faibles Émissions à Long Terme (LT-LEDS) et la Feuille de Route pour la Transition Énergétique Nationale (NETR) ont été conçus pour structurer cette transformation. Ces initiatives permettent une déclinaison opérationnelle des engagements de réduction des émissions et garantissent leur application par les différents secteurs industriels.
Alignement régional et diplomatie énergétique
Sur le plan régional, la Malaisie exerce actuellement la présidence de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et renforce son influence par la coordination d’un message commun pour la COP30. Ce positionnement diplomatique a été renforcé par la déclaration conjointe adoptée lors de la 18e Réunion ministérielle de l’environnement de l’ASEAN (AMME-18), soulignant l’intérêt stratégique d’une coopération climatique régionale.
La rencontre avec le président désigné de la COP30, André Corrêa do Lago, a permis une mise en cohérence entre les priorités de l’ASEAN et les objectifs du sommet de Belém. Cette coordination s’inscrit dans une volonté affirmée de renforcer la position des pays du Sud-Est asiatique dans les négociations globales, en consolidant une base économique stable et intégrée à l’échelle régionale.
Vers un ancrage structurel des politiques carbone
L’introduction de la taxe carbone intervient à un moment où la Malaisie intensifie sa structuration interne autour de politiques énergétiques cohérentes. Le pays vise un pic d’émissions d’ici 2030, avec une réduction absolue estimée entre 15 et 30 MtCO₂eq d’ici 2035. Les secteurs visés comprennent notamment le transport ferroviaire, la gestion des déchets, la foresterie durable, l’efficacité énergétique et les carburants alternatifs.
La plateforme nationale au sein du Pavillon Malaisien à la COP30 illustrera cette trajectoire de transformation. Elle mettra en avant les mesures domestiques tout en consolidant le rôle régional de la Malaisie. À travers cette initiative, le pays cherche à démontrer sa capacité à structurer une réponse cohérente aux enjeux de compétitivité, sans renoncer à l’attractivité de son industrie.