La consommation de gaz naturel en Asie du Sud-Est devrait croître plus rapidement que celle du pétrole et du charbon au cours des prochaines décennies, selon un rapport publié par la société de conseil en énergie Wood Mackenzie. La part du gaz naturel dans le mix énergétique primaire régional pourrait atteindre jusqu’à 30 % d’ici 2050, soutenue par une forte expansion économique et un besoin accru de sécurité énergétique.
Le rapport Southeast Asia Gas Strategic Planning Outlook prévoit une croissance annuelle moyenne composée de 3,1 % pour la demande de gaz jusqu’en 2035. Cette hausse est principalement portée par la montée en puissance des centres de données, la production électrique à base de gaz et les limites structurelles des énergies renouvelables intermittentes. Selon Wood Mackenzie, la capacité régionale de production d’électricité à partir du gaz devrait doubler, tandis que la consommation augmentera de près de 89,5 % entre 2025 et 2050.
Les importations de GNL dépasseront les exportations dès 2032
La région devrait devenir importatrice nette de gaz naturel liquéfié (GNL) à partir de 2032. Wood Mackenzie anticipe une hausse de la demande de GNL de 182 % sur la prochaine décennie. Cette transition pourrait positionner l’Asie du Sud-Est parmi les marchés du GNL à la croissance la plus rapide au monde d’ici 2050.
Des pays comme l’Indonésie et la Malaisie renforcent leur production nationale pour répondre à la hausse de la demande intérieure, selon Raghav Mathur, analyste principal pour le gaz et le GNL chez Wood Mackenzie. De nouveaux gisements récemment mis en service ou découverts devraient maintenir le niveau de production jusqu’à la fin des années 2020. La poursuite de l’exploration, notamment dans les zones frontalières, sera essentielle pour stabiliser l’offre au-delà de 2035.
Infrastructures critiques et incertitudes sur le GNL
La compétitivité du GNL reste une contrainte pour sa généralisation, en raison de son coût élevé. Le rapport note que le soutien étatique, via des subventions, incitations fiscales ou régulations favorables, sera déterminant pour la viabilité des projets de GNL pour la production d’électricité. L’obtention de contrats d’achat d’électricité à long terme, ou Power Purchase Agreements (PPA), est également présentée comme une condition essentielle.
Wood Mackenzie identifie un besoin urgent de multiples unités flottantes de stockage et de regazéification (Floating Storage Regasification Units, FSRU) d’ici 2030 pour soutenir cette trajectoire. Toutefois, l’incertitude sur la disponibilité de ces infrastructures pourrait freiner les ambitions de croissance. L’identification de partenaires industriels et la mobilisation des financements nécessaires pour le développement des infrastructures restent des enjeux centraux dans la concrétisation de la stratégie gazière régionale.