La France va ouvrir sa première usine de batteries pour ne pas rater le train de l’électrification

La première usine française de batteries pour voitures électriques ouvrira bientôt ses portes, un événement majeur pour garantir l'indépendance de la France et devenir un exportateur. La coentreprise ACC, composée de TotalEnergies, Stellantis et Mercedes-Benz, ouvrira la première "gigafactory" en France. D'autres usines sont prévues dans le nord du pays. La production commencera cet été avec une capacité de 13 GWh d'ici fin 2024, créant 600 emplois. L'objectif est d'atteindre 40 GWh d'ici 2030 et de former 13 000 personnes pour répondre aux besoins du secteur.
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La France ouvre sa première usine de batteries pour voitures électriques, marquant un tournant industriel majeur dans la quête d’indépendance face à la Chine et l’ambition de devenir un exportateur majeur.

Ouverture imminente : La première usine française de batteries pour voitures électriques près de Lens

La toute première usine française de batteries pour voitures électriques s’apprête à ouvrir ses portes mardi près de Lens, un événement industriel majeur pour la France qui souhaite garantir son indépendance face au géant chinois et même devenir exportateur d’ici la fin de la décennie. C’est l’un des chevaux de bataille d’Emmanuel Macron: la réindustrialisation passera par la production de batteries sur le territoire français et européen, alors que la Chine a pris une avance considérable dans ce domaine.

ACC (Automotive Cell Company), une coentreprise à parts égales entre TotalEnergies, Stellantis (né de la fusion de PSA et Fiat-Chrysler) et Mercedes-Benz est donc la première à ouvrir sa “gigafactory” en France. A l’heure actuelle, une poignée seulement sont en activité en Europe mais les projets fleurissent sur le Vieux Continent où une cinquantaine de projets ont été annoncés ces dernières années.

Dans le nord de la France, territoire emblématique de la désindustrialisation du pays, quatre usines doivent sortir de terre avant la fin de la décennie. Il y a donc ACC à Billy-Berclau, qui jouxte le site historique de PSA à Douvrin, la première, qui devrait être suivie par le projet du groupe sino-japonais AESC-Envision à Douai (Nord), dont la production sera destinée à Renault à partir de début 2025. La start-up grenobloise Verkor – soutenue par Renault, Schneider Electric et Arkema – prévoit de lancer sa production dans son usine de Dunkerque à partir de mi-2025, là aussi à destination du groupe Renault. Enfin, ProLogium, groupe taïwanais spécialisé dans la batterie dite “solide”, a annoncé mi-mai son implantation à Dunkerque également, avec un démarrage de production prévu fin 2026.

Création d’emplois et objectifs de production : Les chiffres ambitieux d’ACC pour l’avenir

Le démarrage de la production est prévu pour cet été et ACC vise 13 GWh de capacité annuelle d’ici fin 2024 avec 600 emplois à la clef. A partir de 2030, l’objectif est d’atteindre les 40 GWh, soit l’équivalent de 800.000 batteries produites par an, et d’employer 2.000 salariés. Mi-avril, constructeurs et institutions avaient annoncé leur volonté de former 13.000 personnes pour répondre aux besoins de la “Vallée des batteries” comme politiques et industriels ont surnommé ce territoire allant de Dunkerque à l’ancien bassin minier. La Plateforme de l’automobile (PFA), qui rassemble les professionnels du secteur, estime que les quatre “gigafactories” françaises (usines de très grande taille) créeront 20.000 emplois d’ici 2030.

L’ambition affichée est grande, mais les défis qui l’accompagnent le sont tout autant. La France vise à être autonome en production de batteries d’ici 2027 pour fournir son industrie automobile. Comme dans les autres pays de l’Union Européenne, la vente de véhicules thermiques neufs sera interdite à partir de 2035. Le but est même d’arriver à exporter, selon l’Elysée.

Mais la France, même si elle est mieux lotie que certains de ses partenaires européens, reste handicapée par le prix de son énergie comparé à la Chine ou aux Etats-Unis, qui subventionne massivement cette industrie grâce à l’Inflation Reduction Act (IRA).

Défis à relever : L’approvisionnement en métaux critiques pour les batteries et les alternatives en cours d’exploration

Autre défi de taille, l’approvisionnement en métaux critiques. Les batteries lithium-ion sont très gourmandes en nickel, cobalt ou manganèse, dont la chaîne de production, de l’extraction au raffinage, est aujourd’hui largement maîtrisée par la Chine. Des pistes existent pour concevoir des batteries en se passant de ces matériaux – batteries solides, batteries lithium-soufre – mais ces technologies ne sont encore qu’expérimentales. A Billy-Berclau, ACC espère ouvrir la voie à un écosystème en cours de développement dans le nord de la France avec l’ouverture de trois autres usines similaires dans les années à venir qui vont attirer fournisseurs de matériaux et fabricants de composants de batteries. Le 12 mai, M. Macron a annoncé d’ailleurs l’implantation à Dunkerque d’un site de production de cathodes – une des deux électrodes composant une batterie – financé par le chinois XTC et le français Orano.

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