En Chine, le pays prévoit un développement de l’énergie nucléaire dans les prochaines années, même si les prix du combustible sont instables.
La situation chinoise
En Chine, le développement de l’énergie nucléaire ralentissait après l’accident de Fukushima au Japon. Toutefois, comme de nombreux autres pays, Pékin relance cette énergie. Actuellement, la Chine possède le deuxième plus grand secteur nucléaire civil au monde, après les Etats-Unis.
Il ne représente toutefois que 5% de la consommation d’électricité du pays en 2021. La Chine compte actuellement 54 réacteurs nucléaires commerciaux. Ceux-ci se situent dans de petites villes côtières.
26 réacteurs sont actuellement en construction, et de nombreux projets pour des implantations à long terme sont en cours. Le nucléaire représente une grande opportunité pour les régions côtières chinoises. En effet, la Chine souffre d’une importante inadéquation entre la demande et l’offre d’électricité.
Plus précisément, l’industrie se situe majoritairement dans la partie orientale de la Chine, le long de la côte. Les ressources de production d’énergie en revanche se trouvent éloignées de la côte. Les lignes à ultra-haute tension sont coûteuses et difficiles à implanter.
Le nucléaire permettrait de répondre à la forte demande en énergie des industries côtières de manière locale, abordable et à faible teneur en carbone. À la fin des années 2000, les documents de planification fixaient l’objectif de 70GW de nucléaire en 2020, et 120GW d’ici 2030. Dans les faits, la capacité nucléaire totale chinoise n’atteignait que 51GW en 2020.
Un changement de posture
Le pays ne vise plus que 75GW de nucléaire d’ici 2025. La Chine a donc recours massivement au charbon. Elle l’utilise notamment pour son industrie, avec pas moins de 1000GW de capacité installée en 2020.
Une des principales raisons de ce retard du développement du nucléaire en Chine n’est autre que l’accident de Fukushima en 2011. À la suite de celui-ci, l’Administration nationale de la sûreté nucléaire chinoise (NSSA) ordonnait un moratoire sur toute nouvelle construction nucléaire. Mais la NSSA réévaluait et améliorait les normes de sécurité nationales.
Elle suspendait la construction des centrales des régions intérieures. Ainsi, lorsque la construction recevait l’autorisation, plusieurs projets devenaient caducs. Dans les provinces du Hunan, du Sichuan ou encore du Jiangxi, les bâtiments et les travaux de terrassement de plusieurs projets étaient en phase d’achèvement.
Toutefois, les projets recevaient une obligation de ne pas poursuivre la construction. En outre, la NNSA décidait d’abandonner les centrales de génération II au profit des centrales de troisième génération à sécurité renforcée après Fukushima. La Chine ne disposait pas à l’époque du savoir-faire pour ce type de réacteur.
La Chine pourrait accélérer le développement du nucléaire civil dans les années à venir. En janvier 2021, le premier réacteur national Hualong One commençait à fonctionner commercialement. Plusieurs éléments poussaient les décideurs chinois à développer leur propre réacteur.
Un objectif lointain
Selon la Chine, ce choix résultait de l’incapacité des Occidentaux à respecter les délais et les budgets pour la construction des réacteurs. De plus, la guerre commerciale avec les Etats-Unis rendait les exploitants nucléaires chinois vulnérables. Les provinces côtières connaissent une nouvelle vague de constructions et d’approbations de site depuis la mise en service du premier réacteur Hualong One.
La province de Shandong prévoit par exemple 12 nouveaux réacteurs de technologie chinoise dans son dernier plan quinquennal. Les centrales approuvées aujourd’hui auront une connexion au réseau d’ici au moins 5 ans. Ainsi, durant cet intervalle de temps, c’est le charbon qui aura la part belle.
La Chine fait face à plusieurs obstacles pour le développement du nucléaire. En effet, le pays ne dispose pas, pour le moment, d’installation de retraitement. Les centrales continuent de stocker le combustible usé dans des piscines ou dans des fûts secs sur place.
D’autre part, la NNSA maintient l’interdiction de construction de centrales nucléaires dans les provinces intérieures. Toutefois, les provinces intérieures disposent d’importantes capacités solaires et éoliennes. Mais, en l’absence de source d’énergie constante, elles auront recours au gaz ou au charbon, plus carbonés.
Enfin, la Chine devra faire face à un volume de construction considérable si elle veut répondre à ses ambitions environnementales. La moyenne de 10 études estime que le nucléaire fournira environ 16% de l’électricité chinoise en 2050. Atteindre ce niveau supposerait la construction de plus de 10 centrales par an, chaque année, durant les prochaines décennies.