La fin du charbon, semble, pour l’heure, et malgré l’urgence climatique, difficilement réalisable. Cela reste tout de même une priorité dans le processus de décarbonation des économies.
La fin du charbon: 52 pays et l’UE s’y engagent
À Glasgow, les pays participant à la COP26 ont pris de nouveaux engagements pour limiter le changement climatique. L’objectif principal était de concrétiser l’Accord de Paris de 2015 (COP21) limitant l’augmentation de la température. La hausse de température doit ainsi être contenue entre 1,5 °C et 2 °C comparée à l’ère pré-industrielle.
Pour cela, la fin du charbon est primordiale. Cette énergie fossile reste le combustible le plus polluant générant une part significative des gaz à effet de serre. Actuellement, 52 pays et l’Union Européenne se sont engagés pour sortir du charbon.
Le Pacte vert européen
En Europe, l’ambition est de réduire de 55% les gaz à effet de serre d’ici à 2030, comparé à 1990. Un financement de 1000 milliards d’euros sur dix ans, partagé par les 27 États membres, est programmé pour ce défi. Pour les États faiblement dépendant au charbon, l’objectif semble largement atteignable.
À titre d’exemple, la France dispose d’un bouquet électrique fortement décarboné en raison du rôle clé de l’énergie nucléaire. En revanche, pour d’autres, l’exploitation du charbon comme source d’énergie continue d’occuper une place prépondérante. Ainsi, la production d’électricité est issue du charbon à 46% en République Tchèque, à 80% en Pologne ou encore 34% en Bulgarie.
La fin du charbon n’est plus à l’ordre du jour
En 2019, le charbon représentait 36,7% du bouquet énergétique mondial. En outre, cette source d’énergie joue un rôle capital dans les industries telles que la sidérurgie. L’ambition de la COP21 d’une sortie rapide du charbon s’est transformée, durant la COP26, en un « processus d’élimination progressive du charbon“.
Parallèlement, le gouvernement australien a annoncé que le pays continuera à exporter du charbon pendant encore « des décennies“. L’Australie, un des plus grands producteurs de charbon, évoque ainsi 2050 comme objectif de neutralité carbone. Aujourd’hui, la question ne semble donc plus être de savoir si les pays sortiront du charbon, mais quand le feront-ils.
Calendrier variable en Europe
Plusieurs pays ont d’ores et déjà supprimé l’utilisation du charbon dans la production d’électricité. L’Autriche et la Suède depuis 2020, ou encore la Belgique depuis 2016. Quant au Portugal, il devrait cesser de produire de l’électricité issue du charbon en 2021.
Pour d’autres l’échéance est plus lointaine. L’Ukraine, qui dispose du troisième parc de centrales charbonnières d’Europe, a annoncé vouloir mettre fin à la production d’électricité issue du charbon d’ici à 2035. Ailleurs sur le continent, le Royaume-Uni devrait abandonner cette ressource à l’horizon 2024, et la Bulgarie en 2040.
D’autres pays encore ne proposent pas de date butoir, mais des dates de début de mise en œuvre. Ainsi, la Croatie et la Slovénie déclarent un début de suppression progressive à partir de l’année 2033. La Pologne prévoit l’exploitation minière jusqu’en 2049. Outre-Atlantique, les États-Unis envisagent la fin du charbon pour 2035.
La Chine et l’Inde font pression
Suite aux pressions de la Chine et l’Inde, le texte issu de la Conférence des Nations-Unies ne prévoit plus de « sortir du charbon, mais de « réduire » sa consommation. En outre, ces pays connaissent en 2021 des risques de pénuries de charbon liés notamment à la reprise économique mondiale Une situation très désavantageuse en vue de leur dépendance à cette source fossile.
En Chine, le charbon compte pour 2/3 du mix électrique. La production d’électricité chinoise absorbe ainsi une tonne sur quatre du charbon mondial.
Or, la situation de pénurie pousse donc Pékin à autoriser de nouvelles importations de charbon du Kazakhstan et, pour la première fois, des États-Unis. Le gouvernement chinois serait même tenté de ré-autoriser les importations de charbon australien.
L’Inde au bord de la pénurie
L’Inde, second grand consommateur de charbon, produit 70% de son électricité grâce à cette ressource. Depuis l’année 2000, la consommation énergétique a doublé dans le pays qui compte actuellement 135 centrales à charbon.
Mais début octobre, 16 de ces centrales n’avaient plus de stock. Plus de la moitié n’avaient que trois jours de stock, tandis que 80% des centrales n’en avait que pour une semaine. Par conséquent, le pays a intensifié ses importations venues d’Australie, d’Indonésie et d’Afrique du Sud.
Défi majeur à venir
L’Afrique du Sud, nation la plus industrialisée du continent africain est le douzième plus grand émetteur de gaz à effet de serre au monde. À l’échelle du continent, le pays se situe à la première place.
En outre, 80% de l’électricité du pays est issue de l’exploitation du charbon. Le pays compte 15 centrales à charbon sur son territoire, alors que les ONG contestent en justice en ce moment la construction d’une nouvelle centrale charbonnière.
Pretoria s’est pourtant assuré $8,5 milliards de prêts et de subventions lors de la COP26. Fonds destiné à financer une transition énergétique vers une économie sans charbon.
De manière plus large, à l’échelle du continent africain, l’électrification constitue un défi majeur à venir. Le développement des infrastructures énergétiques et de réseaux devra accompagner l’accroissement de la population des prochaines décennies, tandis que la fin du charbon guette.