L’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) entre officiellement en fonction au 1er janvier 2025, succédant à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Ce regroupement, visant à simplifier les décisions dans le cadre du programme de relance nucléaire, fait l’objet de nombreuses inquiétudes au sein des organisations professionnelles.
Fusion stratégique sous pression budgétaire
Cette réforme, décidée au plus haut niveau de l’État, avait été votée en avril 2024 après des débats parlementaires houleux. L’objectif affiché est de fluidifier les décisions en matière de sûreté nucléaire pour accélérer le déploiement de nouveaux réacteurs et renforcer la compétitivité française. Toutefois, les syndicats de l’ex-IRSN dénoncent un calendrier trop ambitieux et une absence de garanties financières pour le fonctionnement de la nouvelle entité.
Le budget de l’ASNR est au centre des préoccupations. Selon l’intersyndicale composée de la CFDT, CFE-CGC et CGT, l’organisation pourrait faire face à une impasse budgétaire dès février 2025. Ces contraintes financières risquent de compromettre les activités essentielles, notamment les expertises indépendantes indispensables à la régulation du secteur.
Indépendance en question
L’un des principaux points de tension porte sur l’indépendance entre expertise et décision. L’ASNR, désormais responsable à la fois des évaluations techniques et des décisions réglementaires, pourrait souffrir d’un manque de séparation entre ces deux fonctions critiques. Les syndicats demandent que cette indépendance soit formalisée dans le règlement intérieur, mais ce document reste encore en discussion.
En novembre 2024, le directeur général de l’IRSN avait déjà alerté sur l’absence de garanties concernant le bon fonctionnement de la nouvelle structure dans les délais impartis. En parallèle, plusieurs associations ont exprimé leurs préoccupations sur une possible opacité accrue dans le processus décisionnel.
Impact sur la scène internationale
L’IRSN, reconnu pour son expertise technique à l’échelle mondiale, laisse derrière lui un héritage que les professionnels du secteur considèrent comme difficile à égaler. La disparition de cet institut suscite des interrogations sur la capacité de la France à maintenir sa position de leader dans la sûreté nucléaire.
Malgré les critiques, le gouvernement continue de défendre la réforme comme un levier stratégique pour répondre aux besoins croissants du secteur. La création de l’ASNR s’inscrit dans une politique nationale visant à sécuriser l’approvisionnement énergétique tout en réduisant les délais d’approbation pour les nouveaux projets.
Une transition sous haute surveillance
Alors que l’ASNR débute son activité, les acteurs du marché nucléaire, en France comme à l’étranger, surveillent de près cette transition. Les enjeux financiers, techniques et politiques entourant cette réforme en font un dossier sensible pour l’avenir de l’industrie nucléaire française.