L’ammoniac est très largement impacté par la flambée des prix. En Europe, la forte hausse du prix du gaz s’observe depuis la mi-2021. Toutefois, la guerre en Ukraine l’exacerbe. En somme, en 2022, les prix sont entre 3 et 4 fois plus importants que par rapport aux niveaux observés entre 2016 et 2022.
De plus, l’offre mondiale d’ammoniac est perturbée. Les exportations d’ammoniac russe et ukrainien, depuis la mer Noire, ont été arrêtées suite à l’invasion russe. Avant la guerre, la Russie et l’Ukraine détenaient une part de marché combinée de quelque 20%.
Depuis l’invasion russe, le marché de l’ammoniac connaît des difficultés. Nombreux sont les producteurs forcés à réduire leurs taux d’exploitation, si ce n’est à fermer leurs installations. En conséquence, la demande européenne d’ammoniac explose. Pour assurer son approvisionnement, le vieux continent se tourne vers une multitude de nations, éparpillées aux 4 coins du monde.
L’ammoniac, pilier de la transition énergétique?
Historiquement, l’ammoniac est utilisé dans les engrais. Il soutient près de 90% de l’agriculture à l’échelle de la planète. En outre, il est utilisé dans certains produits chimiques comme le caprolactame (matière première du nylon) ou dans les explosifs utilisés dans les mines.
Un élément central de la filiale de l’hydrogène
Toutefois, l’ammoniac est aussi essentiel à la transition énergétique. Ainsi, sa demande devrait augmenter fortement dans les années à venir. De fait, il est utilisé dans le secteur de l’hydrogène. Ça composition chimique en fait un candidat idéal pour le développement de cette filiale. La molécule d’ammoniac est composée d’un atome d’azote et de 3 atomes d’hydrogène.
De plus, il est facile à transporter. Or, ce n’est pas le cas de l’hydrogène liquéfié. Le secteur n’en est qu’à ses débuts. Ainsi, il faudrait attendre longtemps avant de voir naître une activité viable et opérationnelle à l’échelle mondiale. De fait, l’hydrogène liquéfié doit être conservé à une température de -253°C, contre -33°C pour l’ammoniac.
Ainsi, l’ammoniac pourrait être utilisé comme combustible. Ainsi, s’il est produit à partir d’hydrogène renouvelable, il permettrait de répondre aux différents objectifs climatiques. De fait, l’ammoniac ne libère pas de carbone lorsqu’il est utilisé comme combustible.
Des investissements de plus en plus importants
Selon certaines analyses, l’ammoniac devrait être au cœur des investissements. Des investissements massifs sont d’ores et déjà en cours, d’autres sont envisagés. Ainsi, le secteur devrait connaître un bouleversement dans les années à venir. La demande mondiale d’ammoniac devrait donc exploser.
Aujourd’hui, les volumes sont beaucoup trop faibles pour pouvoir les mesures. Toutefois, la demande du secteur de l’électricité et du combustible de soute verra sa part dans la demande totale passer à 4% en 2030 et 29% en 2050.
L’Asie devrait, selon les analyses, être le plus gros consommateur d’ammoniac. Le continent semble miser sur ce dernier en tant que combustible afin d’accompagner sa transition énergétique. C’est notamment le cas du Japon. Le METI estime que la demande japonaise sera de 3 millions de tonnes par an en 2030, puis de 30 millions de tonnes par an en 2050.
Un intérêt accru
Cet intérêt pour l’ammoniac est symbolisé par Platts qui, le 22 avril, a lancé des évaluations quotidiennes du prix et des primes pour l’ammoniac bleu. Celui-ci est à faible teneur en carbone. S’il est produit à partir de gaz, les émissions de CO2 sont limitées par le CCS. Selon S&P Global, il est possible de parler d’ammoniac bleu si 90% des émissions sont captées.
Face à l’ampleur que prend le secteur de l’ammoniac, S&P Global met en place des courbes à terme mondiales Platts pour l’ammoniac à 24 mois.