Le gouvernement français durcit le ton face à Bruxelles sur les objectifs de décarbonation de l’industrie. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a déclaré que la France ne suivrait pas l’engagement européen de réduction des émissions de 90 % d’ici 2040 si la Commission européenne ne revoit pas son plan de soutien au secteur. Dans un entretien accordé à Les Échos, il a estimé que les mesures annoncées dans le « pacte pour une industrie propre » étaient insuffisantes pour garantir la compétitivité des entreprises.
Un plan européen jugé insuffisant
Présenté par la Commission européenne, ce pacte vise à faciliter la transition industrielle vers des technologies moins polluantes. Il prévoit notamment la mobilisation de 100 milliards d’euros pour des projets d’industrie propre et la mise en place de dispositifs favorisant les investissements dans l’énergie verte. Toutefois, ces annonces restent trop limitées aux yeux du gouvernement français. « On a besoin d’un choc de confiance, pas de remèdes homéopathiques, pour rassurer les industriels », a insisté Marc Ferracci.
Une taxe carbone aux frontières à revoir
Parmi les mesures préconisées par le ministre français, une réforme rapide de la taxe carbone aux frontières figure en tête de liste. Ce mécanisme, censé pénaliser les importations en provenance de pays fortement émetteurs de CO₂, doit être renforcé afin de protéger la compétitivité des entreprises européennes. Le ministre considère que l’industrie européenne traverse une crise structurelle similaire à celle du secteur financier en 2008, marquée par un sous-investissement, un ralentissement de la demande et des problèmes de compétitivité.
Pression sur Bruxelles
Marc Ferracci a prévu de réunir ce jeudi à Bercy plusieurs ministres européens de l’Industrie pour discuter de la crise du secteur sidérurgique et exiger de la Commission européenne des mesures plus ambitieuses en faveur de l’acier européen. « Si on ne prend pas des mesures extrêmement puissantes, cela va avoir des répercussions sur notre niveau de vie et la cohésion sociale », a-t-il prévenu.