Les biocombustibles et biocarburants restent en marge des politiques énergétiques nationales, malgré leur capacité à garantir la continuité d’approvisionnement et la sécurité des réseaux. Les orientations actuelles privilégient une diminution accélérée des carburants traditionnels sans offrir une reconnaissance suffisante à ces alternatives, pourtant alignées avec la directive européenne visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Des perspectives freinées par le manque de cadre réglementaire
Les acteurs de la filière soulignent l’absence de mesures concrètes permettant le développement de produits biosourcés sur le marché. Ils évoquent un manque de visibilité lié à une fiscalité inadaptée et à une absence de reconnaissance institutionnelle, éléments qui freinent l’investissement et l’innovation. Ce déficit de soutien rend difficile la projection de la filière à moyen et long terme, en dépit de la demande croissante pour des solutions énergétiques diversifiées.
La première mise sur le marché d’un biofioul intégrant jusqu’à 30% d’ester méthylique de colza (F30) a été réalisée à la fin de 2022. D’ici 2027, l’introduction d’un biofioul majoritairement renouvelable est envisagée, avec pour objectif l’arrivée ultérieure d’un biocombustible 100% renouvelable. Ce calendrier est jugé insuffisant par la filière, qui insiste sur l’urgence d’accélérer la reconnaissance réglementaire pour accompagner la mutation du secteur.
Un marché porteur, mais sous-exploité
Les biocarburants tels que le B100, le diesel paraffinique d’origine renouvelable (HVO) et le biométhane carburant (BioGNV) ouvrent la voie à une baisse rapide des émissions de dioxyde de carbone (CO2) dans les transports. Certaines entreprises majeures du secteur les utilisent déjà pour l’ensemble de leurs flottes et matériels, confirmant leur faisabilité opérationnelle.
Les entreprises spécialisées assurent l’approvisionnement annuel de près de 12 mn de mètres cubes de carburants pour les secteurs agricole, forestier, du bâtiment et des travaux publics, ainsi que pour le transport professionnel. Elles garantissent aussi l’accès à des combustibles, dont le bois énergie et des combustibles liquides, pour plus de cinq millions d’utilisateurs dans des zones non desservies par les réseaux traditionnels.
Un appel à la diversification dans le futur mix énergétique
À l’approche de la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), la fédération représentative de la distribution appelle à une meilleure prise en compte de la diversité des besoins territoriaux. Elle recommande la diversification des solutions pour garantir l’approvisionnement et répondre à la spécificité des différents marchés régionaux.
Dans un contexte où la France pourrait rester en retrait par rapport à d’autres pays accélérant le développement des biocombustibles et biocarburants, le secteur s’interroge sur les risques liés à l’absence d’un engagement concret et sur l’avenir des filières alternatives dans la stratégie énergétique nationale.