L’édition 2025 de l’Observatoire du système électrique renouvelable dresse un état des lieux critique de la progression des filières renouvelables en France. Le rapport souligne que, sans une augmentation rapide et coordonnée des capacités de production d’électricité verte, le pays restera dépendant des énergies fossiles importées, qui constituent encore plus de 60 % de son mix énergétique actuel. Selon les projections du Réseau de Transport d’Électricité (RTE), la consommation nationale d’électricité pourrait passer de 495 TWh à plus de 700 TWh d’ici 2050.
Des installations encore insuffisantes face à la demande croissante
En 2024, la puissance installée en énergie solaire atteignait 25 GW, contre 23,5 GW pour l’éolien terrestre et 1,5 GW pour l’éolien en mer. Pour répondre à la hausse prévue de la consommation – liée à l’électrification des mobilités, du bâtiment, du numérique et de l’industrie – la production renouvelable devra croître de 160 à 190 TWh supplémentaires. L’Observatoire insiste sur le rôle central du développement des capacités de stockage et de flexibilités, ainsi que de la modernisation des réseaux électriques.
Les énergies renouvelables constituent également un enjeu industriel majeur, avec plus de 80 000 emplois répartis sur le territoire : 49 500 dans le photovoltaïque, 25 600 dans l’éolien terrestre et 7 800 dans l’éolien en mer. L’écosystème repose sur environ 150 sites industriels, positionnés comme leviers pour ancrer les savoir-faire, stimuler l’économie réelle et renforcer les chaînes de valeur européennes.
Un cadre réglementaire stable exigé par les acteurs de la filière
L’Observatoire met en garde contre tout flou politique ou retard réglementaire qui pourrait compromettre la trajectoire énergétique nationale. Les entreprises du secteur réclament une visibilité pluriannuelle et des signaux politiques durables pour garantir les investissements nécessaires. Le rapport rappelle que les subventions aux énergies renouvelables, évaluées à environ 5 Md€ par an, doivent être comparées aux 60 Md€ d’importations fossiles annuelles, hors fluctuations exceptionnelles comme celles observées en 2022.
L’alignement des politiques publiques avec les besoins industriels devient une condition critique pour protéger les actifs existants et préparer l’expansion future du secteur. Le soutien institutionnel devra inclure la sécurisation des calendriers d’appels d’offres, la garantie des raccordements au réseau et la montée en puissance des capacités de stockage.
Une feuille de route nationale attendue sans délai
Face aux incertitudes, l’Observatoire appelle les autorités françaises à publier rapidement leur feuille de route énergétique. Ce document est jugé indispensable pour rétablir la confiance, consolider les filières existantes et orienter l’investissement vers des actifs durables.
Avec un mix déjà fortement décarboné, la France dispose d’un avantage stratégique au sein de l’Union européenne. Toutefois, l’électrification des usages, identifiée comme moteur de la souveraineté énergétique et de la réindustrialisation, ne pourra progresser qu’à travers une planification rigoureuse et des arbitrages clairs. Les infrastructures décisives pour l’indépendance énergétique devront être mises en chantier dès aujourd’hui pour répondre aux enjeux des prochaines décennies.