La Colombie s’engage résolument dans sa transition énergétique en annonçant un plan de financement d’une valeur de 40 milliards de dollars. Ce programme, considéré comme l’un des plus avancés au monde, vise à diversifier l’économie nationale et à diminuer la dépendance du pays aux énergies fossiles telles que le pétrole et le charbon. La ministre de l’Environnement, Susana Muhamad, a souligné que ce portefeuille d’investissements marque un passage de la rhétorique à l’action concrète en matière de décarbonation.
Ce plan comprend des mégaprojets axés sur le tourisme durable, les industries à faible émission de carbone et l’adaptation au changement climatique, notamment par l’électrification des transports. L’objectif est d’attirer des investisseurs et partenaires internationaux engagés dans la protection de l’environnement. Lors du forum « des économies pour la vie » organisé à Barranquilla, sept ministères du gouvernement du président Gustavo Petro présenteront 20 projets dans l’espoir de sécuriser au moins 10 milliards de dollars de financements internationaux.
A la pointe du débat
Selon Mme Muhamad, cette feuille de route vise à générer de nouveaux secteurs économiques qui diversifient l’économie colombienne tout en réduisant sa dépendance aux exportations de pétrole et de charbon. Elle a également souligné la richesse biodiversitaire de la Colombie, avec des écosystèmes tels que l’Amazonie et les paramos qui seront au cœur des efforts de conservation et de restauration. Le gouvernement ambitionne de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 51% d’ici 2030, en plus de promouvoir une économie sobre en carbone et résiliente.
Ce plan sera présenté lors de la COP16 sur la biodiversité à Cali, où la Colombie cherchera à obtenir un financement global pour ses initiatives. Lors de son passage au siège des Nations Unies à New York, Mme Muhamad a expliqué que le plan s’inspire des « Partenariats pour une transition énergétique juste (JETP) », un mécanisme de financement visant à accélérer la transition vers les énergies propres dans les pays en développement. Contrairement aux JETP, le plan colombien adopte une approche multilatérale, impliquant davantage les banques de développement tant sur le plan financier que technique.
Beaucoup de pétrole
Malgré ces initiatives, la Colombie continue de dépendre fortement des hydrocarbures. L’entreprise publique Ecopetrol, principal employeur du pays avec 33 000 salariés, est encouragée par le président Petro à se tourner vers les énergies renouvelables. Cette politique a suscité des critiques de la part de l’opposition conservatrice et des syndicats du secteur, qui prônent une transition plus graduelle pour préserver la sécurité économique du pays.
Le secteur des hydrocarbures représente 2,8% du PIB colombien et constitue l’un des principaux produits d’exportation, avec 52,3% des exportations totales en 2023. L’Association colombienne du pétrole et du gaz (ACP) a averti que la stratégie actuelle pourrait compromettre l’autosuffisance énergétique de la Colombie, nécessitant des importations accrues, notamment du Venezuela. De plus, les réserves de pétrole et de gaz du pays sont en déclin, passant de 7,5 à 7,1 années d’autosuffisance pour le pétrole entre 2022 et 2023, et de 7,2 à 6,1 années pour le gaz.
Impacts économiques
L’ACP a également indiqué que la politique du président Petro pourrait entraîner une perte économique d’environ 10 milliards de dollars entre 2027 et 2035. Cette perspective soulève des inquiétudes quant à la viabilité économique à long terme de la transition énergétique de la Colombie, malgré les objectifs ambitieux de réduction des émissions et de préservation des écosystèmes naturels.
Perspectives futures
La réussite du plan de transition énergétique dépendra largement de la capacité de la Colombie à attirer les investissements nécessaires et à naviguer les défis économiques et politiques internes. Le soutien déjà manifesté par des pays tels que le Royaume-Uni, le Canada, l’Allemagne, et l’Union européenne, ainsi que par la Banque interaméricaine de développement, sera crucial pour la mise en œuvre efficace de ce plan. La participation active de ces partenaires internationaux pourrait faciliter la transition vers une économie plus verte et durable, tout en assurant une stabilité économique pour le pays.