L’industrie de l’hydrogène vert en France connaît une croissance significative avec l’inauguration récente de plusieurs giga-usines, notamment à Belfort et Bordeaux. Ces installations sont essentielles pour atteindre les objectifs ambitieux du pays en matière de décarbonation, soutenus par des plans gouvernementaux tels que France Relance et France 2030, totalisant 9 milliards d’euros d’investissements publics.
Un Développement Stratégique
Les nouvelles usines de piles à combustible et d’électrolyseurs sont au cœur de cette stratégie, visant à remplacer les carburants fossiles dans divers secteurs industriels. Hydrogène de France (HDF) a récemment inauguré sa première usine de piles à combustible à Blanquefort, près de Bordeaux. Ces piles seront utilisées pour transformer l’hydrogène en électricité, essentielle pour le transport maritime et le stockage de l’énergie renouvelable. Parmi les autres acteurs majeurs de cette transition, l’usine Symbio dans le Rhône, soutenue par Michelin, Forvia et Stellantis, marque une avancée significative avec ses piles à combustible. En parallèle, cinq giga-usines d’électrolyseurs sont prévues en France dans les années à venir, grâce à des subventions publiques massives, tant françaises qu’européennes.
Défis Techniques et Financiers
Toutefois, le développement de cette filière n’est pas sans défis. Les problèmes techniques rencontrés par des acteurs comme McPhy, qui inaugure sa première giga-usine française à Belfort, illustrent les difficultés inhérentes à la maturation technologique de ces nouvelles installations. Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, a exprimé son scepticisme quant à la rapidité du développement de l’hydrogène vert, qualifiant la filière d' »embryonnaire ». Malgré ces obstacles, la filière poursuit son développement, avec des projets comme ceux de John Cockerill à Aspach-Michelbach, Elogen à Vendôme, Gen-Hy près de Montbéliard, et GenVia à Béziers. Ces usines produiront de l’hydrogène vert en utilisant des sources d’énergie renouvelables telles que l’éolien, le solaire et l’hydraulique, réduisant ainsi l’empreinte carbone par rapport à l’hydrogène industriel produit à partir de gaz naturel.
Perspectives et Soutiens Nécessaires
Bien que ces avancées soient prometteuses, le coût élevé de la production d’hydrogène vert reste un obstacle majeur à son adoption à grande échelle par les industries. Pierre-Etienne Franc, directeur général du fonds d’investissement Hy24, souligne la nécessité de soutenir financièrement les utilisateurs finaux pour garantir la viabilité économique de la filière. L’incertitude politique, exacerbée par la dissolution de l’Assemblée nationale, complique également la mise en place de stratégies à long terme. Mika Blugeon-Mered, expert en géopolitique de l’hydrogène à Sciences Po, avertit que la révision de la stratégie gouvernementale en matière d’hydrogène, attendue pour l’été, pourrait être retardée, mettant en péril le soutien nécessaire aux utilisateurs finaux.
La filière hydrogène en France est à un tournant crucial. Les investissements massifs et les avancées technologiques sont prometteurs, mais nécessitent une stratégie claire et un soutien continu pour transformer ces initiatives en succès économique durable. La coopération européenne reste également essentielle pour atteindre les objectifs ambitieux de la France en matière de décarbonation.