La France se prépare à affronter la transition énergétique avec une détermination renouvelée. À quelques semaines de la COP29 qui se tiendra à Bakou, le gouvernement s’apprête à dévoiler deux plans majeurs destinés à structurer l’avenir énergétique du pays jusqu’en 2030. Ces plans incluent la Loi de Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) et la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC), des documents attendus pour fournir une direction claire et un cadre réglementaire permettant de progresser vers la neutralité carbone.
La PPE, pierre angulaire de la politique énergétique, fixe les ambitions pour chaque source d’énergie, allant du nucléaire aux énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire. Les objectifs comprennent notamment l’installation d’éoliennes en mer et l’augmentation des infrastructures solaires. En outre, la feuille de route devra définir les investissements nécessaires pour sortir de la dépendance aux énergies fossiles d’ici 2050, en précisant les calendriers et les financements.
Consultations et attentes citoyennes
Dès la publication de ces textes, une période de consultation s’ouvrira jusqu’au 15 décembre, afin de permettre aux citoyens et aux acteurs du secteur de donner leur avis. Selon le Haut Conseil pour le Climat (HCC), cette consultation est cruciale pour offrir aux Français la « visibilité » nécessaire. Le Premier ministre Michel Barnier a réaffirmé, lors de sa déclaration de politique générale en octobre, l’importance de cet engagement à écouter les voix locales et les préoccupations sociales.
Anne Bringault, directrice des programmes du Réseau Action Climat (RAC), a souligné que les récentes catastrophes climatiques, comme les inondations meurtrières en Espagne, montrent l’urgence d’accélérer la transition. Elle appelle à un objectif plus ambitieux de réduction des émissions, au moins égal aux -55% fixés par l’Union européenne. Elle insiste également sur l’importance d’une « territorialisation » de la transition énergétique pour répondre aux spécificités locales et d’une « justice sociale » dans les politiques fiscales environnementales.
Vers une autonomie énergétique accrue
Un des éléments les plus attendus de la PPE concerne l’éolien offshore. La France prévoit d’installer 18 gigawatts (GW) de capacité éolienne en mer d’ici 2035, pour atteindre 45 GW en 2050, contre seulement 1,5 GW aujourd’hui. Cette stratégie est étroitement liée à l’ambition de réduire les importations d’énergies fossiles et de garantir une meilleure autonomie énergétique. La ministre de l’Énergie, Olga Givernet, a récemment précisé que la planification énergétique prévoit une « sobriété » accrue en matière de consommation d’énergie, visant à une réduction significative de l’empreinte carbone.
Sobriété et efficacité énergétique au cœur de la stratégie
L’efficacité énergétique et la sobriété sont les deux axes majeurs de la stratégie de consommation. Mme Givernet a souligné que la consommation doit être optimisée pour réduire la dépendance énergétique et favoriser un mode de vie plus respectueux de l’environnement. La SNBC, qui sera intégrée dans la planification, vise une baisse de 50% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990.
Les efforts de la France pour atteindre ces objectifs sont soutenus par la récente publication de la troisième version du Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC-3). Ce plan repose sur l’hypothèse d’un réchauffement de 4°C en France d’ici à la fin du siècle, un scénario qui incite à renforcer les infrastructures et les ressources pour protéger les populations.
Une feuille de route pour un avenir énergétique durable
La présentation de cette feuille de route vise à réaffirmer l’engagement de la France en matière de transition énergétique et climatique. À la veille de la COP29, les acteurs nationaux espèrent que ces engagements, une fois traduits en actions concrètes, serviront de modèle et renforceront la position de la France comme leader en matière de politique énergétique durable. Ce processus de transformation invite également le grand public à s’interroger : quels sacrifices et quels changements seront nécessaires pour assurer un futur énergétique résilient et respectueux de l’environnement ?