Les émissions de gaz à effet de serre de la France devraient diminuer de seulement 0,8% en 2025, selon les dernières projections du Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa). Cette prévision, identique à celle publiée en juin, reste bien en dessous de l’objectif annuel de -5% fixé dans la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), pilier de la politique climatique du gouvernement.
Un ralentissement confirmé des réductions
La trajectoire de réduction amorcée après 2020 semble s’essouffler. En 2022 et 2023, les émissions françaises avaient reculé de 3,9% puis de 6,8%. Mais cette dynamique s’est infléchie dès 2024, avec une baisse limitée à 1,8%. Le Citepa, chargé par les pouvoirs publics de suivre ces indicateurs, estime que la tendance en 2025 confirme une perte d’élan structurelle.
Selon Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique dans un gouvernement démissionnaire, les résultats actuels ne reflètent pas les capacités du pays. Elle a appelé à « ne pas baisser les bras », rappelant que les émissions avaient déjà baissé de plus de 20% depuis 2017.
Les transports et l’industrie en léger recul
Les émissions brutes (hors puits de carbone) devraient atteindre 366 millions de tonnes équivalent CO2 (MtCO2e) cette année. Le secteur des transports routiers, représentant environ un tiers du total national, devrait réduire ses émissions de 1,0%. Ce chiffre reste supérieur à celui de l’agriculture (-0,3%), mais inférieur à la baisse attendue dans l’industrie et le bâtiment (-2,2%).
Les bâtiments résidentiels et tertiaires devraient afficher une légère hausse des émissions (+0,2%), tandis que le secteur du traitement des déchets resterait stable. Le Citepa précise que les données pour les transports maritime et aérien manquent encore, ce qui limite l’évaluation globale de l’évolution sectorielle.
Fin de l’effet mix énergétique
Entre 2022 et 2024, la baisse des émissions avait été soutenue par une réduction importante dans la production d’électricité, liée à un mix énergétique plus favorable. Cet effet technique atteint ses limites cette année, malgré un recours au nucléaire « historiquement élevé » au second semestre.
Les émissions du secteur énergétique avaient diminué de 7% en 2023 et de 4% en 2024. Pour 2025, les projections sont révisées à la baisse pour le transport routier, notamment au troisième trimestre. Le ralentissement généralisé soulève des questions sur la capacité du pays à respecter ses engagements internationaux et à maintenir le cap sur ses trajectoires de réduction à moyen terme.