La Corée du Sud face à la pression de l’AIE pour libéraliser son marché de l’électricité

Dans sa dernière revue, l’Agence internationale de l’énergie alerte sur les blocages structurels du marché sud-coréen de l’électricité, appelant à des réformes urgentes pour combler le retard sur les renouvelables et réduire la dépendance aux combustibles fossiles importés.

Partager:

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25€/mois*

*facturé annuellement à 99 € la première année, puis 149€/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

AUTRES ACCES

Abonnement mensuel

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2€/mois*
puis 14.90€ les mois suivant

COMPTE GRATUIT​

3 articles offerts par mois

GRATUIT

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 35 000 articles • +150 analyses/sem.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a publié son Energy Policy Review Korea 2025, estimant que les objectifs climatiques de la Corée du Sud restent atteignables, mais uniquement sous réserve d’un doublement immédiat des investissements dans les renouvelables et d’une refonte structurelle du marché électrique. Le pays, dont le mix énergétique reste l’un des plus carbonés de l’OCDE, n’a produit que 1,2 % de son électricité à partir de sources renouvelables en 2022, soit la part la plus faible de tous les membres de l’AIE.

Un mix énergétique dominé par le thermique importé

En 2021, près de 77 % de l’énergie primaire de la Corée du Sud provenait de sources fossiles, avec une part de 29,1 % pour le charbon, 25,8 % pour le pétrole et 22 % pour le gaz naturel. Le pays importe environ 93 % de son énergie, dont la totalité du gaz naturel liquéfié (GNL), des volumes gérés à plus de 90 % par Korea Gas Corporation (KOGAS). En 2022, les importations de GNL ont atteint 46,4 Mt, avec le Qatar, les États-Unis et l’Australie parmi les principaux fournisseurs.

La structure du marché repose sur un modèle single buyer, où la Korea Power Exchange (KPX) centralise les achats auprès des producteurs, pour le compte de Korea Electric Power Corporation (KEPCO), chargée de la transmission, de la distribution et de la vente. En 2023, KEPCO a affiché une perte nette consolidée de KRW18.8tn ($14.3bn), en raison de l’explosion des coûts d’importation énergétique non répercutés dans les tarifs.

Le poids croissant du nucléaire et les limites du système actuel

Le nucléaire a produit 29 % de l’électricité en 2024, dépassant le charbon (27 %) et le gaz (24 %). Le plan de développement à l’horizon 2038 prévoit deux nouveaux réacteurs à grande échelle, un petit réacteur modulaire (SMR) et une montée en puissance du nucléaire à 35 %, avec un objectif global de 70 % d’électricité décarbonée, en combinant nucléaire et renouvelables.

Les filiales de production thermique de KEPCO (KOMIPO, KOEN, KOSPO, KOWEPO, EWP) restent toutefois exposées à un risque de dévalorisation d’actifs (stranded assets), notamment sur les unités charbon, dont certaines devront être fermées ou reconverties au gaz dans les dix prochaines années. La conversion d’unités charbon en cycle combiné gaz (CCGT) implique des coûts d’investissement estimés entre KRW200bn et KRW400bn ($150mn à $300mn) par centrale.

Un marché ETS à faible signal carbone

Le Korea Emissions Trading System (K-ETS), lancé en 2015, couvre 685 installations représentant près de 80 % des émissions nationales. En 2024, le prix moyen de l’allocation carbone coréenne s’est établi à KRW13 000 ($9,88) la tonne, contre plus de €70 ($76) sur le marché européen. Le 4ᵉ Basic Plan for the ETS (2026–2035) prévoit une augmentation de la part des quotas mis aux enchères (actuellement autour de 10 %), ainsi qu’un renforcement de la réserve de stabilité du marché.

Les allocations gratuites massives et le plafond d’émissions trop élevé ont limité l’impact du système sur les décisions d’investissement. L’introduction prévue d’un corridor de prix et la participation élargie d’intermédiaires financiers pourraient aligner le K-ETS sur les standards internationaux d’ici 2030.

Les renouvelables bloquées par le foncier et les infrastructures

Malgré un doublement de la capacité renouvelable entre 2017 et 2022, la Corée du Sud reste loin de ses objectifs. En 2022, 21,6 GW de capacité renouvelable étaient installés, dont 16 GW de solaire et 2,8 GW d’éolien. Les contraintes géographiques, la densité urbaine et les oppositions locales freinent l’extension des projets, en particulier pour l’éolien terrestre et les lignes à haute tension.

Le plan énergétique prévoit 32 GW d’éolien en mer d’ici 2038, dont 14 GW flottants. Le taux de curtailment sur l’île de Jeju atteint déjà 10 % sur certaines périodes, en raison de l’insuffisance du réseau. Les coûts de raccordement pour un projet offshore typique dépassent KRW100bn ($76mn), ce qui limite l’attractivité hors soutien public.

Des réformes réglementaires en cours mais encore incomplètes

Les amendements de 2021 à la loi sur l’électricité ont autorisé les contrats d’achat d’électricité de gré à gré (Corporate PPA), mais leur déploiement reste faible : moins de 600 MW ont été signés en 2023. Les principaux obstacles identifiés sont la complexité contractuelle, les frais de réseau et la faible disponibilité des projets connectés.

Un futur régulateur multi-énergies indépendant est envisagé pour superviser l’électricité, le gaz et l’hydrogène, mais aucune date précise n’a encore été annoncée pour sa mise en place. Ce régulateur permettrait de réduire l’influence des monopoles publics et de créer un environnement plus favorable à l’investissement privé.

Industries électro-intensives sous pression d’arbitrage géographique

Les grands groupes industriels coréens – Samsung, LG, SK, Hyundai, POSCO – représentent une part majeure de la consommation électrique nationale. La consommation d’électricité par l’industrie a dépassé 240 TWh en 2023, soit près de 60 % de la consommation totale. Ces groupes s’engagent dans des initiatives internationales comme RE100 et K-RE100, mais peinent à accéder à des PPA compétitifs et traçables.

L’écart de coût entre l’électricité sud-coréenne et les tarifs proposés aux États-Unis via l’Inflation Reduction Act (IRA) ou en Union européenne via les mécanismes de soutien à l’électricité verte incite certains industriels à envisager une relocalisation partielle de leurs capacités vers ces juridictions.

Hydrogène et stockage : leviers émergents mais encore incertains

La stratégie hydrogène actualisée prévoit une demande de 1,94 Mt d’ici 2030, dont une large part sera importée. Des corridors logistiques sont en cours de négociation avec le Qatar, l’Arabie saoudite, l’Australie et les Émirats arabes unis. KOGAS prévoit de reconvertir une partie de ses terminaux GNL pour l’hydrogène d’ici 2035.

Un marché des services de stockage est en phase de conception, avec des mécanismes de rémunération de la capacité et de la flexibilité attendus pour 2026. La Corée dispose déjà d’environ 1,2 GW de batteries lithium-ion installées, principalement pour la stabilisation réseau, mais la rentabilité des nouveaux projets reste conditionnée à la volatilité des prix de gros et aux règles de dispatch.

Trump relance l’offshore américain avec un plan de 34 ventes entre 2026 et 2031

Le programme offshore 2026-2031 propose d’ouvrir plus d’un milliard d’acres à l’exploration pétrolière, déclenchant une bataille réglementaire entre Washington, les États côtiers et les groupes juridiques spécialisés.

Le Mozambique centralise ses infrastructures gazières pour sécuriser l’axe Beira–Rompco

Le gouvernement du Mozambique regroupe ses actifs de transport et de regazéification gazière dans un véhicule public, consolidant l’axe stratégique Beira–Rompco pour soutenir les projets Rovuma et répondre à la dépendance sud-africaine.

NESO lance une consultation nationale pour planifier l’infrastructure énergétique régionale

Le gestionnaire britannique NESO engage un processus de consultation pour définir la méthodologie de onze futurs plans stratégiques régionaux destinés à coordonner les besoins énergétiques en Angleterre, en Écosse et au pays de Galles.
en_1140221136540

COP30 verrouille l’adaptation, contourne les fossiles et ouvre un front réglementaire climatique

La conférence de Belém acte un compromis entre adaptation budgétairement encadrée, retrait des ambitions sur les fossiles et ouverture d’un dialogue climat–commerce susceptible de déclencher de nouveaux contentieux réglementaires.

La Banque asiatique de développement mobilise 700 mn $ pour soutenir la stratégie énergétique du Kirghizistan

La Banque asiatique de développement et le Kirghizistan ont conclu un accord de financement pour renforcer les infrastructures énergétiques, la résilience climatique et la connectivité régionale, avec plus de 700 mn $ engagés jusqu’en 2027.

Le Royaume-Uni sommé d’arbitrer entre capture carbone et carburants d’aviation

Une étude de l’Oxford Institute for Energy Studies révèle que la valorisation énergétique des déchets avec captage de CO₂ offre un bénéfice climatique presque double par rapport à leur transformation en carburants d’aviation.
en_11402020201141540

Le Sipperec renouvelle son contrat de concession d’électricité avec EDF et Enedis

Signé pour 25 ans, le nouveau contrat de concession du Sipperec avec EDF et Enedis couvre 87 communes franciliennes et engage les parties sur la gestion et l’évolution du réseau public de distribution d’électricité jusqu’en 2051.

La CRE dresse le bilan du redémarrage progressif des marchés de détail de l’énergie

La Commission de régulation de l’énergie publie son rapport 2023-2024 et détaille les impacts de la crise sur les marchés du gaz et de l’électricité, ainsi que les mesures mises en œuvre pour soutenir la concurrence et restaurer la confiance des consommateurs.

Plus de 80 pays poussent pour une feuille de route sur la sortie des fossiles à la COP30

Réunis à Belém, des États d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et d’Europe soutiennent l’adoption d’un calendrier de retrait progressif des combustibles fossiles, malgré la résistance attendue de plusieurs pays producteurs.
en_114019191130540

Les Européens resserrent l’étau autour de l’Iran avec une résolution AIEA ciblée

L’E3 et les États-Unis déposent une résolution à l’AIEA pour formaliser la non-coopération iranienne après les frappes de juin, consolidant les bases juridiques d’un durcissement des sanctions énergétiques et financières.

Londres crée une taskforce pour renforcer la résilience énergétique après l’incident de Heathrow

Le Royaume-Uni lance une taskforce dirigée par le ministre de l'Énergie pour renforcer la sécurité du réseau électrique national, après l’interruption complète de l’aéroport d’Heathrow causée par un incendie de sous-station.

Berlin fixe un tarif subventionné de 0,05 €/kWh pour l’industrie lourde jusqu’en 2028

L’Allemagne introduira un tarif électrique plafonné pour ses industries les plus consommatrices, visant à préserver leur compétitivité face aux coûts énergétiques élevés.
en_1140131141540

France : Sylvain Waserman défend l’Ademe face aux critiques sur son efficacité et sa légitimité

Sous pression politique, l’Ademe est visée par des propositions de suppression. Son président rappelle le rôle de l’agence et justifie la gestion des 3,4 milliards d’euros opérés en 2024.

La croissance solaire et éolienne absorbe toute la hausse mondiale de la demande

La production solaire et éolienne a dépassé l’augmentation de la demande mondiale d’électricité sur les trois premiers trimestres de 2025, entraînant une stagnation de la production fossile selon les dernières données disponibles.

La Malaisie accélère sa fiscalité carbone pour sécuriser sa compétitivité industrielle

Le gouvernement malaisien prévoit l’introduction d’une taxe carbone et renforce ses partenariats régionaux afin de stabiliser son industrie face aux régulations internationales émergentes.
en_1140131153540

E.ON alerte sur l’incertitude entourant la réforme allemande des revenus des réseaux

E.ON met en garde contre le nouveau cadre réglementaire allemand qui pourrait freiner la rentabilité des investissements dans les réseaux électriques à partir de 2029.

Panne géante en République dominicaine : 85 % du réseau toujours hors service

Un black-out majeur a paralysé l’approvisionnement électrique en République dominicaine, affectant les transports, le tourisme et les infrastructures dans tout le pays. Les autorités affirment que la reprise se fait progressivement malgré un impact étendu.

Le Vietnam renforce sa politique énergétique pour accélérer sa transition bas-carbone

Le Vietnam consolide son cadre réglementaire et financier pour décarboner son économie, structurer un marché carbone national et attirer des investissements étrangers dans sa stratégie énergétique à long terme.
en_1140121127540

La BERD injecte $40mn dans Infinity Power pour accélérer son expansion en Afrique

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement renforce son engagement dans les renouvelables en Afrique, en soutenant l’expansion solaire et éolienne d’Infinity Power au-delà de l’Égypte.

Gavin Newsom tente de repositionner la Californie comme acteur autonome face au repli américain

Le gouverneur Gavin Newsom s’est rendu au sommet COP30 à Belém pour défendre la Californie comme partenaire stratégique, en s’écartant de la ligne fédérale et en misant sur le poids économique de son État.

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25€/mois*

*facturé annuellement à 99 € la première année, puis 149€/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

Abonnement mensuel​

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2€/mois*
puis 14.90€ les mois suivant

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 30 000 articles • +150 analyses/sem.